APPEL

ÉDITORIAL

DÉFENDRE LA DÉMOCRATIE
Nos organisations, associations, syndicats ou partis sont fortement interpellés par la situation politique. Les idées de l’extrême droite, présentes depuis longtemps dans notre société, connaissent actuellement une nouvelle dynamique.
Elles ont trouvé un porte-parole radical en la personne d’Eric Zemmour, qui affiche de façon brutale et globale l’ensemble des positions les plus réactionnaires, le racisme, la xénophobie, le sexisme, l’homophobie.
Son discours se construit autour d’une identité essentialiste et mythique. Elle implique le rejet de tout ce qui est différent en matière d’origine, de religion, de culture ou de façon de vivre, exploitant la hantise d’un soi-disant « grand remplacement », à la fois démographique et civilisationnel. Sa référence aux pires périodes de notre histoire lui font envisager la possibilité d’un régime politique qui se démarquerait de la démocratie, préférant « le peuple à la constitution ». Des éléments nostalgiques du fascisme pensent déjà que leur heure est venue et ne reculent pas devant la violence. C’est ainsi que nous voyons des militants, des élus agressé·e·s, des locaux politiques ou syndicaux dévastés, et se multiplier les déclarations, les tags racistes ou des tombes vandalisées. C’est ainsi que nous voyons des tribunes de militaires factieux, des cortèges syndicaux attaqués, ou celui de la manifestation « contre les violences faites aux femmes », les « zouaves de Paris » blesser des opposants à Zemmour, ou quelques centaines de néo-nazis manifester dans Paris, bras entendus, en absence de toute force de l’ordre.
Nous sommes particulièrement inquiets que ce discours rencontre un écho réel dans une partie significative de la population, qui est ainsi distraite de ses vraies préoccupations sociales, économiques et politiques. Et cela d’autant plus facilement qu’une majorité de la classe politique reprend ces thématiques, directement ou indirectement, soit parce que ce sont les siennes, comme le Rassemblement National, héritier du Front National, soit parce qu’elle se croit obligée de participer à une concurrence mortifère sur le même terrain que l’extrême droite.
Nous pensons nécessaire aujourd’hui de mobiliser toutes les forces démocratiques pour enrayer cette mécanique infernale. Chacune de nos organisations, dans son champ d’action et avec ses modes d’action, décide de participer à une campagne commune pour contrer les idées nauséabondes qui envahissent la vie politique et pour défendre et promouvoir les valeurs de la démocratie et des droits humains.
Cette campagne doit se construire nationalement dans un collectif proposant des argumentaires, des mots d’ordre, du matériel de communication. Cette coordination pourrait aussi envisager des actions nationales. Mais c’est sur tout le territoire que nous devons promouvoir partout des « Comités de Défense de la Démocratie », avec toutes les forces citoyennes disponibles sur chaque territoire.
Le pire rôde autour de nous, mais il n’est jamais certain. Cela dépend de nous.