La parole citoyenne est muselée, exit la pétition pour la dissolution de la BRAV-M, la surveillance systématique de la population se met en place avec les drones, la reconnaissance faciale et l’espionnage par nos téléphones .
Tragique conclusion de cette séquence : la reprise des contrôles routiers qui avaient un temps été suspendus pendant les manifestations contre les retraites, a entraîné la reprise des assassinats pour refus d’obtempérer !
Le racisme systémique est nié par le gouvernement, mais ne peut plus être caché, au point que l’ONU elle-même s’en émeut : il suffit de regarder les noms des victimes pour s’en convaincre.
La mort du jeune Nahel, quinze jours après celle, cachée, de Alhoussein à Angoulême, elle-même précédée par la chute de sur leur scooter de Safyatou, Salif et Ilan, volontairement renversés par une voiture de police à Paris, a été le détonateur : l’émoi, la colère ont embrasé toutes les villes.
Que ces jeunes aient attaqué des biens publics, jusqu’à des médiathèques ou des écoles, montre bien le désarroi dans lequel ils se trouvent. N’ayant aucun autre moyen de s’exprimer, leur certitude, hélas corroborée, de ne pas être écoutés, les conduit vers cette violence pour répondre aux agressions qu’ils subissent…
Le gouvernement a bien tenté de clore le chapitre et de reporter la responsabilité sur un seul policier, allant jusqu’à le poursuivre (fait historique) pour homicide volontaire. Mais ces jeunes savent bien que les poursuites à son l’encontre, légitimes et nécessaires, ne sont qu’un fusible, qui ne réglera rien à ce qu’ils vivent au quotidien : contrôles au faciès, tutoiements, rudoiements, gardes à vues injustifiées, tirs pour « refus d’obtempérer »…
Et la seule réponse du pouvoir est uniquement sécuritaire : il est tellement plus simple de stigmatiser les « casseurs », de déployer 15 000 policiers et gendarmes chaque nuit, que d’apporter de vraies réponses aux drames qui venaient d’être vécus !
Et pourtant, il y a tant à faire !
En première urgence, c’est la dissolution de la BRAV-M (qui s’est encore illustrée le 10 juillet par la violence contre un frère de Adama Traoré et contre un journaliste), la réforme de l’IGPN/IGGN pour confier les enquêtes sur des policiers à une autorité indépendante, la fin de la loi de 2017 élargissant les possibilités d’ouverture du feu par la police, une vraie réforme de la formation des forces de l’ordre (elles doivent redevenir des « gardiens de la paix, pas fauteurs de la guerre ») qui s’imposent… Et surtout, surtout, une autre politique doit être mise en place pour réduire les inégalités, créer des emplois pérennes (qui ne se trouvent décidément pas de l’autre côté de la rue, ni autour du Vieux Port !), investir dans des services publics dignes de ce nom, en particulier dans l’Éducation Nationale…
L’été commence, et les jeunes sont rentrés chez eux… Mais que l’on ne s’y trompe pas : la colère est toujours là, sa raison aussi, et tout comme les incendies qui embrasèrent les landes en 2022 ne sont toujours pas éteints, se poursuivent en sous-sol, et peuvent reprendre aux premiers coup de vent, « l’incendie social » peut lui aussi reprendre au premier « incident » !
Pour notre part, nous serons prêts, dès la rentrée, pour poursuivre la lutte contre toutes les formes de racisme, d’où qu’en viennent les manifestations, et combattre les violences policières.
Dès maintenant, nous vous donnons rendez-vous sur nos stands aux Universités d’été des Mouvements Sociaux, ou de la Fête de l’Humanité.
L’été de tous les incendies… Edito du mois de juillet par François Sauterey
L’été vient de commencer… et déjà les braises allumées par le pouvoir tous ces derniers mois se sont embrasées.
Après la bataille contre la réforme des retraites qui a duré plusieurs mois et qui s’achève par sa mise en place, sans vrai vote et contre l’avis de la grande majorité de la population, la « rue » est nerveuse.
Après les violences inimaginables commissent par les forces de l’ordre à Sainte-Soline, alors que des milliers de manifestants venaient défendre pacifiquement le droit de la terre, le droit de tous à disposer de l’eau, Darmanin répond par la dissolution des Soulèvements de la terre.
Après la tentative d’intimidation de la LDH, c’est bien tout le mouvement associatif, tous les corps intermédiaires, toute contestation, que le gouvernement veut faire taire.