Après le rappel de la part prise par la France pendant trois à quatre siècles à cette entreprise de l’Europe occidentale qu’ont représenté le commerce triangulaire et l’exploitation dans les colonies américaines comme à La Réunion des terres et du travail des esclaves, l’orateur a soulevé plusieurs questions vives dans le débat des organisations antiracistes.
L’esclavage est un phénomène général des sociétés humaines ; il a existé dans l’antiquité et au moyen âge. A cette époque dans le monde occidental, les serfs ne sont plus achetés ou vendus mais dépendent étroitement du seigneur. On repère deux mouvements de traite antérieurs à la traite transatlantique, la traite orientale au moment du développement de l’empire arabe et la traite intra africaine. Il faut donc se garder des conflits de mémoire.
L’abolition s’est construite par la contribution de plusieurs courants. Un courant humaniste est apparu au 18ème siècle en Angleterre chez les quakers et en France chez les philosophes des lumières. Un courant économiste se développe au cours du 18ème siècle qui mettra en avant le coût et la faible productivité du système. Enfin, les révoltes seront nombreuses et incessantes. En témoignent les multiples évasions et le marronage. Tous ces courants ont convergé. Ainsi, la révolution haïtienne (1791) a été suivie par l’abolition décrétée par la convention en 1794. Après son rétablissement par Napoléon en 1802, l’esclavage sera finalement aboli par la 2ème République naissante en avril 1848. De 1794 à l’abolition au Brésil en 1888, il aura fallu près d’un siècle.
La reconnaissance de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité par la loi Taubira du 21 mai 2001 a ouvert un débat sur les réparations. Si un dédommagement matériel est impossible (de qui au profit de qui ?), face aux politiques de l’oubli le dédommagement moral est une voie engagée depuis une vingtaine d’années.
L’esclavage est aboli juridiquement dans l’ensemble du monde (dernière mesure en 2007 avec la loi criminalisant l’esclavage en Mauritanie), l’ONU estime qu’environ 40 millions de personnes vivent actuellement des situations diverses d’esclavage. Par cette mémoire, on mesure que la lutte permet d’avancer mais reste nécessaire.
Les réponses apportées à plusieurs questions et le débat qui a suivi ont permis d’approfondir la réflexion et les connaissances des personnes présentes.
Le journal Républicain Lorrain en parle ici.