L’immense « Je suis Charlie » qui s’est levé en réponse aux attentats de janvier 2015 a affirmé la détermination à défendre, dans l’unité, le droit de critiquer, de penser, de croire ou ne pas croire.
Au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, les présidents respectifs de la LICRA, du MRAP, de SOS Racisme et de la LDH dans une déclaration commune, lançaient un cri d’alarme : « Sur fond de crise sociale permanente, la cohésion de notre pays a éclaté. Racisme et antisémitisme, stigmatisation d’une partie de la population, retour de la vieille antienne du bouc émissaire dont on ne retient que l’origine, relégation dans des ghettos territoriaux et scolaires, replis identitaires, ignorance de notre histoire, qu’elle concerne l’esclavage, la collaboration ou le colonialisme, et ces mots d’exclusion devenus si quotidiens au nom d’une conception dévoyée de la liberté d’expression. Pire, certains détenteurs de la parole publique n’ont pas su, et parfois pas voulu, respecter les symboles de l’égalité républicaine ». Ils en appelaient à la mobilisation des « hommes et les femmes de ce pays qu’il faut rassembler autour non d’une incantation, mais d’une République effective pour tous. »
Cet appel est plus que jamais d’actualité
La réponse du gouvernement a été l’adoption de nouvelles mesures « sécuritaires », restreignant les libertés de tous.
Le MRAP affirmait que ce n’est ni dans une fuite en avant dans de nouvelles mesures sécuritaires, ni dans des surenchères démagogiques que nous parviendrons à endiguer ce fléau qu’est le terrorisme. Lutter contre cette idéologie de mort, c’est d’abord respecter les valeurs que les auteurs de tels actes veulent abattre : la démocratie, la liberté, la fraternité.
Dix ans après l’attentat contre Charlie les thématiques d’exclusion racistes gangrènent toujours notre société, la désignation de boucs émissaires reste la réponse d’un gouvernement incapable de s’attaquer aux vrais problèmes , les attaques contre les militants, associatifs, écologistes, syndicalistes prolifèrent . Au prétexte de la lutte contre l’organisation des « frères musulmans », le ministre de l’intérieur annonce vouloir interdire le port du voile à l’université et pour les mères accompagnant les sorties scolaires. Ce faisant, il ajoute à la stigmatisation des personnes musulmanes et détourne le principe de laïcité qui organise la liberté de conscience et le droit d’afficher ses convictions. Le RN, parti raciste, xénophobe, homophobe est aux portes du pouvoir.
Le MRAP répète ce qu’il disait au lendemain du 11 septembre 2001 : la guerre contre le terrorisme n’est gagnable par personne, c’est aux causes qu’il faut s’attaquer.
« Rester Charlie » c’est refuser le racisme et la haine, c’est agir pour un monde de justice, de paix et de démocratie et faire vivre ces valeurs en France.