Crime raciste à YCHOUX : stupeur et incompréhension après la libération de l’auteur des faits

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Crime raciste à YCHOUX : stupeur et incompréhension après la libération de l’auteur des faits

Le 20 mai 2018 à Ychoux (40160), Saïd El Barkaoui était froidement abattu sous les yeux de sa famille. Ce jour-là, Claude Gorsky, son voisin, lui tirait dessus à cinq reprises en le traitant d’ « enculé d’arabe ».

Suite à ce drame, SOS Racisme et le MRAP se sont constitués parties civiles aux côtés de la famille endeuillée de Saïd El Barkaoui.

SOS Racisme et le MRAP s’étaient indignés à l’époque de l’absence de réaction du gouvernement et, plus largement, de la classe politique face à un acte motivé par la haine des Arabes. Le juge des libertés et de la détention, automatiquement sais de la situation pénale de Claude Gorsky au bout de 18 mois de détention provisoire, a confirmé le placement en détention provisoire au regard du caractère persistant et grave du trouble à l’ordre public provoqué par la gravité de ce crime de sang à caractère raciste. La chambre de l’instruction de la Cour d‘appel de Pau en a décidé autrement par une décision particulièrement choquante du 10 décembre 2019.

En effet, dans cette décision, il est notamment soulevé que « la persistance du trouble exceptionnel à l’ordre public n’est pas davantage documentée sinon par affirmation. S’il est exact qu’au moment du décès de la victime, 400 personnes ont participé à une marche blanche le 17 juin 2018, en revanche aucune autre manifestation n’est recensée dans le dossier d’information et la lecture de la presse locale qui s’est fait l’écho de cet évènement et qui figure en annexion de pièces au dossier, montre que lors de cette manifestation, le maire de la commune a appelé à l’apaisement et indiqué qu’il appartenait à la justice et à personne d’autre de juger. »

Ce raisonnement spécieux n’appréhende pas le trouble exceptionnel à l’ordre public à travers la gravité des faits comme le précise la loi mais au regard des réactions pleines de dignité de la famille, des proches, des associations antiracistes et plus généralement de toute personne indignée par ce crime raciste ! Aurait-il donc fallu que les personnes indignées par ce crime odieux n’appellent pas au calme pour que la chambre d’instruction valide la prolongation du placement en détention provisoire ?

Alors même qu’à longueur d’ondes sont distillés des discours racistes, notamment à l’égard des arabo-musulmans, cette décision de remettre en liberté l’auteur d’un crime raciste qui encourt la perpétuité constitue un signal désastreux et extrêmement préoccupant.

SOS Racisme et MRAP Paris, le 11 décembre 2019