AURILLAC RASSEMBLEMENT DU SAMEDI 13 JUIN 2020 11h DEVANT LA STATUE DES DROITS DE L’HOMME HOMMAGE A GEORGE FLOYD ET REFUS DU RACISME ET DES VIOLENCES POLICIERES EN FRANCE

A l’appel du MRAP, de la Cimade, de Rivages, d’Emmaüs, de la CGT, de la CFDT, de la FSU et de l’UNSA et avec le soutien d’EELV, des Insoumis et du PCF, nous sommes réunis pour dire : TROP, C’EST TROP !

AURILLAC RASSEMBLEMENT DU SAMEDI 13 JUIN 2020 : Hommage à Georges Floyd
Crédit : Mme Marjolaine GUILLOUARD - La Montagne
Mme Marjolaine GUILLOUARD - La Montagne

Nous ne pouvions rester silencieux devant la terrible mise à mort de George Floyd par 4 policiers blancs à Minneapolis. Cette agonie de 8 min. 46 secondes a révolté les consciences dans le monde et montré à quelle horreur peut mener le racisme : cruauté, sadisme d’un humain envers son semblable parce qu’il n’a pas la même couleur de peau ! Cela porte la mémoire de l’esclavage et de la ségrégation d’État. Rendons hommage à cette victime du racisme ordinaire, banalisé, en mettant un genou en terre, pendant la durée de son agonie et en écoutant « STRANGE FRUITS » Chanson composée en 1946 afin de dénoncer les pendaisons des Noirs) qui avaient lieu dans le Sud des États-Unis et auxquelles les blancs assistaient habillés sur leur 31. Le genou a remplacé la corde, le crime raciste demeure !

Nous ne pouvons rester silencieux devant les trop nombreuses violences policières en France, devant les propos et actes racistes de certains policiers. Refusant les amalgames et le communautarisme, nous n’accusons pas l’ensemble de la police. Cependant, d’une part, comme le dit Christine Taubira, ancienne garde des Sceaux : « chaque dérapage individuel tache l’institution entière » et d’autre part, une idée raciste véhiculée par un policier est d’autant plus inacceptable et dangereuse qu’il détient de fait un pouvoir.

« Je veux la tolérance zéro contre le racisme » affirme le ministre de l’intérieur. Il faut passer de la parole aux actes car Il y a fort à faire. Il est particulièrement inquiétant que des policiers puissent donner libre cours à des propos racistes, xénophobes et sexistes, sur leurs réseaux internes, y compris à l’encontre de leurs collègues, surtout quand ces pratiques sont ignorées, voire tolérées ou couvertes par certains de leurs supérieurs hiérarchiques ! Nous découvrons avec effarement que des policiers de Rouen tiennent des propos racistes, antisémites, sexistes et homophobes sur WhatsApp. Le 4 juin, un groupe Facebook de policiers s’échangent des messages racistes et le 8 juin, on découvre l’existence d’un nouveau groupe, le «  FDO 22 unis  » réunissant 9000 personnes dont de très nombreux membres des forces de l’ordre !

Le défenseur des droits, Jacques Toubon, affirme que : « Un Noir ou un Arabe a vingt fois plus de probabilité d’être contrôlé » ! Il n’est pas admissible que certaines personnes fassent systématiquement l’objet d’un contrôle au faciès. J. Toubon invite à « sortir des logiques guerrières » et plaide pour « une traçabilité des contrôles d’identité ». Il insiste : « Pourquoi est-ce que l’on connaît à l’unité près les contrôles qui ont été faits sur les attestations dérogatoires au confinement et pourquoi est-ce qu’on ne connaît pas, qu’on ne trace pas les contrôles d’identité dans la vie courante » ?

Samedi 13 juin 2020 à Auraillac en hommage à Georges Floyd
Crédit : Mme Marjolaine GUILLOUARD - La Montagne
Mme Marjolaine GUILLOUARD - La Montagne

Ces pratiques entraînent une crise de confiance des citoyens à l’égard des forces de l’ordre et elles sont un danger pour la République. Particulièrement chargés de faire respecter les lois, policiers et gendarmes, se doivent d’être exemplaires dans leur application, notamment celle qui fait du racisme un délit, depuis la loi du 1er juillet 1972 ! Les trois termes de la devise républicaine sont indissociables : Liberté, Égalité, Fraternité.

Le premier ministre vient de le rappeler : « La confiance entre les citoyens et ceux qui, à leur service et en leur nom, reçoivent la mission d’être les gardiens de la paix, est un élément central de la paix républicaine ».

Dans une société qui se veut démocratique, il est inacceptable que des violences policières puissent s’exercer en toute impunité contre des citoyens qui manifestent pacifiquement, comme il est inacceptable qu’une interpellation puisse entraîner la mort. Quelques exemples illustrent malheureusement cette réalité : Adama Traoré est mort dans les suites de son interpellation violente par les gendarmes et sa famille réclame justice depuis 4 ans ! Cédric Chouviat, livreur, est mort en janvier 2020 suite à une interpellation controversée. Tout récemment, le jeune Gabriel, 14 ans, a été sérieusement blessé lors d’une interpellation violente par des gendarmes et le ministre s’est déclaré « troublé » par cette affaire. De même, trop de personnes ont été blessées lors des manifestations des gilets jaunes. Il est tout aussi inadmissible que des étrangers soient laissés sans droits ni titre de séjour, abandonnés à des esclavagistes modernes et traités comme des délinquants.
Des mesures peuvent et doivent être prises pour mettre fin à ces pratiques et à leurs conséquences dramatiques (et même parfois irréversibles).

En aval, Mettre fin à un usage disproportionné de la force, surtout quand il se répand de façon trop systématique dans les manifestations : tirs de LBD, plaquage ventral, technique dite « d’étranglement » (quel intitulé !) dont le ministre a confirmé officiellement l’interdiction hier soir. Aller jusqu’aux condamnations quand les délits sont avérés et jugés : les représentants de l’ordre ne sont pas au-dessus des lois !

En amont et de toute urgence, mettre en place et renforcer une politique de formation des forces de l’ordre au respect des valeurs républicaines et des libertés individuelles garanties par la Constitution. Créer une structure de contrôle réellement indépendante : l’IGPN peut difficilement être juge et partie.

James Baldwin, qui dénonçait les extrémistes blancs et noirs, nous avertissait : « Si on ne règle pas le problème rapidement, il s’aggravera ». Applaudie au lendemain des attentats terroristes, la police ne doit pas maintenant être détestée. Pour retrouver la confiance et le respect des citoyens, le gouvernement doit lucidement mettre le doigt sur les failles et dysfonctionnements constatés et, courageusement se donner les moyens d’y mettre fin : la seule façon de redevenir au sens noble et plein du terme des « gardiens de la paix ».
Avant de nous disperser, Écoutons l’hymne du mouvement de lutte pour les droits civiques aux États-Unis : « WE SHALL OVERCOME »chanté par Joan Baez.

Aurillac, le 13 juin 2020

Paul HERMET
MRAP-CANTAL