MRAP Moselle Ouest - Vernissage de l’exposition “Regards sur la traite et l’esclavage”
Le 10 mai, à l’occasion de la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, le MRAP a pris la parole à l’hôtel de ville de Metz où l’exposition est visible jusqu’au 20 mai.
Voici le texte de cette allocution :
Metz, le 10 mai 2022
Intervention du MRAP
Trop rares sont encore les Français qui savent que pendant près de quatre siècles, notre pays fut une grande puissance esclavagiste, des vaisseaux battant pavillon français participèrent à la déportation de millions d’Africains, le Code Noir qui définissait l’être humain asservi comme un simple « meuble » fut une création du droit français, notre nation compte en son sein des descendants d’esclaves.
C’est dire le devoir de mémoire qui nous incombe. Il s’agit de prendre conscience de cette histoire, de comprendre pourquoi et comment un tel commerce a pu s’organiser et durer et quelles en sont les conséquences actuelles.
L’exposition qui vous est proposée revient sur cette histoire. Si elle se concentre sur la traite transatlantique et l’esclavage dans les colonies américaines de pays européens, elle nous rappelle que l’esclavage a existé dans les périodes antérieures et dans toutes les parties du monde.
L’abolition a procédé d’un long mouvement, de la convergence de divers courants : courants idéologiques et parfois religieux au sein des sociétés esclavagistes, courant économiste montrant qu’une telle exploitation n’était en fait pas rentable et révoltes des esclaves bien sûr. Si de la première tentative d’abolition en France par la Convention en 1794 jusqu’à l’abolition au Brésil en 1888 il a fallu un siècle pour que l’esclavage soit aboli sur le sol américain, ce n’est qu’en 1999 qu’il sera aboli au Niger. Une abolition juridique qui conforte nos engagements citoyens pour l’égalité mais qui ne doit pas nous masquer que, selon l’ONU 40 millions de personnes seraient actuellement en situation d’esclavage dans le monde. La France elle-même est concernée qui a dû en 2013 introduire dans le code pénal les sanctions applicables aux personnes qui en soumettent d’autres à des conditions de travail et de vie indignes.
Enfin, le racisme a tenu une place essentielle dans la construction des justifications de cette mise hors de la société d’une partie de ses membres. Les représentations théorisées au XIXème siècle de différences et de hiérarchie entre groupes humains continuent de nourrir des stéréotypes qui alimentent actuellement encore la haine raciste et les discriminations qui affectent la vie quotidienne de millions de nos concitoyens.
Conformément à la mission éducative de notre association, cette exposition présentée pendant dix jours dans ce lieu aura permis à l’issue des deux mois de sa présentation à Metz de nourrir des échanges entre les militants du MRAP et des étudiants, des lycéens de la ville.