La rafle du Vel’ d’Hiv : le devoir de mémoire
Il y a 80 ans, les 16 et 17 juillet 1942, la police française (plus de 9000 policiers) sur ordre du gouvernement de Vichy et ses acolytes, en particulier les milices du PPF (Parti Populaire Français) à la solde de l’occupant nazi, raflaient plus de 13 000 Juifs (étrangers ou déchus de la nationalité française par la loi du 22 juillet 1940) dont 4000 enfants (alors que les Allemands n’avaient demandé que les Juifs de plus de 16 ans) pour les parquer dans des conditions effroyables au vélodrome d’hiver (Vel’ d’Hiv) puis dans les camps de Pithiviers, Drancy, Beaune-la-Rolande, avant d’être remis à l’occupant allemand pour un voyage sans retour à destination d’Auschwitz.
De ces 13 152 victimes de la barbarie raciste, moins d’une trentaine reviendront de l’enfer des camps, pas un seul enfant. Cette rafle a été la plus grande arrestation de Juifs en France durant la seconde guerre mondiale mais les arrestations se sont poursuivies ; elle ne fut possible que grâce à la complicité du gouvernement français et à la collaboration de la police.
Il faut attendre 1995 pour qu’un président de la République, Jacques Chirac, reconnaisse, lors d’un discours prononcé devant le monument commémoratif, la responsabilité de la France dans cette rafle, et plus généralement dans la persécution et la déportation des Juifs pendant l’occupation.
Trois quarts de siècle après, le MRAP tient une fois de plus à rendre hommage à ces femmes, ces hommes, ces enfants morts dans la souffrance indicible alors qu’ils croyaient en la France « pays des libertés. »
Il rend aussi hommage à celles et ceux, gendarmes ou civils, qui ont permis, notamment à des enfants, de s’échapper et qui les ont cachés. Ils sont l’honneur de l’humanité.
Dans cette période où les rares rescapés, atteints par l’âge, disparaissent les uns après les autres, le MRAP tient à mettre en garde contre ceux qui tentent de nier la responsabilité de la France. C’est bien madame Le Pen qui déclarait le 9 avril 2017 dans une interview télévisée que cette rafle était la faute des seuls Allemands, de même Éric Zemmour répète que la France n’était pas responsable de la rafle du Vel d’Hiv et assure que Pétain a cherché à « protéger les juifs français » (24 500 Juifs français ont été envoyés dans les camps de la mort).
Dans une période où un sondage révèle que 60 % des jeunes de 18 à 24 ans n’ont jamais entendu parler de la rafle du Vel d’Hiv, ce travail de mémoire est plus que jamais essentiel. L’Histoire a souvent montré que l’oubli génère un retour à l’innommable.
Le MRAP appelle à lutter contre ces imposteurs négationnistes qui tentent d’effacer de la mémoire les crimes de la seconde guerre mondiale. « Plus jamais ça »
Il faut, plus que jamais, faire du 16 juillet un symbole de la lutte contre le racisme sous toutes ses formes. « Il est toujours fécond le ventre qui enfanta la bête immonde ».
© Droit et liberté - n°313 - juillet août 1972