Pourtant, l’arme nucléaire constitue une violation du droit militaire et humanitaire en temps de guerre, notamment l’interdiction de viser des objectifs civils (écoles, hôpitaux..), l’obligation de protéger ceux qui ne combattent pas ou ne combattent plus (blessés, prisonniers). Il est évident que l’arme nucléaire ne respecte aucun de ces droits ( mais dans quelle guerre , nucléaire ou non, sont ils préservés ? ) Enfin, en cas d’utilisation volontaire ou non de l’arme nucléaire, les secours humanitaires ne pourraient pas être mis en œuvre.

Les conséquences des essais nucléaires sur les populations sont également terribles. La France a procédé à 210 essais (193 en Polynésie, 17 au Sahara), il n’y a pas eu d’assainissement des zones contaminées, le gouvernement refuse l’accès aux archives. En Polynésie, le taux du cancer de la thyroïde est le plus élevé au monde. Sur les 1747 dossiers d’indemnisation acceptés il y a eu 546 victimes indemnisées en Polynésie, une seule en Algérie. « Je pense que c’est vrai qu’on n’aurait pas fait ces mêmes essais dans la Creuse ou en Bretagne. On l’a fait ici parce que c’était plus loin, parce que c’était perdu au milieu du Pacifique", a reconnu Emmanuel Macron ( n’est ce pas aussi parce qu’il s’agissait de populations indigènes ?)

La guerre en Ukraine s’est traduite par plusieurs références explicites du président russe Vladimir Poutine au sujet de l’usage éventuel de l’arme atomique , ce sont des menaces à prendre très au sérieux. Mais outre ce risque non négligeable, il y a aussi celui d’un bombardement volontaire ou non de l’un des 15 réacteurs en activité dans la zone des combats.

Rappelons nous la phrase d’Albert Einstein « je ne sais pas de quoi sera faite la 3ème guerre mondiale, mais je sais que la 4éme sera faite de pierres et de batons ». N’attendons pas d’être revenus à l’age de pierre pour interdire l’arme nucléaire !

L’arme nucléaire n’apporte pas la paix , l’histoire le prouve, il n’y a jamais eu autant de pays impliqués dans des conflits depuis la fin de la seconde guerre mondiale (plus de 40 conflits mondiaux) . L’argument de la dissuation ne tient pas, aucun Etat n’est à l’abri d’une utilisation accidentelle ou volontaire. L‘accident est en effet, toujours possible. 3 exemples :
Le 15 septembre 1980 à Grand Forks aux USA, un incendie s’est déclaré dans un réacteur d’un bombardier, c’est la direction du vent qui a permis d’éviter une explosion nucléaire dont les conséquences auraient été pires que Tchernobyl .
Le 26 septembre 1983, s’est produit une défaillance du système de contrôle, c’est la désobéissance du militaire chargé du contrôle (il a attendu 8mn avant d’avertir son supérieur, ce qui a permis de s’apercevoir qu’il s’agissait d’une fausse alerte) qui a évité la catastrophe .
A Goldsboro en 1961, 2 explosifs (de 250 Hiroshima chacun) tombent mais n’explosent pas ;
entre 1961 et 1981 il y a eu aux USA, 25 défaillances techniques qui auraient pû conduire à l’irréparable.

Le TIAN
Le 7 juillet 2017, les Nations Unies ont adopté le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN), il est entré en vigueur le 22 janvier 2021 suite à la ratification par un minimum de 50 Etats. Ce Traité qui rend les armes nucléaires illégales et entraîne de nouvelles obligations (assistance aux victimes, réhabilitation des zones d’essai..) complète les autre traités internationaux (Traité de non prolifération, Traité sur l’interdiction complète des essais nucl éaires .)
La première réunion des Etats parties au TIAN ( 59) s’est tenu en juillet 2022 à Vienne
Mais la France a refusé de participer aux négociations de 2017 à l’ONU et rejette le Traité, elle a refusé d’assister même en tant qu’observateur à Vienne. Pourtant, 76 % des Français sont pour sa signatures. Alors que faut il faire ? Exiger un référendum ?
Les dépenses militaires mondiales s’élèvent à plus de 2000 miliards de dollars par an. Dans le même temps l’aide aux pays en voie de développement est de 67 milliards ! La guerre en Ukraine a relancé la course aux armements.
Avec 10 % des dépenses militaires mondiales, on pourrait éliminer la faim (un enfant de moins de 5 ans meurt de faim toutes les 11 secondes), permettre l’alimentation en eau potable à tous les habitants de la planète, éradiquer l’analphabétisme, combattre le réchauffement climatique, ce qui faisait dire à Jean Ziegler rapport spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation de 2001 à 2008 « la faim n’est pas une catastrophe naturelle, c’est un crime contre l’humanité ».