Haïti : reconnaissance et réparation

Le 17 avril 1825, il y a 200 ans, Charles X promulguait une ordonnance "accordant l’indépendance" à Haïti contre une rançon de 150 millions de francs-or destinée à indemniser les anciens propriétaires d’esclaves. Sous la pression des canonnières, le président d’Haïti cédait. Il en résultait pour l’État haïtien une "double dette" à rembourser à la Caisse des Dépôts et Consignations : cette indemnité et l’emprunt souscrit auprès des banques françaises à des taux d’intérêts exorbitants. Officiellement soldée en 1878, elle ne le sera en réalité qu’en 1952.

Invraisemblable et scandaleuse injustice : la France impose aux anciens esclaves d’indemniser leurs anciens propriétaires. Cette ignominie doit être reconnue officiellement et réparée.

Comme le souligne la Fondation pour la Mémoire de l’esclavage (FME) présidée par M. Jean-Marc Ayrault, la "combinaison de facteurs financiers, politiques et sociaux a maintenu Haïti dans une situation de dépendance et freiné son développement, transformant la brutalité de la colonisation et du système esclavagiste en une dépendance prolongée à l’égard de son ancienne métropole".
La France est une nouvelle fois confrontée à ses responsabilités d’ancienne puissance esclavagiste et coloniale.
Mais comment faire justice de l’irréparable ?
La première exigence est celle de la vérité. Le Président de la République doit pleinement reconnaître la responsabilité de la France dans les souffrances passées et présentes du peuple haïtien.
Mais ce devoir de vérité et de mémoire ne saurait suffire.
État de loin le plus pauvre du continent américain, Haïti est aux prises avec des gangs ultraviolents contre lesquels la police et la justice d’un État failli sont impuissantes.
La France doit s’employer sans délai avec le peuple haïtien et ses représentants légitimes pour soutenir la reconstruction d’un État de droit.
Bureau National du MRAP