ÉDITORIAL

L’AFGHANISTAN, UNE ÉPREUVE POUR L’AMITIÉ ENTRE LES PEUPLES

Bien sûr, le retour de Talibans au pouvoir en Afghanistan a été un choc pour tous les amis des droits humains. Mais quelle est la portée réelle de cet événement ?

Nous sommes évidemment d’abord solidaires de l’épreuve qui attend le peuple afghan, face à l’effacement de tous les droits et de toutes les libertés, face à un totalitarisme théocratique que ce peuple a déjà connu et dont on a d’autres exemples dans le monde. On sait que les femmes seront les premières victimes de cet obscurantisme triomphant Mais c’est aussi un échec stratégique qui interroge sur la façon de construire un monde plus démocratique et plus émancipé. Vingt ans d’intervention occidentale n’ont pu ramener dans ce pays ni la paix, ni la démocratie. Une société libre et démocratique n’a été pas été importée par l’intervention extérieure, mais elle n’a pas non plus été construite par ce
peuple débarrassé de la dictature dont il sortait. Bien au contraire, le rejet de cette
intervention extérieure a fourni un aliment aux forces les plus réactionnaires, pour prospérer et revenir au pouvoir. Ce-la nous interroge sur la façon dont peut se construire un Etat démocratique, dont nous continuons bien à penser qu’il est la seule voie vers l’émancipation des peuples, même si certains seront intéressés à conclure que cet idéal n’est décidément pas universel.

Nous continuons aussi à penser que cet universalisme est pertinent pour la gestion des grandes questions qui concernent l’humanité. C’est pourquoi nous avons prévu de consacrer le dossier de cette revue à l’action de l’ONU, depuis sa création, dans le combat contre le racisme. Mais on voit aussi, dans le cas de l’Afghanistan, les immenses limites de cette organisation dans la gestion des affaires de l’humanité. Dans le cas de l’Afghanistan, le mot impuissance de la communauté internationale est dans tous les commentaires. Les grandes
puissances comme la Chine et la Russie bloquent déjà toute condamnation réelle du nouveau régime. Même l’aide humanitaire, qui va rapidement devenir essentielle, sera difficile à assurer.

Nous affirmons pourtant qu’au-delà de la lutte des peuples eux-mêmes, l’action internationale est le cadre nécessaire à la solution des divers conflits à travers le monde.
Ce qui reste une tâche à notre portée, et elle est impérative, c’est le soutien et l’accueil inconditionnel de tous les Afghans, toutes les Afghanes, et leurs familles qui ont besoin de trouver un refuge. Un article de cette revue est consacré à cette question.