Rwanda : ne surtout pas oublier
Le Rwanda a commémoré, le vendredi 7 avril, le 29ème anniversaire du génocide des Tutsis, et aussi du massacre des Hutus modérés, la terrible tuerie qui, du 7 avril 1994 jusqu’au 17 juillet, a fait, en 100 jours, environ 800 000 morts. L’UNESCO commémore la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, établie par l’ONU en 2003.
Le MRAP, qui a immédiatement organisé des actions de soutien, se souvient aussi de cette page de l’histoire, une des plus sombres de l’humanité, qu’il nous faut comprendre pour éviter qu’elle se reproduise ailleurs dans le monde.
Comprendre le mécanisme qui amène des populations qui ont longuement vécu ensemble à en arriver, en quelques décennies, à une haine capable d’engendrer plusieurs épisodes de guerre civile et finalement une monstrueuse explosion de violence meurtrière. On ne saurait se contenter de la lâche et méprisante explication « ethnique ».
Comprendre les politiques des anciennes puissances coloniales en Afrique, la Belgique et la France, qui ont pu, dans un aveuglement et une complicité criminels, refuser de prévenir ces événements et soutenir jusqu’au bout leur exécution par des dirigeants locaux qui préparaient et déclenchaient méthodiquement et ouvertement ce génocide.
Comprendre pourquoi, depuis ces événements, la classe politique française persiste dans le mensonge et la fuite des responsabilités, dans l’hésitation à poursuivre les génocidaires qui ont réussi à se mêler aux nombreux rescapés de ce drame qui ont trouvé refuge chez nous.
Le MRAP salue aussi les efforts remarquables de la population rwandaise pour trouver le chemin d’une réconciliation si difficile à imaginer après un tel traumatisme. C’est pourtant la seule voie pour construire la fraternité que nous souhaitons : regarder l’histoire en face, chercher la vérité et la justice, conscientiser les événements, sans céder ni à l’oubli impossible ni à la vengeance stérile. C’est une leçon qu’il nous faut appliquer à notre propre histoire et au épisodes sombres qu’elle a connus.