Construire une humanité en paix ?
Le MRAP a organisé le 18 mars, à la Sorbonne, un colloque prévu depuis deux ans et qu’il avait dû repousser en raison de la crise sanitaire. Il souhaitait faire le bilan de l’action de l’ONU dans le domaine de la lutte contre le racisme. C’était l’occasion de réfléchir à la dimension mondiale de la lutte pour l’unité de l’humanité.
Le XX° siècle nous a appris, par deux fois, que la guerre pouvait être mondiale. En 1945, il ne s’agissait plus seulement de clore un épisode guerrier qui venait de faire 50 millions de morts. Il s’agissait de se poser la question : la paix peut-elle aussi être mondiale ? Peut-elle être l’objet d’une construction volontaire et méthodique ?
Et pour cela, il fallait d’abord un outil : partant de l’analyse de l’échec de la SDN dans l’entre deux guerres, on créa l’ONU, Organisation des Nations Unis. Outre sa Charte, cette institution élabora et adopta rapidement un document fondateur : la Déclaration Universelle de Droits de l’Homme, la DUDH. C’est dans ce cadre que l’Unesco élabora un autre texte fondateur : sa déclaration de 1949 proclame définitivement que les races n’existent pas. Sur cette base, depuis des décennies, des négociations, des conférences et des conventions essaient imposer que cette notion d’égalité entre les êtres humains, une fois posée, s’incarne progressivement dans la réalité. Lentement, trop lentement, mais avec une volonté acharnée que nous partageons, elle tente de conquérir les esprits par l’éducation et les pratiques par des politiques adaptées. Elle inspire partout des luttes difficiles, mais parfois victorieuses, comme celle pour les droits civiques aux USA ou celle contre l’apartheid en Afrique du Sud.
Ce colloque a également permis de questionner la notion fondamentale d’universalité. Comment faire admettre l’unité de l’humanité, tout en y intégrant sa riche et nécessaire diversité, passée et présente ? Comment répondre à cette question quelquefois posée à juste titre, mais aussi souvent exploitée pour protéger des situations de domination.
Le représentant en France du Haut Commissariat aux Réfugiés est également venu nous expliquer pourquoi l’ONU avait intégré dans son projet de paix universelle la notion d’accueil et de droit à la protection. C’est la convention de Genève en 1951 : tout homme en danger doit pouvoir trouver un soutien quelque part dans le monde. Nous vivons au quotidien cette difficile mondialisation de la fraternité.
Enfin, comment parler de paix dans l’actuel contexte guerrier ? Le MRAP s’est déjà exprimé sur la guerre en Ukraine. Nous ne pouvons ici que rappeler que l’ONU a, dans ce domaine aussi, posé quelques jalons de ce qui devrait constituer un Droit International. Le MRAP y fait référence en divers points conflictuels de la planète. Dans le monde tel qu’il est construit depuis la dernière guerre mondiale, l’indépendance et la souveraineté des Etats reconnus par la communauté internationale, dans leurs frontières également reconnues, ne évoluer que par des accords négociés et acceptés.
L’Amitié entre les Peuples n’est pas seulement la moitié de notre nom, elle est le complément organique de la lutte contre le racisme.