Génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, se souvenir et exiger la vérité

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Le dimanche 07 avril 1994, il y a 25 ans, le génocide des Tutsis au Rwanda était déclenché. En trois mois, plus de 800.000 êtres humains sont assassinés lors du génocide le plus récent de l’histoire humaine. Le MRAP a participé, dès le printemps 1994, aux manifestations qui se tenaient à Paris à ce sujet.

Les victimes appartenaient majoritairement au groupe des Tutsi, environ 15 % de la population du Rwanda, dont la politique coloniale avait fait une prétendue « race ». Des milliers de Hutus opposés au régime génocidaire ont également été assassinés.

La France avait soutenu les autorités du régime planificateur du génocide, par un calcul cynique qui visait au maintien de la zone d’influence française en Afrique. Elle avait une présence militaire massive, elle était intervenue en 1990 pour sauver le régime du président Habyarimana et ses conseillers étaient restés présents auprès des forces armées rwandaises. Le génocide n’a pas été déclenché en un jour. Il était planifié depuis au moins deux ans.

Au niveau de l’État français, un négationnisme a longtemps entouré ce génocide, réfutant toute responsabilité et présentant l’assassinat du président Habyarimana comme la seule cause du génocide. Cet attentat aurait été commis par le FPR, mouvement fondé par des Tutsi, et les Hutus se seraient « vengés ». Or on sait maintenant que ce génocide avait été prémédité et planifié par les courants les plus extrémistes du « Hutu Power ».

Un « gouvernement intérimaire rwandais », formé dans les jours suivants dans les locaux de l’ambassade de France à Kigali, envoyait en mai des représentants à Paris pour négocier des achats d’armes.

La responsabilité de certains décideurs politiques français est écrasante. Le MRAP déplore que des historiens et des spécialistes français reconnus ait été écartés de la « commission d’enquête sur les archives françaises », annoncée fin mars 2019, et qui devra enquêter sur le rôle de la France au Rwanda.

Le MRAP se félicite que des militaires français, s’estimant instrumentalisés à l’époque, commencent à s’exprimer à ce sujet, comme le général Jean Varret, qui affirme avoir averti en vain les autorités françaises des projets dont il avait été informé.

Aujourd’hui, alors qu’un nationalisme hutu dirigé contre des Tutsis crée des tensions au Burundi, voisin du Rwanda, il est temps que le monde entier connaisse la vérité et tire les leçons du crime commis il y a un quart de siècle.

Paris le 7 avril 2019