Lien vers le Pont Transcouleur n° 117
[Edito]
Un climat politique très lourd !
Les élections régionales et départementales de juin 2021 ont été marquées par une très forte abstention. Même si le RN n’obtient pas les résultats électoraux que l’on pouvait craindre, il est toujours très présent dans la vie politique. Ses idées envahissent discours et pratiques.
Cet été, au cours des manifestations contre les mesures sanitaires, l’antisémitisme d’extrême droite a resurgi de manière publique et décomplexée : stèle en hommage à Simone Veil vandalisée 3 fois à Perros-Guirrec (Côtes d’Armor), étoiles de David peintes sur un centre de vaccination à Neuillé-Pont-Pierre (Indre et Loire) ; le 7 août à Metz, une enseignante, ex-membre du FN, brandit une pancarte avec une liste de noms de « traîtres », supposés de confession juive, accompagnée de l’inscription « Mais Qui » destinée à désigner les responsables de la crise sanitaire. Ce code « Mais Qui » sert maintenant à diffuser la parole antisémite sur les réseaux sociaux.
Pierre Mairat, Président honoraire du MRAP, dénonce : « l’absence de réaction des manifestants envers les marqueurs antisémites revient à banaliser l’un des pires fléaux sociaux »(le Monde 19 août 2021).
La résurgence publique de l’antisémitisme ne peut faire oublier les autres aspects de l’idéologie haineuse de l’extrême droite. L’appel séditieux de quelques généraux en juin, les gesticulations d’Eric Zemmour sur la chaîne CNews, rivalisant de xénophobie, de haine anti-musulman, anti-arabe, anti –immmigrés trouvent malheureusement une audience dans une partie de l’opinion publique.
La crise sanitaire est largement instrumentalisée par les forces les plus réactionnaires du pays.
Le MRAP a -t-il vocation à s’exprimer dans le débat autour des mesures sanitaires ? Oui, car l’épidémie est un fait de société qui pose le problème du rapport entre libertés individuelles et collectives. Elle sera éradiquée avec une immunité collective pour la planète entière.
L’école obligatoire, la Sécurité Sociale obligatoire, les vaccinations obligatoires sont certes des contraintes, mais aussi des conquêtes sociales acquises grâce aux luttes et aux progrès scientifiques de l’Humanité. Ainsi, nous rencontrons, dans les permanences d’accueil des migrants, des personnes qui n’ont pas bénéficié de la vaccination contre la poliomyélite et qui souffrent de terribles handicaps.
Il est scandaleux que les pays émergents ne bénéficient pas des vaccins sauf pour les élites. Juste deux chiffres : 50 milliards de dollars permettraient de vacciner 60% des habitants de la planète et d’éradiquer l’épidémie ; 2000 milliards de dollars ont été dépensés pour l’armement dans le monde en 2020 ! Le MRAP demande que les vaccins deviennent un bien commun de l’humanité.
Nous le constatons tous les jours : la mobilisation des forces démocratiques, des militants des droits humains doit s’amplifier, se renouveler contre les injustices et les douleurs qu’engendrent les systèmes politiques et économiques actuels, pour la construction d’un monde plus solidaire.