Après les élections, quelles questions ?
Nous venons de vivre un épisode électoral. Les commentaires des médias se concentrent sur deux événements : l’abstention et le recul relatif du Rassemblement National. Le MRAP est interpellé par ces deux phénomènes.
L’abstention massive interroge sur le devenir de la démocratie. Les partis et la classe politique portent une lourde responsabilité. Leur refus de prendre en compte les demandes de la société, le recul des grands repères politiques, comme la « droite » ou la « gauche », l’affirmation, parfois assumée, que tout se vaut plus ou moins et qu’il n’y a plus de choix, donnent aux citoyens l’impression qu’il n’ont plus de prise sur des orientations profondément alternatives. Mais cet éloignement pour la démocratie électorale devrait s’accompagner d’un engagement accru à participer d’autant plus activement aux autres formes vivantes de la démocratie. Il est nécessaire que les citoyens s’engagent et participent aux différents aspects de la vie sociale, aux syndicats, aux associations, à tous les collectifs qui construisent d’une façon ou d’une autre l’évolution de la société. Le MRAP, s’il a appelé à utiliser au mieux le processus électoral pour défendre ses valeurs, appelle maintenant les citoyens à participer de façon militante à la construction d’une véritable « société civile » : c’est à elle d’imposer l’avenir que nous voulons.
Le MRAP se félicite que les résultats du Rassemblement National ne soient pas à la hauteur de ce que l’on pouvait craindre. Il constate toutefois que 19% des électeurs continuent à donner leur voix à ce parti et s’inquiète que Thierry Mariani, dans sa région, un ami de Bachar El Assad, puisse attirer encore autant d’électeurs. Notre combat contre ce parti n’est pas terminé. Mais le MRAP a aussi, et même surtout, appelé à combattre les idées de l’extrême droite. Ses thèmes et ses idées ont réussi à s’imposer à une grande partie de la classe politique et gangrénent aujourd’hui trop de discours et de pratiques sociales et législatives. Il convient bien sûr de se demander quel est le devenir politique des électeurs qui ne se sont plus mobilisés pour le RN. Se sont-ils réellement éloignés des idées dont il est porteur ? La « dédiabolisation » lui a-t-elle fait perdre l’image de rupture et de radicalité qui attirait certains ? Le pire serait que ces électeurs perdus restent disponibles pour d’autres aventures relevant de la même idéologie haineuse. Le MRAP s’inquiète aussi bien de l’appel séditieux de quelques généraux que des tristes gesticulations d’un Eric Zemmour.
Les militants de la démocratie et des droits de l’homme doivent avant tout mener un combat idéologique et agir pour que les insatisfactions, voire les douleurs, qu’engendre notre système social et politique se traduisent par une mobilisation renouvelée pour la construction d’un autre monde.
Juillet 2021