Briançon : une atteinte intolérable au soutien aux migrants en péril
C’est avec stupéfaction et indignation que le MRAP a appris que le maire nouvellement élu de Briançon, Arnaud Murgia, vient de signifier à l’association Refuges solidaires, que la ville ne renouvellerait pas le contrat qui leur permettait de disposer de locaux à cet effet, locaux qu’ils doivent évacuer avant le 28 octobre.
Le 10 décembre 2019, Madame Nicole Belloubet, ministre de la justice, et Madame Soraya Amrani-Mekki, vice-présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, remettaient le Prix des droits de l’homme de la République française 2019. Parmi les lauréats figurait l’association Tous migrants ; à l’appui de ce choix le jury diffusait la citation suivante :
« Fondé par des citoyens indignés par le drame qui se joue à leur porte, à la frontière franco-italienne, le Mouvement citoyen Tous Migrants vise à porter secours aux personnes en danger dans cette région alpine, afin de permettre l’accueil inconditionnel auxquelles elles ont le droit. Le mouvement mène également des actions de sensibilisation, notamment dans le Briançonnais, autour du concept de fraternité. »
C’est donc avec stupéfaction et indignation que le MRAP a appris que le maire nouvellement élu de Briançon, Arnaud Murgia, vient de signifier à l’association Refuges solidaires, qui avec le soutien de Tous migrants, gère le refuge qui, depuis 2017, a permis l’accueil et le soin de 11000 personnes ayant franchi la frontière, que la ville ne renouvellerait pas le contrat qui leur permettait de disposer de locaux à cet effet, locaux qu’ils doivent évacuer avant le 28 octobre. Simultanément le maire entrave les actions de sauvetage menées dans la montagne, les « maraudes » menées par Tous migrants et Médecins du Monde, en leur retirant l’usage de deux locaux où elles entreposent leur matériel de secours.
Arnaud Murgia n’avait pas caché ses intentions durant la campagne électorale. Déjà, en 2018, alors secrétaire départemental du parti Les Républicains, il avait appelé à « mettre fin pour de bon à l’appel d’air qui a été créé de toutes pièces par les autorités municipales et mis en application par des associations ».
Cette attaque intervient alors que le Refuge solidaire de Briançon avait lancé, le 8 septembre, un appel sur le site tousmigrants.org : « Des migrants arrivent à nouveau à plus d’une centaine par semaine, surtout afghans et iraniens, et ce ne sont plus des hommes seuls, mais des familles avec enfants et bébés, épuisés et souvent blessés. Nous avons donc un besoin urgent de renforts en bénévoles, sinon le Refuge ne sera plus en état de fonctionner. »
Le Briançonnais est un lieu emblématique de la solidarité qui peut s’exercer auprès des migrants en péril. En d’autres lieux se révèle aussi l’urgence de cette solidarité et se lèvent des obstacles à sa réalisation ; l’interdiction faite aux associations « non mandatées par l’État (!) » de procéder à des distributions de vivres à Calais en est un autre exemple scandaleux. Le MRAP soutient les acteurs de cette fraternité active avec les migrants dans leur lutte pour la faire vivre en dépit des attaques inadmissibles auxquelles elle est confrontée.