Dans les statistiques sur lesquelles s’appuie le ministre, le SCRT distingue quatre catégories de faits : antisémites, antimusulmans (depuis 2010), antichrétiens (depuis 2017) et une dernière catégorie dénommée "faits racistes et xénophobes", qui regroupe tous ceux qui ne relèvent pas des trois premières : anti-noirs, anti-roms, anti-asiatiques, anti-arabes s’ils sont jugés sans caractère antireligieux... On peut s’interroger sur l’amalgame de "faits antichrétiens" qui gonflent les statistiques.
Le communiqué ministériel souligne d’entrée combien les "faits à caractère antisémites" ont augmenté. Ils sont passés de 541 en 2018 à 687 en 2019, soit une augmentation globale de 27 %, mais on distingue en fait une baisse des "actions" de 17 % et une hausse des "menaces" de 50 %. Le nombre de "faits antimusulmans" recueillis, moins nombreux, est également en hausse de 54 %, passant de 100 à 154.
Le MRAP apprécie que le Ministre appelle à "un sursaut de conscience de notre société" et formule une condamnation ferme et claire « des expressions et actes de haine... qui constituent une atteinte intolérable... aux fondements de notre pacte social et républicain ».
Le MRAP rappelle cependant que les déclarations ne peuvent suffire. Il attend des pouvoirs publics qu’ils agissent contre le racisme sous toutes ses formes, quels qu’en soient les victimes et les auteurs, y compris dans les institutions étatiques.
Dans les jours qui ont suivi cette déclaration de nombreux médias ont titré sur une "augmentation de 130 % des faits racistes " (de 472 à 1142), chiffres effrayants propres à frapper l’opinion publique.
Une lutte déterminée contre le racisme et la xénophobie nécessite une claire connaissance de la réalité et son analyse en toute lucidité. Un examen plus attentif des chiffres du SCRT est nécessaire et il en ressort que les 130 % mis en avant concernent non pas la totalité des faits racistes mais seulement les "autres faits", s’agissant tant des actions que des menaces.
La plus grande partie (977 sur 1142) sont des menaces tout à fait inacceptables et qui exigent d’être poursuivies avec toute la rigueur nécessaire.
La lutte contre le racisme a besoin de vérité et de rigueur. Ce ne sont pas ici les qualités premières de la présentation faite par nombre de médias des informations fournies par le Ministre de l’Intérieur.
Augustin Grosdoy
Président honoraire