La cause des Mapuches a largement imprégné les revendications du mouvement social qui dure depuis plus d’un an au Chili. Le drapeau mapuche est devenu l’un des emblèmes des luttes sociales et les fresques représentant Camilo Catrillanca (fermier mapuche tué d’une balle dans la tête en novembre 2018 par une unité spéciale de la police surnommé « commando de la jungle ») ont recouverts les murs de Santiago. « Nous voulons que soient inscrits dans la Constitution les droits de tous les peuples chiliens et la libre détermination du peuple mapuche afin d’aboutir à l’autodétermination dans le cadre de la République chilienne » avait déclaré Jaime Huenchullan, l’un des porte parole mapuche.

Depuis des siècles, le peuple Mapuche (mapu = terre, et che= gens) se bat pour ses droits. Dépossédés de 95 % de leurs terres par les conquistadors espagnols, ils ont été parqués dans des réserves et soumis à une assimilation forcée. Ils furent ensuite victimes d’ une répression permanente de la part de l’Etat chilien et des multinationales.

Brève éclaircie, le gouvernement de Salvador Allende, dans le cadre de la réforme agraire, leur attribua 200 000 hectares de terre, que Pinochet s’empressa de récupérer. Depuis, le pouvoir n’a cessé d’utiliser à leur encontre la loi « antiterroriste » promulguée sous Pinochet, mais ce peuple qui ne s’est jamais soumis à l’occupant espagnol a continué de résister malgré la répression, les arrestations arbitraires, les assassinats.

Ils s’opposent notamment, au saccage écologique de leurs terres ancestrales par les multinationales.

L’élection d’Elisa Loncon ( par 96 voix sur les 155 de l’Assemblée ) est une victoire pour le Chili, pour le peuple Mapuche mais aussi pour tous les peuples indigènes. 17 sièges avaient été réservés spécialement pour les différents peuples originaires dont 7 pour les Mapuches .

"Cette Constituante va transformer le Chili", a déclaré Elisa Loncón, en saluant la foule en mapudungun, la langue du peuple mapuche. Elle a souligné que c’était là un rêve partagé par toutes les communautés du Chili dans leur diversité, le rêve de prendre soin de la « Terre Mère », d’accéder aux droits sociaux et au droit à l’eau.

Le MRAP salue cette élection et souhaite au peuple chilien le retour enfin à la démocratie.

Paris, le 5 juillet 2021