Accueil et protection pour les Afghanes et les Afghans

Dimanche 15 août 2021, les Talibans ont repris le pouvoir à Kaboul. Ils en avaient été chassés en décembre 2001. Après 20 années de guerre, ce 15 août parachève l’échec cinglant des objectifs politiques et militaires proclamés par les USA et leurs alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

La crainte et le désespoir de nombreux Afghans et, plus encore, de nombreuses Afghanes, ont éclaté aux yeux du monde entier. Les femmes, parce que femmes, sont les plus menacées et les principales cibles des talibans, dont tous les efforts sont tendus vers le rétablissement des principes religieux les plus rétrogrades dans ce nouvel Émirat islamique.
Le 16 août Emmanuel Macron a annoncé une "initiative robuste" européenne pour notamment "la lutte contre les flux [migratoires] irréguliers". Il a aussi promis une "protection des plus menacés", en évoquant un droit d’asile réservé à un nombre limité d’Afghanes et d’Afghans. Cette "limitation" est bien comprise par la Cour nationale du droit l’asile (CNDA) qui, dès le 27 août, programmait une diminution de la protection des Afghanes et des Afghans au prétexte de la "cessation du conflit armé". Selon la CNDA, il n’y aurait donc plus lieu de leur accorder la protection subsidiaire1.
Hypocrisie ! Comme si la domination talibane ne portait pas atteinte aux libertés et ne menaçait pas les personnes et leurs vies ! En limitant aussi gravement la protection on semble réfléchir déjà à la façon de les expulser. Mais cette triste réalité n’est pas nouvelle : depuis longtemps les autorités françaises traînent les pieds pour accorder des visas aux exilés afghans.
En cette fin d’août, fuyant le chaos, 2700 Afghanes et Afghans sont arrivées en France et ont été répartis dans des lieux d’accueil sur tout le territoire métropolitain. On est loin du compte comme ont pu le laisser voir les scènes de l’aéroport de Kaboul envahi des personnes qui, dans la crainte et le désespoir – – au prix même de leur vie – cherchent à fuir leur pays.
Dans le même temps l’Europe et ses pays membres tergiversent et traînent des pieds pour prendre leurs responsabilités. Ils attendent que les réfugié.e.s restent dans les pays voisins de l’Afghanistan et n’affluent pas en Europe.
Aussi, le MRAP rappelle l’obligation du respect absolu et inconditionnel de la Convention de Genève de 1951 sur l’asile, signée par la France, et les textes de l’Union européenne qui font obligation de protection des populations qui craignent des persécutions pour des raisons politiques ou en raison de leur « appartenance à un certain groupe social » – ce qui est à l’évidence le cas d’un grand nombre d’Afghanes et Afghans.
Il exige donc qu’une protection inconditionnelle soit accordée à tout.e.s les personnes qui craignent la répression et les menaces des Talibans. Nous refusons tout tri entre les ceux et celles qui sont menacés. Il est du devoir de la France de tout faire pour les accueillir dans des conditions dignes.
Nous l’exigeons au nom du devoir de Fraternité, inscrit dans la devise de la République française.
Il en va de notre Humanité !

septembre 2021

1. La protection subsidiaire est accordée à toute personne dont la situation ne répond pas à la définition du statut de réfugié mais pour laquelle il existe des motifs sérieux et avérés de croire qu’elle courrait dans son pays un risque réel de subir une atteinte grave contre sa vie ou sa personne.