Le droit à la mémoire contesté

- Communiqués

Le MRAP a toujours donné une place importante à la mémoire. Connaître et analyser les événements de notre histoire, qui structurent encore notre vision du monde et de l’humanité, est essentiel pour construire une société fraternelle.

Le MRAP entend contribuer à faire prévaloir entre les citoyens une mémoire partagée des événements historiques douloureux qui ont pu marquer notre peuple et ceux avec qui notre pays doit désormais entretenir des liens d’amitié et de solidarité.

C’est à ce titre qu’il s’indigne devant les graves restrictions à l’accès aux archives publiques décidées fin 2019 par le SGDN (Secrétariat général de la défense et sécurité nationale), en contradiction avec l’esprit de la loi sur les archives du 15 juillet 2008.

Ces restrictions sont intervenues alors que le Président de la République avait, lors de sa visite à Josette Audin le 13 septembre 2018, déclaré souhaiter une large ouverture des archives sur les disparitions durant la guerre d’Algérie ; l’absence de concrétisation de cette déclaration a été dénoncée lors de la journée d’étude sur ce thème tenue le 20 septembre 2019, avec le soutien du MRAP, et dont les actes viennent d’être publiés par la « Revue des droits de l’homme » : https://journals.openedition.org/revdh/8447

Ce sont de nombreux travaux historiques, en cours ou en projet, français ou internationaux, qui sont mis en péril par les restrictions d’accès en cours. Le MRAP a été interpellé par les appels lancés par de nombreux historiens et soutient leurs pétitions et initiatives. Il signale le dossier entretenu à ce sujet sur le site « Histoire coloniale et postcoloniale :
https://histoirecoloniale.net/De-nouvelles-protestations-contre-l-abus-en-France-du-secret-defense.html

Les travaux historiques sur des épisodes aussi sensibles que ceux qui ont marqué notre histoire durant la seconde guerre mondiale et les guerres de libération des peuples que nous avions colonisés sont indispensables et doivent être fondés sur une documentation aussi complète que possible.
Le MRAP demande que les restrictions d’accès soient levées, pour des documents vitaux pour la construction lucide d’une mémoire constitutive, dans ce qu’elle contient de meilleur ou de pire, de notre société.

Paris, le 16 mars 2020