Édito du mois de mai J’y suis, j’y vote : il est temps !
C’est le nom d’un collectif dont le MRAP fait partie qui, depuis de longues années, se mobilise pour une citoyenneté de résidence.
L’an dernier, nous avons élu nos conseils municipaux. En juin, nous allons voter pour élire ceux qui géreront nos départements et nos régions. NOUS ? Non, pas tout à fait … Une partie de nos voisins, qui travaillent avec nous, qui payent les mêmes impôts, qui utilisent les mêmes services publics, écoles, transports, hôpitaux n’auront pas, eux, leur mot à dire sur la gestion de cette société qui est pourtant la leur et à laquelle ils contribuent.
Ce qui les exclut ? Une seule chose : ils n’ont pas la bonne carte d’identité ! Depuis longtemps, on sait que la citoyenneté au sens national, simple état administratif, est bien moins réelle qu’une autre : la citoyenneté de résidence, celle qui fait qu’on participe à la vie d’une commune, d’un territoire, d’un pays. Depuis longtemps, beaucoup (et maintenant, on le sait, une majorité de Français) pensent que le droit de vote des résidents étrangers serait une chose normale. Seules les modalités (niveaux d’élections, éligibilité, durée de résidence …) pourraient être discutées.
Et ce ne serait pas seulement juste et normal, ce serait utile. Utile à la démocratie et à la société. A la société à laquelle ils pourraient apporter leurs avis, leurs expériences, leur dynamisme. A la démocratie, en ayant une opportunité supplémentaire de s’intégrer à la vie du pays où ils vivent, d’en être pleinement partie prenante. Et les enfants qui auront vu leurs parents voter deviendront encore plus facilement, à leur tour, des citoyens actifs. Comme les étrangers le sont déjà dans tous les domaines de la société : ne sont-ils pas déjà électeurs comme salariés dans leur entreprise, comme parents d’élèves dans les écoles, comme militants associatifs ?
Tout pousse à franchir ce dernier pas démocratique. Ce droit était promis par le candidat Mitterrand en 1981 ! Il a été acquis par les citoyens européens, au niveau municipal, par les accords de Maastricht en 1992, Et cinq États de l’UE l’ont déjà étendu à tous leurs résidents étrangers. Il a même été voté deux fois en France, par l’Assemblée Nationale en 2 000 et le Sénat en 2011, sans qu’aucun président ose aller au bout du processus constitutionnel.
Alors que des forces politiques continuent à cultiver activement le rejet de l’autre, et de l’étranger en particulier, instituer la citoyenneté de résidence serait un appui concret contre le populisme et la xénophobie. Le suffrage qui a été si longtemps censitaire, puis uniquement masculin, n’est-il pas temps qu’il devienne enfin UNIVERSEL ? C’est de cela que le MRAP et le Collectif vont s’attacher à convaincre les élus et les candidats, cette année pour les élections départementales et régionales, l’an prochain pour les élections législatives et présidentielles.
Jean-François QUANTIN, co-président du MRAP
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