Oui, le racisme tue ! Oui, les bras assassins sont armés par des discours de haine et de rejet de « l’Autre », parce que différent.
Cette montée du racisme, des idées d’extrême-droite, n’est pas propre à la France : les nuages bruns s’amoncellent en Scandinavie, Pologne, Hongrie… Dans toute l’Europe, l’extrême-droite est en phase ascendante et dans certains pays, elle est aujourd’hui une menace réelle. Mais la défaite électorale en Slovénie de Janez Janša, l’apprenti Orban, et celle de Marine le Pen montre qu’il est encore possible de battre l’extrême-droite.
Comment ne pas penser à cette Europe de la honte qui fait de ces mers le cimetière de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, victimes de trafiquants sans scrupule et du verrouillage de nos frontières ?
Comment ne pas penser à tous ces murs qui se construisent en Pologne, en Grèce, en Hongrie, tout autour de l’Europe ?
Comment oublier que le Royaume-Unis vient de vendre ses migrants au Rwanda, que la Turquie est payée pour bloquer les réfugiés de Syrie (victimes des mêmes bombes de Poutine que les Ukrainiens) et que les migrants qui sont capturés en Méditerranées sont refoulés en territoire libyen où ils sont soumis à des conditions de vie inhumaines : insuffisance de nourriture, d’eau, de soins médicaux, mais aussi passages à tabac, tortures, viols, esclavage, homicides… Personne ne l’ignore plus, mais notre président ne fait rien !
Macron prétend avoir entendu tous ceux qui ont voté contre Marine Le Pen, pour faire barrage à l’extrême-droite. Il devra le prouver ! Car c’est bien dans l’action gouvernementale, en particulier du gouvernement Macron 1, qu’il faut chercher les conditions de la banalisation du racisme
Les inégalités sociales qui bafouent les valeurs de la République, les lois liberticides qui cherchent à interdire les manifestations, la violence des « forces de l’ordre » qui à coups de LBD ont mutilés tant de manifestants, ont créé un terreau favorable à ces discours et politiques inacceptables qui reçoivent un écho dans la population. Cette population qui moins elle voit de « noirs » ou « d’arabes » et plus elle en a peur ! Marine Le Pen fait ses moins bons scores dans le 93 et ses plus élevés dans les campagnes !
Le désarroi social, le sentiment d’abandon de larges secteurs urbains et ruraux expliquent aussi le vote Rassemblement National même si nous savons que l’extrême‑droite n’a jamais, et nulle part, été synonyme de progrès social et économique, bien au contraire.
Les chantiers sont nombreux sur lesquels nous attendons des réponses :
Fin de la dématérialisation des procédures de régularisation, droit de vote pour les résidents non communautaires, arrêt des expulsions systématiques des étrangers, accueil décent des gens du voyage, arrêt du contrôle au faciès.
Il faudra, maintenant qu’il est élu, que Macron nous entende, qu’il entende tous ceux qui luttent pour leur pouvoir d’achat, leur retraite, leur condition de travail, un toit, leur régularisation !
Le MRAP tient à rappeler que le racisme est un phénomène dont les cibles et les formes peuvent, selon les moments et les circonstances, se développer, s’atténuer ou renaître de leurs cendres, et « qu’il est encore fécond le ventre d’où a surgi la bête immonde ».
La solution n’est évidemment pas dans de futurs matins bruns, mais dans la mobilisation pour une véritable égalité des droits en déconstruisant les préjugés historiquement instillés pour justifier toutes les dominations, notamment l’esclavagisme et le colonialisme pour ce qui concerne notre histoire récente. C’est pour cela que le MRAP propose la création d’un « musée national de la colonisation », pour construire une mémoire commune.
C’est pour cet objectif que les antiracistes sont, doivent être, mobilisés. Il y a urgence, des jours difficiles nous attendent.
Le MRAP en appelle à tous, et en particulier à la jeunesse. Il faut renforcer notre outil : les organisations antiracistes et en premier lieu... le MRAP !
Paris le 1er mai 2022