Une routine ou une urgence ? Edito du mois de juin par Kaltoum Gachi
Comme chaque année, le MRAP a tenu, en ce mois de juin, son Assemblée Générale. Une routine associative ? Non. En tous cas pas seulement.
Nous voyons constamment à quel point le racisme, la détestation de l’autre, imprègne notre société. Un jour, c’est une commune qui se propose d’accueillir quelques migrants, qui viendront enrichir sa vitalité : elle est la cible de groupuscules d’extrême droite qui viennent perturber sa vie démocratique. Un autre jour, c’est un dramatique fait divers qui déchaîne une avalanche de déclarations pour remettre en cause l’ensemble des migrants et des réfugiés. Cette stigmatisation est en réalité quotidienne, cultivée par une classe politique qui n’a d’autre stratégie que de se soumettre à un agenda imposé depuis des décennies par l’extrême droite.
Dans ce contexte, la lutte contre le racisme ne saurait être une routine. En ce mois de juin, le MRAP se dote d’une nouvelle ambition, sous la forme d’un plan pluriannuel.
Il continuera à mener son action juridique, à la fois de soutien aux victimes de racisme ou de discrimination et de poursuite systématique des semeurs de haine. Il participera en particulier à la réflexion menée par plusieurs structures, associatives ou publiques, sur le phénomène envahissant de la haine en ligne.
Le MRAP souhaite surtout faire évoluer en profondeur les mentalités, extirper les préjugés et le peurs qui façonnent trop de comportements. Son programme éducatif auprès de tous les publics, les jeunes, les habitants de quartiers populaires et l’ensemble des citoyens, sera renforcé. Il complétera encore sa riche palette d’outils de communication.
C’est pour atteindre cet objectif qu’il approfondira sa structure fondamentale de fonctionnement, ses comités locaux, ceux qui mettent en œuvre un véritable antiracisme de proximité. Le MRAP doit être plus que jamais un réseau de militants formés et engagés.
Enfin, tout le monde voit combien le passé est un enjeu politique manipulé par certains pour conforter leurs idéologies. La population française, dans toutes ses composantes, doit connaître et maîtriser une histoire qui est la leur, avec ses pires épisodes, comme l’esclavage et le colonialisme, le racisme sous toutes ses formes. Avec aussi ses luttes décisives pour la liberté, l’égalité et les droits humains. Le MRAP se propose un ambitieux programme mémoriel.
Non, décidément, se mobiliser et s’engager dans un travail antiraciste encore plus intense n’est pas une routine. C’est une nécessité pressante, une urgence. Puissent davantage de citoyens la partager !