Zemmour relaxé : le MRAP se pourvoit en cassation
Le mercredi 8 septembre 2021, la Cour d’appel de Paris a infirmé le jugement de la 17e chambre du Tribunal correctionnel de Paris condamnant Éric Zemmour à une amende de 10 000 euros pour injures racistes et provocation à la haine à la suite de propos ignobles tenus le 28 septembre 2019, en ouverture d’un rassemblement organisé par des proches de Marion Maréchal.
Dans son discours diffusé sur LCI, le polémiste d’extrême droite attisait les peurs et invitait à la violence contre nos compatriotes musulmans et les immigrés, qu’il opposait aux « Français de souche » en les désignant non seulement comme des criminels auteurs des attentats de 2015 mais aussi comme d’anciens colonisés devenus colonisateurs.
Le MRAP, qui s’était naturellement constitué partie civile dans cette affaire, est indigné par cette décision incompréhensible tant les motifs du jugement rendu par la 17ème chambre correctionnelle étaient exempts de critique. Les premiers juges avaient ainsi notamment considéré que les propos poursuivis avaient outrepassé les limites de la liberté d’expression parce que constitutifs d’une « exhortation, tantôt implicite tantôt explicite, à la discrimination et à la haine à l’égard de la communauté musulmane et à sa religion ».
Pour remettre en cause cette décision et relaxer Éric Zemmour, qui voit ainsi sa condamnation annulée, la Cour d’appel a fait valoir qu’il n’y avait pas d’infraction caractérisée dans la mesure où aucun de ses propos « ne vise l’ensemble des Africains, des immigrés ou des musulmans mais uniquement des fractions de ces groupes ». Cette motivation pernicieuse revient à considérer que se réfugier, pour les besoins de la cause (Zemmour étant un habitué des juridictions pénales), derrière une distinction, de pure artifice, entre les musulmans (ceux « en djellaba » et les autres…) permettrait ainsi d’échapper à la répression.
A n’en pas douter, Zemmour verra dans ce que son avocat qualifie d’« immense victoire » un encouragement à poursuivre ses diatribes haineuses dictées par une idéologie incontestablement raciste au delà des précautions de langage. Un tel verdict est inacceptable et doit inciter l’ensemble des associations luttant contre le racisme sous toutes ses formes à se mobiliser en commun.
Le MRAP s’est évidemment pourvu en cassation et saisira, s’il en était besoin, la cour européenne des droits de l’homme, la liberté d’expression trouvant sa limite dans le discours de haine que tient, de toute évidence, l’intéressé.
Paris, le 10 septembre 2021