On a ainsi vu fleurir les commentaires fondés sur l’origine des joueurs. Les médias ont souligné sans relâche que 14 des 23 sélectionnés avaient un lien avec l’Afrique. Chez certains cela a simplement renforcé leur délire raciste sur la destruction définitive de la société française. D’autres, sur un ton plus ou moins agressif ou ironique, ont parlé de « l’équipe d’Afrique ». Ainsi, certains ont voulu enfermer les joueurs dans leurs origines en publiant leur liste accompagnée de drapeaux des pays de leurs ascendants. Cette dérive pousse même certains jusqu’à opposer l’Afrique subsaharienne et celle du Nord … La réalité, c’est que seuls deux de ces joueurs sont nés en Afrique et un seul détient une double nationalité. Ce sont donc de jeunes Français dont seuls les noms ou les couleurs de peau poussent certains à se passionner pour leurs origines. Ces joueurs eux-mêmes ne cessent de minimiser le rappel incessant de ces origines par rapport à leur identité parfaitement vécue comme française.
A l’inverse, d’autres veulent voir dans cet événement un succès significatif de l’intégration des populations immigrées et d’une société qui sait intégrer la « diversité ». Le MRAP n’a pas oublié que les mêmes commentaires enthousiastes avaient été faits en 1998 sur le thème de l’équipe « black-blanc-beur ». Mais aussi qu’en 2001 des replis identitaires avaient amené à entendre une Marseillaise sifflée dans un stade, qu’en 2002 Jean-Marie Le Pen accédait au second tour, qu’en 2005 les banlieues toujours ghettoïsées s’enflammaient. Le MRAP ne boude certes pas sa satisfaction qu’une équipe nationale aussi diverse entraîne l’adhésion d’une immense majorité de la population. Mais il tient à rappeler que la discrimination continue à être un phénomène récurrent qui pèse lourdement sur la société française et que quelques belles réussites ne peuvent pas cacher que toute une partie de la population française souffre du poids de ses origines réelles ou supposées.
Le MRAP soutient activement l’action quotidienne de tous ceux qui, entre autres dans les clubs sportifs, œuvrent quotidiennement à développer le plaisir de vivre et jouer ensemble, de partager une passion commune. C’est d’ailleurs dans le cadre de ces structures populaires que les joueurs en question se sont révélés te épanouis.
Le MRAP partage la belle formule assurant que, plus que les origines, ce qui compte ce sont les destinations.
Paris,le 23 juillet 2018
Coupe du Monde : un débat malsain sur l’identité
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