Le génocide des Arméniens : le devoir de mémoire
Il y a 106 ans, le 19 avril 1915, débutait le génocide des Arméniens au cours duquel les deux tiers des Arméniens vivant sur le territoire actuel de la Turquie périrent du fait de massacres de grande ampleur, de famines, de la déportation. Il est planifié et exécuté par le parti au Pouvoir à l’époque, le Comité Union et Progrès (CUP), plus connu sous le nom de « Jeunes Turcs ».
Un télégramme envoyé par le Ministre de l’Intérieur Talaat Pacha à la direction du parti des Jeunes Turcs à Alep ordonne : « Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l’âge ni du sexe. Les scrupules de conscience n’ont pas leur place ici » . Il va faire entre 1,2 et 1,5 millions de victimes. Il va aussi conduire les survivants sur le chemin de l’exil.
En même temps que les Arméniens, ce sont toutes les autres communautés chrétiennes qui ont été également exterminées dans la région frontalière qui se trouve aujourd’hui à cheval sur la Turquie et l’ Iran : 70 % des 500.000 à 750.000 Assyriens sont massacrés ; il en est de même le long de la mer Noire, environ 350 000 Grecs pontiques le sont aussi.
Ce génocide a eu des précédents : entre 1894 et 1896, le sultan a fait massacrer 200.000 à 250.000. Arméniens Un million sont dépouillés de leurs biens et quelques milliers convertis de force. Des centaines d’églises sont incendiées ou transformées en mosquées...
En un seul mois - juin 1896 - au cœur de l’ historique, région de Van à l’est e la Turquie, pas moins de 350 villages sont rayés de la carte.
Comme le feront les nazis (qui se sont inspirés du génocide arménien) , le gouvernement ottoman s’emploie systématiquement à éliminer toute preuve du génocide : les photographies des convois de déportés sont interdites ; la censure officielle interdit aux médias de faire mention des massacres. Les missionnaires sont empêchés d’apporter nourriture, eau, vêtements aux rescapés.
Après le crime, vient le temps de sa négation : la République turque refuse toujours de reconnaître l’existence du génocide et qualifie les événements de 1915-1916 de « Sözde Ermeni Soykırımı » (« prétendu génocide »). En parler est passible de peines de prison.
Aujourd’hui, le génocide n’est reconnu que par 21 pays, dont la France depuis 2012.
Pour le MRAP, l’apologie ou la négation du crime est intolérable en ce qu’elle prolonge et perpétue le crime lui-même. Il est nécessaire de mettre fin au négationnisme, quel qu’il soit, car il laisse ouvert le champ à d’autres crimes contre l’Humanité. Il est d’autant plus nécessaire de rappeler ce crime qu’aujourd’hui, Erdogan menace le Rojava (Kurdistan de Syrie) de purification ethnique et se rend coupable de crimes de guerre, voir de crimes contre l’humanité à l’encontre la population kurde de Turquie.
Paris, le 16 avril 2021