Nous commémorons le "cessez le feu en Algérie", le 19 mars 1962 à la mémoire de toutes les victimes de cette guerre coloniale, pour la réconciliation des peuples algérien et français

Le 19 mars 1962, c’est la fin d’une "sale guerre" de 8 ans et de 132 ans de domination coloniale en Algérie.

Des polémiques récentes sont venues rappeler les atrocités de la première guerre d’Algérie, à partir de 1830 : "enfumades" comme celles de Dahra en 1845 qui firent entre 700 et 1200 morts sous la responsabilité du Général Bugeaud qui prônait une "guerre d’extermination", la destruction totale de la ville de Zaatcha en juillet-novembre 1849, qui fit probablement 2000 victimes, les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, en réponse aux manifestations indépendantistes, qui firent entre 20 000 et 45 000 morts. Nier le passé c’est risquer le retour « aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral » (Aimé Césaire).

Le cessez-le-feu historique du 19 mars 1962 fut salué avec soulagement par le peuple algérien. Ce fut le premier acte des accords d’Évian signés la veille par les représentants du gouvernement français et ceux du gouvernement provisoire de la République algérienne. Ils mettaient en place un processus d’autodétermination débouchant sur l’indépendance, ratifiés par la grande majorité du peuple français et par le peuple algérien.

Le 19 mars 1962 est une victoire des peuples algérien et français.

Une victoire pour le peuple algérien qui enfin retrouvait sa dignité et sa liberté bafouées. Ceux qu’on appelait alors "les Français musulmans d’Algérie (FMA)" étaient, jusqu’en 1946, des "sujets de la République". Le statut de citoyen à part entière leur était refusé.

Une victoire pour le Peuple français parce que cette guerre - négation de la devise de la République "liberté, égalité, fraternité" – n’était pas la sienne et qu’un peuple qui opprime un autre ne peut pas être libre.

La complète réconciliation entre les peuples algériens et français passe par la reconnaissance officielle des crimes commis au nom de la France et par la condamnation du système colonial et non par de vaines polémiques. Pour faire droit aux exigences de dignité et de justice, la reconnaissance explicite et officielle des faits historiques, la condamnation du caractère criminel de la guerre de conquête et de la colonisation.

Cette réconciliation passe par la dénonciation des discours visant à réhabiliter le colonialisme d’hier et à justifier le néo-colonialisme d’aujourd’hui.

Elle passe aussi par la lutte contre le racisme qui se nourrit des fantasmes du "grand remplacement", de la multiplication des propos et des actes discriminatoires envers les musulmans.

Notre action pour exiger enfin la création d’un musée national de l’histoire du colonialisme participe à l’ensemble de ce combat.

MRAP National