Mais notre réaction ne peut pas et ne doit pas s’arrêter là : comment penser que l’ampleur de la catastrophe n’est dû qu’à la violence d’un évènement climatique exceptionnel ? Le terrible bilan humain de cette catastrophe est aussi le résultat d’une politique d’abandon.
La responsabilité de la France, qui a accepté de faire de ce territoire un département, sans lui accorder les moyens d’accéder à une égalité réelle, est criante. Mayotte est le territoire français le moins préparé aux risques naturels, tant du point de la fragilité de l’habitat que de l’organisation des pouvoirs publics.
Comment croire la promesse entendue de « reconstruire », alors même qu’on n’a pas su « construire » (ainsi que le prouve la fragilité des « bangas » ), et que depuis février 2023, « l’opération Wuambushu » a obligé des milliers de foyers à se reloger dans des abris construits à la hâte ?
L’incurie des pouvoirs publics a laissé la situation sanitaire se dégrader, en particulier en ne s’attaquant pas à la question de l’accès à l’eau potable : depuis plus d’un an les habitants sont privés d’eau deux jours sur trois !
Une négligence politique encore aggravée par la gestion déplorable de l’afflux migratoire naturel au sein d’un archipel artificiellement divisé et des relations avec les autorités comoriennes.
Au-delà de la juste émotion provoquée par la tragédie, le MRAP attend désormais que soit enfin prise en compte la spécificité de tous les territoires ultramarins, comme nous le demandons depuis longtemps, et comme l’appelait déjà les crises toujours non résolues de la Kanaky/Nouvelle-Calédonie et de la Martinique.
La reconstruction de Mayotte est pour la France l’occasion d’assumer ses responsabilités.
Paris, le 17 décembre 2024
Bureau National du MRAP