Callac, 5 et 6 novembre 2022
Répétant une initiative déjà organisée le 17 septembre dernier, une configuration de groupuscules d’extrême-droite s’étaient donné rendez-vous à Callac, commune de 2300 habitants des Côtes-d’Armor. Leur objectif : empêcher la venue de quelques dizaines de familles de réfugiés de divers horizons.
Le maire, en accord avec la majorité des habitants, souhaitait accueillir ces nouveaux réfugiés. En France, un certain nombre de communes rurales ont compris que l’arrivée de populations nouvelles était un facteur de dynamisme démographique et économique, une politique symbolisée depuis quelques années par la ville de Riace, en Calabre.
Aux cris de « Ici, c’est la France », ou « Nous voulons rester Français », quelques groupes de l’extrême-droite radicale, en particulier Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, rejoints par des catholiques intégristes, instrumentalisent les fantasmes anti-immigrés. Ils tentent, après leurs échecs électoraux, de donner une existence visible à leur courant, face à un RN jugé par eux comme « intégré ». Face aux 400 manifestants d’extrême-droite ramenés d’un peu partout, 600 personnes, habitants de la ville soutenus par des partis, des syndicats et des associations (dont le MRAP), ont exprimé leur rejet du racisme, de la xénophobie, et du rejet de l’autre.
Il s’agit d’une véritable campagne : la même manipulation a été tentée dans d’autres communes, en particulier Saint-Brévin en Loire-Atlantique. Avec la même mobilisation rassurante des défenseurs des droits humains.
Tunis, le 21 février
Kaies Saied, le président tunisien, appelle à des ’mesures urgentes’. C’est bien vrai que son pays en a grand besoin ! Dans le domaine de l’économie, de l’emploi, de la santé sans doute ? Ou peut-être de la démocratie, après un pseudo-referendum qui a vu moins de 10% de participation ?
Eh bien non ! Cette urgence, c’est … l’immigration clandestine de ressortissants d’Afrique subsaharienne ! C’est elle qui est « source de violence et de crimes ». Et cette immigration n’est pas due au hasard : c’est une ’entreprise criminelle’ qui a un but très clair : « changer la composition démographique du pays ».
Autrement dit, les bonnes vieilles recettes démagogiques ont franchi, elles aussi, la Méditerranée, dans le sens nord-sud … Avec la même absurdité : il y a en Tunisie 21.000 migrants originaires d’Afrique subsaharienne, pour 12 millions d’habitants. Ces propos ne sont malheureusement pas sans effets. Le racisme anti-noirs est hélas très présent, depuis longtemps, en Afrique du Nord. Au Maroc comme en Libye, les Africains subsahariens sont souvent discriminés, pourchassés et parfois réduits à des formes d’esclavage. En 2019, Miss Algérie a été victime d’une violente campagne : issue du sud du pays, son teint était trop sombre ! Actuellement, plusieurs témoignages montrent que les propos du président Saied ont libéré ce phénomène plus ou moins latent. Des milliers de migrants ont perdu leur emploi. Beaucoup ont peur, ne sortent plus de chez eux ou reprennent la route de l’exil. Cependant, là aussi, cette infamie raciste a provoqué une vague de manifestations indignées des démocrates tunisiens.
Le MRAP se veut porteur d’un certain nombre de valeurs universelles constitutives d’un monde axé sur les droits humains. Et pour cela il combat sans relâche des fléaux eux aussi, hélas, universels, comme le rejet de l’autre.