Le MRAP au congrès de la FSU Intervention de Francois Sauterey devant le congrès

Les 1er et 2 février 2022, le MRAP était invité au congrès de la FSU (Fédération Syndicale Unitaire).
Francois Sauterey, l’un des trois coPrésidents, représentait l’association.
Il a pu intervenir pendant les travaux de la commission du "thème 3" où étaient traitées (entre autre !!!) les questions du racisme, des discriminations et de la solidarité internationale.

La table du MRAP au congrès de la FSU à MetzLe MRAP a aussi pu tenir une table : de nombreux congressistes ont ainsi pu discuter avec nos militant.e.s, se renseigner, voire même adhérer.
Feuilletage de Différences, achats de quelques « goodies »...
Les militants du MRAP ont aussi pu discuter avec leur voisins : Mouvement de la Paix, éditions ADAPT et « Le temps des cerises », l’Humanité.

Le MRAP a aussi fait signer la pétition pour que la France participe à la première réunion du "Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires" (TIAN), campagne que le MRAP soutien et porte avec l’ICAN.


Voici le texte de l’intervention de Francois.


Francois SautereyCher·e·s ami·e·s, et permettez au syndicaliste que je suis, cher·e·s camarades,

Le MRAP est une vieille organisation, créée au lendemain de la seconde guerre mondiale par des résistantes et des résistants, par des rescapé·e·s des camps.
Ils s’engageaient contre le racisme sous toutes ses formes, et singulièrement à cette époque, contre l’antisémitisme, et pour construire un monde en Paix, partout sur terre.
Pouvaient-elles, pouvaient-ils penser, que près de 75 ans après, ce combat serait toujours et à ce point à l’ordre du jour ?

Pendant les événements d’Algérie, le MRAP a combattu pour la Paix et contre le racisme. Il fut l’un des tous premiers a dénoncé les assassinats d’Algériens en métropole, en particulier, durant l’été 61, dans cette ville de Metz, une ratonnade qui fit de nombreux morts. A l’automne 1961, dès le 12 octobre le MRAP dénonçait le décret Papon qui devait amené au drame du 17 octobre. Dès le 18 le MRAP éditait un tract pour dénoncer le massacre.
Depuis, nous n’avons de cesse de d’exiger que que ce jour soit reconnu comme crime d’État, tout comme le 8 février à Charonne..

Aujourd’hui, nous vivons un moment qui, par certains cotés, rappelle les heures sombres des années 1930 !

Pas une semaine, pas un jour, sans que nous apprenions qu’un militant ait été agressé à la fin d’une manifestation, ou à la terrasse d’un bistrot lyonnais, qu’un local ait été saccagé, que des tombes aient été vandalisées, qu’un mur ait été tagué, tag antisémite, tag anti-arabe ou tag anti étranger, ou même qu’une manifestation soit attaquée !
Pas une semaine sans que nos juristes ne déposent un, deux, trois signalements ou ne dépose ou se joignent une plainte !
L’extrême-droite parade, est partout dans les médias, et impose le tempo de la future campagne : immigration, grand remplacement, Guantánamo à la française… Les groupes identitaires peuvent se livrer à des opérations commando aux frontières de la France, les Préfets n’y voient rien de répréhensible !

La politique de rejet de l’autre, du refus des migrants tue chaque jour ! Après les noyé.e.s de la Méditerranée, ceux de la Manche, et maintenant ceux aux frontières de l’Europe, à la frontière de la Pologne. On dit que ce qui se passe là-bas, est l’œuvre d’un dictateur en Biélorussie, une provocation. Nous répondons très tranquillement : « si les frontières avaient été ouvertes, si tous ceux qui fuient leur pays où nous les avons abandonnés, Afghanes et Afghans, Kurdes abandonnés au Rojava, il n’y aurait pas eu possibilité de provocation ! »
La première réaction de notre président lors du retrait des États-Unis d’Afghanistan a été… de craindre l’arrivée de terroristes au milieu des réfugiés ! Nous avons répondu « accueil inconditionnel de toutes et tous ! »

Grèce, Pologne, Espagne, l’Europe s’entoure de mur ! Mais cela ne change rien aux causes même de ces migrations. Les changements climatiques qui sont hélas devant nous, vont pousser non plus des milliers, mais demain des millions de personnes sur la route de l’exil. Quand les villages entiers seront sous les eaux, quand les terres brûlées ne pourront plus rien faire pousser, quand l’absence d’eau ne permettra de vivre sur ces terres, l’Europe regardera-t-elle ces millions de migrants se noyer, mourir de soif ou de faim, bien à l’abri de ses murs ?
Le MRAP réaffirme le « droit de se déplacer et de s’installer librement où on le souhaite ».

Le pouvoir poursuit les militants de la solidarité, au lieu de condamner les activistes d’extrême-droite. Le délit de solidarité ayant été retiré de la loi, le gouvernement est même allé jusqu’à poursuivre nos amis en les accusant « d’être des passeurs, des mafieux » !

À la différence des années « Le Pen père », nous voyons en plus en plus de personnes qui assument ouvertement leurs adhésions idées d’extrême-droite, et ces idées, cette parole est de plus en plus « acceptable ». C’est ainsi que l’on peut sortir aujourd’hui dans une manifestation avec une pancarte antisémite, comme ici, dans cette ville, sans que la foule autour ne réagisse immédiatement.

Le MRAP le répète : la démocratie est en danger. Comme le disait Bertolt Brecht, « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde  » , il est encore temps de l’empêcher d’accoucher !

La situation sociale en France n’est pas bonne : coût de la vie, précarité, prix des logements, des énergies (transport, chauffage…) pousse de plus en plus de personnes vers des solutions « faciles », vers les idées d’extrême-droite.
Pour autant, une grande partie de ceux qui se tournent vers le FN (enfin le RN), ou vers l’autre candidat de droite-extrême ou qui ont cru trouvé dans E. Ciotti une solution à leur problème se trompent de colère.
Ceux-là, il nous faut aller le chercher, un par un s’il le faut, là où ils sont, pour les convaincre de leur erreur.
C’est pour cela que le MRAP appelle à construire des « Comités de Défense de la Démocratie », dans toutes les villes, dans toutes les régions. Ces CDD, structures larges, unitaires, regroupant toutes les forces de progrès/démocratiques, comme il vous plaira de les appeler, auront en charge de combattre pied à pied toutes ces idées de rejet : il faut mener partout la bataille des idées, la bataille de conviction.

De ce point de vue, notre combat pour le travail mémoriel est important. Nous voulons construire une « mémoire partagée », une histoire partagée, seule à même de dépasser des haines issues du passé.
C’est pour cela que nous participons à la bataille pour l’ouverture totale, pour tous, des archives (donc la fin du « secret d’État » !)
C’est pourquoi nous avons lancé celle pour un «  Musée National de l’Histoire de Colonialisme ». Nous nous adressons, en particuliers à vos syndicats concernés par l’Histoire à nous rejoindre, et les invitons à nous rejoindre dans cette bataille.

Le MRAP est aussi une organisation qui œuvre pour la défense des peuples opprimés : Afghanistan, Kurdistan, Palestine, Sahraoui, peuple Mapuche, peuple premier au Brésil, ils sont hélas nombreux !
Nous le faisons en nous appuyant sur trois piliers : le droit international (les résolutions de l’ONU), les conventions de Genève qui s’appliquent dans les zones en conflits, et l’exigence du respect du droit à l’autodétermination. De ce point de vue, nous nous gardons de toute position paternaliste et/ou néo coloniale, qui nous amènerait à dire à ces peuples ce qui bon pour eux !

Le MRAP est engagé au x coté des Sahraouis pour leur droit à l’autodétermination, comme il l’est aux côtés des Palestiniens. Il l’est aussi auprès des Kurdes, qu’ils soient massacrés au Rojava ou emprisonnés en Turquie, et en particulier en France pour que justice soit rendu à Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez assassinées à Paris le 9 janvier 2013 et pour que le PKK, qui lui continue de combattre DAESH, soit enfin retiré de la liste des organisations terroristes.

Nous sommes aux côtés du peuple cubain, soumis à un blocus inhumain depuis de si longues années, comme nous le sommes auprès des Ouïghours poursuivis par le régime chinois ou des Mapuches au Chili.

Partout, nos premières préoccupations sont la Paix, le respect du droit international avec les résolution de l’ONU (et dans les zones de conflit, le respect des conventions de Genève), et partout la défense du droit à l’autodétermination.

Les relations entre le MRAP et vos organisations sont anciennes, en particulier dans les syndicats de l’éducation, mais pas que. De nombreux enseignant·e·s ont adhéré·e.s à notre organisation et ont animé par exemple des interventions en milieux scolaires sur le racisme, l’esclavagisme, la Shoah. Les discriminations.

Mais notre organisation a vécu il y a quelques années une période compliquée, qui a amené certains d’entre vous peut-être, à ne pas renouveler leur adhésion. À eux, à vous tous, et aux autres, nous disons : nous avons fait un bilan critique de cette période et sommes revenus à des positions plus traditionnelles.
Aujourd’hui plus que jamais, l’universalisme doit être notre boussole.

Au moment où nous voyons peut-être la fin de la crise sanitaire, et la possibilité de relancer nos interventions en milieu scolaire, nous avons besoin de vous, de votre expertise, de vos engagements.
Nous vous le disons, nous avons, vous avez, le combat antiraciste à besoin d’un MRAP fort ! Et pour qu’il soit fort, le MRAP à besoin de vous ! Rejoignez-nous !

Ensemble, faisons barrage au racisme, et aux idée d’extrême-droites !

NO PASARAN !