Décès de Rhita Bennani
C’est avec une immense tristesse et une profonde douleur que nous annonçons le décès, mercredi 26 juin, de Madame Rhita Bennani, la veuve de Mehdi Ben Barka.
Ses enfants, sa sœur, son frère, ses nièces et neveux, ses petits-enfants, ses belles-filles et tous ceux qui la connaissaient la pleurent avec une peine insurmontable.
Ciment de la famille, elle était un repère pour toutes celles et tous ceux qui étaient attachés aux valeurs d’humanisme, de fraternité et de solidarité. Mammo pour les uns, mammi pour les autres, elle représentait un ancrage pour toute sa famille, un exemple de simplicité, de bonté et un refuge au cœur généreux et à l’écoute jamais démentis.
Grande dame, elle était animée d’une détermination sans égal, son courage et sa dignité étaient exemplaires, sa générosité sans limites.
Jusqu’à son enlèvement et sa disparition, elle avait accompagné son mari, Mehdi Ben Barka, dans toutes les épreuves de sa vie militante aussi bien contre le protectorat que pour l’édification d’un Maroc indépendant démocratique, partageant les joies et les peines de la vie familiale. À partir de 1960, au même titre que son mari, elle a subi les harcèlements de la police politique du régime, ce qui l’a obligée à quitter le Maroc en 1964. Elle n’y est retournée qu’en 1999, quand elle a décidé avec ses enfants de mettre fin à leur exil après la mort de Hassan II qu’elle tenait pour responsable de l’enlèvement et la disparition de son mari.
Au moment de l’enlèvement, elle se trouvait exilée au Caire et, avec le soutien de son frère Othmane Bennani, elle s’est consacrée à l’éducation de ses quatre enfants et des deux enfants de sa sœur décédée qui vivaient avec la famille de Mehdi Ben Barka. Grâce à ses hautes qualités humaines, elle a réussi à leur transmettre les valeurs portées par Mehdi Ben Barka.
Pendant près de soixante années, elle s’est consacrée, à côté de ses enfants et avec ses proches au long combat de la recherche de la vérité sur le sort de son mari afin de pouvoir faire son deuil et se recueillir sur sa dépouille. Les raisons d’Etat marocaine et française, le manque de courage politique des deux côtés de la Méditerranée l’en ont empêchée.
Elle laisse le souvenir d’une femme très digne, symbole de la résistance des épouses et des mères porteuses du flambeau de la lutte pour la vérité, contre l’oubli et l’impunité.
Elle s’est éteinte sans souffrance, sereine, entourée de ses enfants et de son frère Ali dont le dévouement et l’abnégation ont été remarquables particulièrement durant ces dernières années. Son empreinte sera à jamais dans nos mémoires. Nous nous engageons à l’entretenir.
Nous vous tiendrons au courant des modalités de son inhumation en région parisienne.
Qu’elle repose en paix.
Paris le 27 juin 2024
Bachir Ben Barka