Turquie : Erdogan n’est pas le bienvenu à Paris
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Il se livre à une véritable chasse aux démocrates, aux journalistes, aux avocats, aux universitaires, aux élus qu’ils soient kurdes ou turcs pour peu qu’ils osent tenir un discours différent de celui qui se prend pour un nouvel empereur ottoman. Erdogan, qui cite Hitler comme référence, ose déclarer « les terroristes ne sont pas seulement ceux qui brandissent des armes mais aussi ceux qui ont un stylo entre les mains » Depuis juillet 2016, il a mis en place un état d’urgence, 128 998 personnes ont été arrêtées, 61 247 personnes sont toujours détenues, 8 693 universitaires ont perdu leur travail, 3 000 écoles et associations ont été fermées, 4 463 juges et procureurs ont été licenciés, 305 journalistes ont été arrêtés, 187 médias (journaux, télévisions) ont été dissous. Il mène une guerre sans merci contre la population kurde, se rendant responsable de crimes de guerre ; les villes kurdes sont bombardées, assiégées ; le nombre de victimes civiles se chiffrent par centaines ; 1,5 million de personnes vivent un blocus en vivres, eau, électricité, médicaments. 250 000 civils ont été poussés à l’exode. Des élu-es ont été destitué-e-s et les co-présidents du parti HDP, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag ainsi qu’onze autres députés sont toujours incarcérés. Les personnes qui ont pu être relâchées de prison témoignent des plus graves tortures. Plusieurs avocats ont dénoncé ces faits, mais ceux-ci sont à leur tour emprisonnés. Les femmes n’échappent pas à la dérive conservatrice (les violeurs qui épouseraient leur victime même s’agissant de mineures, échapperaient à la justice) Il intervient en Syrie contre les Kurdes syriens qui combattent Daesh que la Turquie n’a cessé depuis des années de soutenir et d’utiliser pour ses intérêts de puissance régionale. Cette visite intervient à quelques jours du 5ème anniversaire de l’assassinat à Paris des trois militantes kurdes, froidement exécutées d’une balle dans la tête, dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan. L’enquête menée en France a révélé nombre d’indices faisant apparaître que le meurtrier présumé, Ömer Güney, arrêté quelques jours après le crime, avait agi pour le compte des services secrets turcs (MIT). …/…
Association nationale d’éducation populaire – Organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif auprès des Nations Unies – Membre de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme – Agrément d’éducation nationale - Association créée en 1949 - …/… La France et l’Europe hésitent à dénoncer ces attaques généralisées contre la démocratie et les droits de l’homme. Depuis 2016, elles se sentent en effet tenues par le pacte honteux qu’elles ont passé avec la Turquie sur la gestion des mouvements de réfugiés. La Turquie, qui accueille 2 millions de réfugiés syriens, en a fait une monnaie d’échange : elle s’est engagée à retenir les réfugiés qui voulaient continuer leur exil vers l’Europe, en échange de quelques milliards et d’une caution politique pour son régime. La France tient d’autant plus à cette politique qu’elle prétend en faire un modèle étendu à tous les pays de transit des migrants, en leur transférant le contrôle des mouvements migratoires. Face à cette situation, le MRAP estime que la venue à Paris d’Erdogan est une insulte aux valeurs de Liberté, d’Egalité, de Fraternité qui sont celles de la République française. Paris, 5 janvier 2018.