Grande Bretagne : réfugiés à vendre !
On connaissait les accords de Dublin. Ils permettent aux pays membres de l’Union Européenne de renvoyer les demandeurs d’asile vers le premier pays où ils sont entrés, même si celui-ci ne respecte qu’à minima le droit d’asile. Depuis le Brexit, la Grande-Bretagne n’a plus accès à ce dispositif.
On connaissait l’externalisation. Elle permet d’examiner les demandes d’asile dans un pays de transit, la Lybie par exemple, pour que n’accèdent au sol national que ceux auxquels le statut de réfugiés est ou sera accordé. La France a passé de tels accords.
La grande Bretagne innove ! Elle a imaginé une méthode encore plus cynique, ou plutôt elle l’emprunte à l’Australie qui la pratique déjà avec des micro-états du Pacifique. Un accord vient d’être signé avec le Rwanda : la Grande-Bretagne pourrait arrêter les demandeurs d’asile entrés illégalement sur son territoire (bien qu’une entrée sans visa ou document d’identité soit légitime de la part de fugitifs) et les envoyer… au Rwanda. Ensuite ce pays leur accorderait (ou pas) le statut de réfugiés et ils n’auraient plus qu’à y faire leur vie ! Pour encourager cette généreuse action, le Rwanda reçoit d’ores et déjà 144 millions d’euros.
Cet accord, outre son aspect immoral et inhumain, suscite déjà de nombreuses critiques. Le HCR, donc l’ONU, rappelle qu’il viole la convention de Genève (1951) qui est la référence dans le domaine des réfugiés. Toute personne qui accède à un pays, par quelque moyen que ce soit, doit pouvoir, s’il le souhaite, y déposer une demande d’asile. Un rapport du HCR vient justement de souligner que 13 pays membres de l’Union Européenne violent ce principe. Ils pratiquent le « refoulement », c’est-à-dire le refus d’entrée à priori sur le territoire et le renvoi immédiat. C’est ce que pratique la France, illégalement, dans les trains venant d’Italie, légalement dans les zones artificiellement réputées « internationales » dans les aéroports.
Même les conservateurs anglais dénoncent l’aspect ruineux, voire même irréalisable, de ce projet. La réalité est plutôt que le gouvernement espère faire peur et décourager les migrants venus de la côte française. En dépit des mesures répressives qui engendrent tant de douleurs et de décès, environ 28 000 passages ont réussi en 2021.
Le MRAP rappelle que la seule solution viable et humaine, partout dans le monde, est la libre circulation des candidats à une migration et leur libre installation dans le pays de leur choix. Dans l’immédiat, outre l’abandon de ce projet honteux, il est urgent de mettre fin au système de Dublin et, entre la France et la Grande-Bretagne, aux accords du Touquet.