L’immigration dangereusement manipulée

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Depuis de longs mois, déjà pendant la crise des « gilets jaunes », E. Macron cherche à élever l’immigration au rang des premières préoccupations de l’opinion, dans l’espoir que ce thème pourra les détourner des vrais problèmes sociaux encore nombreux cet automne. Après le débat imposé à l’Assemblée Nationale en septembre, il se devait d’afficher des « actions ». Le gouvernement vient donc d’annoncer quelques mesures, qui n’auront aucun impact sur l’immigration elle-même, mais qui pénaliseront encore un certain nombre d’immigrés, et surtout contribueront à dégrader encore le climat politique. Ces annonces valident dans l’opinion publique d’une part que l’immigration serait un problème majeur et d’autre part que le débat politique se résume à une confrontation entre le pouvoir actuel et le RN.

La plus médiatisée des mesures annoncées est celle des « quotas » professionnels pour l’immigration de travail. Il faut rappeler que celle-ci ne concerne, en 2018, que 33 500 titres de séjour accordés, dans un ensemble de 256 000. C’est donc sur cette masse marginale que seraient appliqués des critères liés au marché du travail, ce qui existe en fait déjà actuellement, avec la liste des métiers "en tension" et les autorisations préalables demandées aux Direccte (directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) par les préfectures. Mais cet affichage est avant tout une caution idéologique à la conception des immigrés comme simple marge d’ajustement par rapport aux besoins économiques. Elle reprend officiellement un concept mis en avant par Sarkozy et abandonné à l’époque comme « inefficace, irréalisable ou sans intérêt ». Elle prive ainsi la droite d’un de ses éléments programmatiques.

La seconde annonce mise en avant est la création d’une « carence de trois mois » pour les demandeurs d’asile, avant accéder à la Protection Universelle Maladie. Les fraudes sociales de quelques-uns, qu’ils soient étrangers ou français, sont toujours invoquées pour porter atteinte aux droits sociaux de tous, notamment des plus humbles, tandis que la fraude fiscale massive perdure. Pour éviter quelques éventuels abus, des milliers de demandeurs d’asile malades devront rester 3 mois sans soins, au risque d’aggraver leur situation, et finalement d’alourdir la facture quand ils pourront accéder aux soins. A moins que d’ici là ils soient allés surcharger les urgences. Le même affichage démagogique soumettra à l’avis de la Sécurité Sociale certains soins dans le cadre de l’Aide Médicale d’État. Rappelons que celle-ci a un coût de 935 millions en 2018, au sein de dépenses de santé de 203 milliards de dollars, soit 0,5% …

Le MRAP estime qu’il est dangereux de manipuler la question migratoire à des fins politiciennes. Cette question n’est pas objectivement un « problème », ni un sujet prioritaire de préoccupation pour la population. Le MRAP dénonce les postures qui créent un climat hostile aux étrangers et en font un enjeu pour des manœuvres électorales. L’accueil des migrants est d’abord une question humaine qui doit être prioritairement traitée en tant que telle. C’est aussi une nécessité économique, mais dans le sens que confirme partiellement la question des quotas : l’apport de forces vives est une nécessité pour la dynamique démographique et économique d’un pays.