LE GRAND REMPLACEMENT, un mythe à la fois têtu et absurde.
Depuis un siècle et demi, la population française s’est enrichie de nombreux apports, parfois importants, des Italiens, des Polonais, des Juifs d’Europe orientale, puis des Espagnols, des Portugais, des Maghrébins, et maintenant du monde entier.
Ces mouvements ont été systématiquement accompagnés de rejets alimentés en partie par une angoisse hélas trop répandue devant l’autre, mais aussi souvent vicieusement exploités dans des intentions politiques. C’est le cas actuellement avec le thème abondamment agité, sous des formes plus ou moins virulentes ou discrètes, du « grand remplacement ». Cette obsession atteint les sommets de l’indécence quand Eric Zemmour ose exploiter l’horrible assassinat de la petite Lola pour stigmatiser toute l’immigration, responsable de la criminalité en France.
Le MRAP, qui est conscient du fait que la question des migrations a des liens étroits avec le racisme, participe activement à l’accueil et l’acceptation des étrangers, à la construction d’un vivre ensemble fraternel. Une dimension de son action est la popularisation de cette simple vérité : ces apports de population, en une ou deux générations et par divers processus, se fondent finalement toujours dans la population générale. Un fait commence à être connu : un quart des Français ont au moins un grand-parent étranger.
Mais nous ne nous résignons pas à laisser ce processus historique se faire dans la lenteur et la douleur. L’intégration implique la volonté de la population d’accueil au moins autant que celle du nouvel arrivant. C’est pourquoi nous demandons que l’action à la fois de la société civile et de la puissance publique construisent positivement cette intégration. La vie associative, sociale et culturelle doit avoir les moyens de mener son action au plus près des populations. L’État et les services publics doivent aussi avoir des politiques actives dans ce sens et combattre tous les phénomènes discriminatoires qui contrarient cette intégration. Ceux qui ont franchi les frontières internationales ne doivent pas rencontrer ensuite d’autres frontières intérieures.
Le dossier de ce numéro de Différences propose quelques éléments d’information et de réflexion qui doivent éclairer cette perspective à laquelle notre action prétend participer.