De quoi Zemmour est-il le nom ?
Les élections prévues en 2022 s’annonçaient particulièrement mornes, inéluctable reprise du scénario de 2017. C’est dans ce contexte que la presse, et derrière elle l’opinion, s’emballe brutalement pour un « coup de tonnerre » : la percée possible d’un candidat à priori improbable…
Eric Zemmour, puisqu’il faut l’appeler par son nom, se construit, à grand renfort médiatique, sur un thème unique, un thème qui nous concerne au plus haut point, celui de la xénophobie et de l’identité.
De ce point de vue, le MRAP ne saurait être surpris : c’est quotidiennement qu’il combat le mythe de la soi-disant « invasion » migratoire et du « grand remplacement ». Mais il sait qu’une partie de la population partage cette angoisse, pourtant irrationnelle au vu des réalités démographiques.
Le MRAP combat aussi ce que certains appellent l’insécurité identitaire. Oui, toute civilisation est vivante et évolutive, celle de la France s’est toujours faite, et continue à se faire, de nombreux apports. Non, 67 millions de Français ne sont pas menacés par 4 millions de compatriotes musulmans, qui n’ont rien à voir avec l’image agressive et totalitaire que quelques-uns en donne, ici ou dans le monde.
Mais ceux qui suivent le personnage depuis un certain temps savent que Zemmour est aussi porteur d’une idéologie plus complexe. Pendant longtemps, il attribuait principalement la « décadence » de notre société à sa féminisation ! Et puis aussi à la lâcheté de la démocratie, ce régime faible qui ne sait pas réprimer les déviances de toutes sortes… Sa nostalgie pour Pétain, ses doutes sur Dreyfus, son mépris de parlementarisme, tout fait de lui l’héritier d’une longue histoire de la réaction française. Au cœur de cette histoire, sous des formes différentes, on retrouve toujours le pilier du racisme et de la haine de l’autre. C’est une idéologie de combat, elle a besoin d’un ennemi, quitte à l’inventer.
Une affiche du MRAP proclame : « Un raciste est quelqu’un qui se trompe de colère ». C’est sur cette culture de la haine et de la violence que Jean-Marie Le Pen avait construit le Front National. Le Rassemblement National a voulu au moins masqué cet aspect. Et c’est sans doute de cela que Zemmour est le nom : il existe bien en France un espace réactionnaire et haineux permanent, qui trouve régulièrement son expression politique.
Les démocrates ne peuvent se faire d’illusion : leur combat doit être lui aussi tenace et permanent. Le MRAP s’efforce d’y tenir sa place. Que chaque citoyen y tienne la sienne !