8 mai 1945 – 8 mai 2025 : Plus jamais ça

Le 8 mai 1945 était signée la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie. Après 60 à 80 millions de morts dont 45 millions de civils, près de 6 millions de Juifs et des centaines de milliers de Tsiganes victimes des camps d’extermination, les peuples étaient « venus à bout de la bête immonde  ».

Plus jamais ça !

Hélas, 80 ans après le racisme continue de tuer : meurtre d’Aboubakar, tué le vendredi 25 avril dans la mosquée de la Grande Combe (Gard) , ou encore le samedi 22 mars l’agression du rabbin d’Orléans dans la synagogue devant son fils de 9 ans.

80 ans après, l’extrême droite est présente dans nombreux parlements européens (France, Allemagne, Pologne, Roumanie…). Elle est aux portes du pouvoir en France .

80 ans après, il est impératif de rappeler inlassablement que les discours de haine et d’exclusion conduisent toujours aux pires crimes que l’humanité ait connus.

80 ans près, les guerres avec leur cortège d’atrocités continuent de sévir : Ukraine, Palestine, Yémen , République Démocratique du Congo, Sahel.... Les impérialismes s’affrontent ’armes à la main’. Le droit international continue d’être bafoué. Les droits des peuples sont piétinés. Les populations civiles sont les premières victimes.

80 ans après, les droits des migrants sont sans cesse remis en cause, au mépris des engagements internationaux de la France, le droit de vote pour les résidents non communautaires a été « oublié », les contrôles au faciès perdurent, la persistance des discriminations mine le vivre ensemble .

Enfin, comment ne pas penser à cette Europe de la honte qui fait de la Méditerranée le cimetière de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, victimes de trafiquants sans scrupules et du verrouillage des frontières de l’Europe.

80 ans après le MRAP tient à rappeler que le racisme est un phénomène unique dont les cibles et les formes peuvent, selon les moments et les circonstances, se développer, s’atténuer ou renaître de leurs cendres et que la solution n’est pas dans de futurs matins bruns, mais dans une mobilisation de tous pour faire reculer les problèmes sociaux générateurs de souffrances, d’inégalités , de concurrence et de ghettoïsation. Elle est dans la mobilisation pour une véritable égalité des droits en déconstruisant les préjugés historiquement instillés pour justifier toutes les dominations, notamment l’esclavagisme et le colonialisme pour ce qui concerne notre histoire récente.

C’est pourquoi, en ce 80ème anniversaire de la victoire sur la barbarie nazie, à l’heure où le RN, parti raciste et xénophobe menace la République et fait de la lutte contre les émigrés sa priorité numéro 1, le MRAP se doit de rappeler qu’à cette victoire sur le IIIe Reich et sur le fascisme ont contribué, à côté des alliés –Soviétiques, Américains et Anglais pour la plupart – de nombreux combattants « venus d’ailleurs »

Dès 1939, 70 000 étrangers s’engagent dans l’armée française, en 1940, « 150 000 « coloniaux » sont massés sur le front, un grand nombre de ces étrangers se retrouvent dans la Résistance ou dans les armées de la France Libre.

Ils venaient d’Afrique noire et du Maghreb, mais aussi de l’Europe toute entière, pour contribuer à sauver la France du nazisme.

Les uns avaient fui l’idéologie fasciste qui avait d’abord triomphé en Italie, puis en Allemagne et en Espagne  ; d’autres, colonisés, espéraient que leurs peuples bénéficieraient, eux aussi, de cette liberté chèrement acquise pour sortir du statut colonial et devenir des citoyens de leurs propres patries. Ils étaient Algériens, Marocains, Tunisiens, Africains, Antillais, Malgaches . Ils étaient ceux de la Main d’Œuvre Immigrée (MOI), notamment du groupe Manouchian désignés comme « terroristes  » sur l’Affiche rouge .

Ils étaient ces Républicains espagnols qui, dans des chars baptisés Guadalajara, Ebro, Teruel, Brunete, Madrid , Don Quijote, furent les premiers à entrer dans la capitale française . La Nueve, ou neuvième compagnie, est le nom de l’une des unités qui composaient la 2e Division blindée du Général Leclerc qui s’est illustrée sur le sol africain et européen en 1944-1945 pour repousser les nazis jusque dans leur dernier retranchement du nid d’aigle de Berchtesgaden

80 ans après, le MRAP se doit de rendre hommage, « à ces étrangers et nos frères pourtant » qui ont lutté pour que la devise Liberté, Égalité, Fraternité ne soit pas un vain mot.

Le MRAP doit également rappeler que le jour même où la France retrouvait la liberté – le 8 mai 1945 - une répression terrible s’abattait en Algérie, sur la région de Sétif, parce qu’un drapeau algérien, symbole de l’indépendance, était brandi au cours d’un défilé célébrant la victoire. Il y eut alors des milliers de morts. Ces massacres préfiguraient ceux de dizaines de milliers de manifestants, perpétrés en 1947 .

80 ans après « il est toujours fécond le ventre qui enfanta la bête immonde », alors plus que jamais le MRAP appelle à l’unité contre le racisme et l’extrême droite.

Paris, le 7 mai 2025