MRAP Nantes - Non aux boucs émissaires
Non aux boucs émissaires
Ligue des droits de l’Homme
Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples
Syndicat des Avocats de France
L’émotion est importante avec la répétition d’actes criminels ces derniers jours dans la métropole nantaise.
Dans les médias, des personnes dont des responsables politiques soulignent après ces actes la présence de migrants dans la métropole faisant ainsi un lien entre immigration et délinquance.
Nous répétons avec force que l’association des termes migrants et insécurité est infondée et dangereuse.
Infondée car les personnes commettant des délits qu’elles soient françaises ou étrangères sont poursuivies par la justice et condamnées si leur culpabilité est reconnue. À niveau économique, social et scolaire équivalent, français et étrangers qui commettent des délits sont traduits en justice sensiblement dans les mêmes proportions : l’insécurité n’est pas plus étrangère que française.
Dangereuse parce que ces propos conduisent à stigmatiser une catégorie de résident.e.s dans notre pays : les migrants. Et voilà que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin choisit délibérément ce moment pour annoncer la création d’un centre de rétention administrative (CRA) en Loire-Atlantique alimentant ainsi les discours visant les étrangers. Pourtant un CRA, et M. Darmanin le sait bien, est utilisé pour retenir les étrangers auxquels l’administration ne reconnaît pas le droit de séjourner sur le territoire français mais n’a pas pour fonction de recevoir des délinquants ou de lutter contre la délinquance. Ces propos contribuent aux divisions de notre société auxquelles participe la peur de l’autre.
L’association des termes migrants et insécurité génère confusion et amalgame. Désigner des résidents de notre pays comme responsables de la délinquance permet d’éviter de répondre aux problèmes clefs.
Par ailleurs, on entend que les étrangers condamnés doivent être expulsés. Nous sommes opposés à ce qui représenterait une double peine, sanction pénale et expulsion, car elle rompt l’égalité de tous devant la justice. Les personnes françaises et étrangères doivent pouvoir se réinsérer dans la société à l’issue de leur peine.
L’instrumentalisation, la récupération de ces actes criminels notamment pour désigner des boucs émissaires qui seraient responsables de tous nos maux, conduisent aux discriminations puis au rejet. Nous attendons, des élu.e.s et des pouvoirs publics particulièrement, une parole publique qui contribue à la cohésion de la société.