Alerte, démocratie en danger ! Tribune du MRAP dans l’humanité
Le Front National de Jean-Marie Le Pen s’est construit sur les provocations, nombreuses, de celui-ci. Ses déclarations nauséabondes ont conduit le MRAP à déposer plainte à de multiples occasions. L’objectif de Marine Le Pen est d’accéder au pouvoir, en tenant un discours plus feutré, voire « social », afin de tenter de ne plus attiser la peur. .
Cette attitude a conduit à l’émergence d’une droite extrême à la droite de Marine Le Pen incarnée entre autres par Marion Maréchal, Eric Zemmour, Florian Philippot.
Cette extrême droite radicale, qualifiée ou non de fasciste, crée un climat délétère qui n’est pas sans rappeler celui des années 30. Dans cette situation, ne pointer du doigt que Eric Zemmour serait une erreur.
Faut-il rappeler que depuis un an à peine, c’est une tribune de militaires factieux, signée par vingt généraux à la retraite, publiée dans le journal d’extrême-droite Valeurs actuelles sans aucune réaction du gouvernement ; c’est un syndicat de police qui veut « établir des check-points autour des cités et faire des contrôles des personnes pour les empêcher de sortir » ; c’est un appel ouvert de Philippe de Villiers à « l’insurrection » !
Ce sont aussi les violentes attaques contre le cortège syndical de la CGT lors de la manifestation du 1er mai 2021 à Paris, faisant plus de vingt blessés dont quatre grièvement, attaques accompagnées d’insultes homophobes, sexistes, racistes. Ce sont encore les agressions contre des personnes venues manifester contre les violences faites aux femmes ce 20 novembre .
Ce sont encore les agressions répétées perpétrées par des membres du groupuscule d’extrême-droite, Génération Identitaire à la frontière franco-espagnole au col du Portillon le 19 janvier ou dans les Alpes contre des migrants et les militants qui venaient les accueillir, conformément à notre tradition. Ces actions violentes sont destinées à « sauver notre peuple et notre civilisation », elles s’accompagnent du laxisme du Préfet de Haute-Garonne qui ose déclarer : « Les actions du groupe Génération identitaire, actions purement symboliques, n’ont provoqué aucun trouble à l’ordre public. ».
À Lyon, ce sont les attaques contre la librairie anarchiste la Plume Noire, contre les manifestations féministes et lesbiennes, ce sont, à Lyon le 23 octobre, des agressions contre des militants progressistes après une manifestation contre… les violences d’extrême droite
Et c’est aussi l’agression le 21 juin de Marie-Chantal Guzman, candidate communiste aux départementales à Grasse, dans les Alpes-Maritimes.
À Marseille la liste des exactions est longue : tentative d’incendie du local du PCF, agression de jeunes communistes, perturbation de rassemblement de militants des droits de l’homme, menaces de mort sur un parlementaire socialiste, coups portés à son collaborateur etc.
Présent lors du meeting du 5 décembre d’Eric Zemmour dimanche 5 décembre, le groupuscule néonazi « les Zouaves Paris » (créés par des anciens de l’Action française et du GUD) multiplie les actions violentes.
Des préparations d’attentats sont toujours à l’ordre du jour à l’extrême droite et pas moins de quatre ont été mises au jour et stoppées cette année. Le terrorisme d’extrême droite a en effet les moyens de puiser dans un véritable vivier : en 2020, la DGSI considère que le noyau dur des militants qu’elle nomme « d’ultradroite » est constitué d’environ 1 000 personnes, auxquels s’ajoutent 2 000 « suiveurs ».
Dans une vidéo vue 130 000 fois, le youtubeur d’extrême droite Papacito, sous couvert « d’expérience scientifique », tire sur un mannequin représentant un militant de gauche – un « électeur de Jean-Luc Mélenchon », équipé d’un T-shirt « Je suis communiste ».
Quant à Eric Ciotti, il déclare sans hésitation « Je veux un Guantánamo à la française » et de rajouter « Zemmour n’est pas un ennemi – c’est même un ami »
La liste n’est qu’une partie d’une liste qui s’allonge chaque jour, et qui hélas n’implique pas que l’extrême-droite. Les préjugés xénophobes et racistes continuent d’imprégner le discours politique français, bien au-delà des partis qui en ont fait leur honteux fonds de commerce.
Quand les droits des migrants sont constamment remis en cause, au mépris des engagements internationaux de la France, quand le droit de vote des résidents non communautaires est dénié, quand les expulsions d’étrangers explosent ou quand les contrôles au faciès persistent avec des discriminations criantes qui minent le vivre ensemble, comment s’étonner de la banalisation du racisme ? En se barricadant ainsi, l’Europe nous fait glisser vers un cauchemar nationaliste.
Et pendant ce temps, les inégalités sociales bafouent les valeurs de la République, créant le terreau de la montée du rejet de « l’autre ». Le désarroi social, le sentiment d’abandon de larges secteurs urbains et ruraux expliquent aussi le vote « Rassemblement National » ou l’intention de voter Eric Zemmour. Pourtant l’extrême droite n’a jamais et nulle part été synonyme de progrès social et économique. Bien au contraire.
Le MRAP réaffirme avec force que la solution face aux injustices et aux inégalités qui minent notre société ne réside pas dans de futurs matins bruns, mais dans une mobilisation de tous pour faire reculer les problèmes sociaux générateurs de souffrances, d’inégalités, de concurrence et de ghettoïsation. La solution est dans la mobilisation pour une réelle égalité des droits en déconstruisant les préjugés historiquement instillés pour justifier toutes les dominations.
Le 1ᵉʳ juillet 2022, nous commémorerons le 50ᵉ anniversaire de l’adoption de la loi de 1972, dite loi Pléven, loi votée à l‘unanimité tant à l’Assemblée Nationale qu’au Sénat. Cette loi fait du racisme un délit et non une opinion. À cette occasion, le MRAP pose une fois encore la question : « Comment une personne condamnée pour provocation à la haine raciste, qui n’a pas hésité à réhabiliter Papon et Pétain, peut-elle être candidate à la présidence de la République ? » Cette possibilité est en elle-même une insulte aux valeurs de la République .
Le MRAP lance à tous les démocrates, militants des droits humains, associations, syndicats, partis politiques un appel solennel « Alerte, la démocratie est en danger ! ». C’est toutes et tous ensemble que nous devons faire reculer les idées de l’extrême droite et leur violence.
Le MRAP appelle à construire partout l’outil de cette bataille d’idées : des « Comités de Défense de la Démocratie ». En ce sens, il s’adressera à tous ses partenaires dans les régions comme au niveau national, pour défendre la démocratie.
Le collège de la présidence du MRAP
Kaltoum Gachi Jean-François Quantin François Sauterey