San Antonio, 29 juin. Cette ville du Texas est proche de la frontière mexicaine. Nombreux sont les habitants qui ont traversé au péril de leur vie le Rio Grande ou le désert. Ce lundi soir, un employé municipal a entendu un appel, près d’une route où il travaillait. Il a ouvert la porte arrière d’un camion abandonné. Dedans, 53 migrants sont morts après avoir voyagé dans ce véhicule surchauffé. Ils venaient du Mexique, du Honduras, du Guatemala et du Salvador. Seuls 11 survivants ont pu être hospitalisés.
Koufra, 29 juin. Dans le désert du sud libyen les températures peuvent dépasser les 40 degrés. C’est dans ce cadre qu’une équipe de secours a retrouvé 20 personnes mortes de soif à côté de leur véhicule en panne, près de la frontière avec le Tchad. Des milliers de migrants traversent chaque année les frontières de la Libye depuis le Soudan, le Niger et le Tchad, pour venir travailler dans ce pays ou pour tenter la traversée de la Méditerranée vers l’Europe.
Le lendemain, c’est dans un autre désert, au Niger, qu’on a découvert 10 corps sommairement enterrés. Agadez est le principal centre de rassemblement des candidats au passage en Libye. L’aventure se termine souvent tragiquement.
Il ne s’agit pas ici de faire le bilan de tous ces drames qui font le quotidien des migrations internationales. On ne saurait toutefois oublier que depuis des années la Méditerranée s’est transformée en un immense cimetière marin. Le HCR a recensé 1300 décès ou disparitions en 2021 (en dessous de la moyenne des années précédentes). Quant à la préfecture maritime française, toujours en 2021, elle a compté 38 morts dans la Manche.
Ces errances meurtrières ne sont pas des accidents. C’est un crime politique. Oui, la politique migratoire tue. Les peuples, y compris en Europe, vivent de nombreuses difficultés. Pour eux, la tentation est grande d’en rejeter la responsabilité sur l’étranger, celui qui vient d’ailleurs. Surtout quand cette tentation est entretenue, voire honteusement exploitée, par une classe politique qui n’a pas le courage de dire la vérité : non, les migrations ne sont pas une menace contre laquelle il faut dresser des murs (à la fois inutiles et meurtriers), elles sont une nécessité, à la fois humaine, économique et démographique. C’est la respiration et la richesse de l’humanité.
Que tous ceux qui, comme le MRAP, le pensent, osent le dire : la libre circulation des hommes fait partie de l’avenir de l’humanité !
Paris, juillet 2022