Communiqué : Journée Internationale pour l’élimination de la discrimination raciale
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Plus que jamais, le MRAP tient à exprimer son indignation face à la xénophobie et au racisme qui progresse dans notre société et à rappeler avec force à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale les principes qui s’imposent à tous, ceux de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention internationale de lutte contre le racisme.
Il rappelle qu’en 1966 l’ONU a choisi cette date en hommage aux 69 victimes de la répression - dont de nombreux lycéens et collégiens - de la manifestation de Sharpeville en Afrique du Sud : 60 000 Africains y brûlèrent leur laissez-passer pour protester contre l’apartheid.
Les douloureux événements de 2015, les attentats meurtriers tant en France que dans le monde, ont exacerbé la xénophobie et le racisme latents dans la société française. Le constat est accablant : la haine peut toujours tuer. Les réseaux sociaux diffusent toujours plus de propos antisémites et islamophobes ; tous les extrémismes, toutes les radicalités religieuses ou identitaires se répandent en propos prônant le rejet et la violence. Le discours public est de plus en plus racisé, des élus de tout bord n’hésitent plus à émettre des propos stigmatisants à l’égard des musulmans ou des Rroms.
Face à ce déferlement de haine, la réponse gouvernementale est dérisoire tant elle est inadaptée : hiérarchisation des racismes ; rejet des réfugiés hors des frontières de l’Europe ; coupable indifférence face à la mort de tant d’exilés, en Méditerranée, dans l’Atlantique, et dans les déserts africains ; marchandage honteux avec la Turquie pour refuser l’accès à l’Europe des réfugiés ; mesures uniquement sécuritaires avec la constitualisation et la prolongation de l’état d’urgence, l’extension de la déchéance de nationalité ; refus méprisant du chef du gouvernement d’entendre ceux qui tentent d’expliquer la dérive sectaire de ces quelques centaines de jeunes qui se laissent convaincre par les thèses djihadistes… Comment reconnaître là les principes de la République française, Liberté, Égalité, Fraternité ? Comment admettre que ce sont les mêmes qui les combattaient en 2012 qui les font voter en 2016 ? Ceux qui, indignés et solidaires, protestent et agissent sont au mieux moqués, au pis trainés en justice.
Les images déplorables de Calais et de la Grande Synthe où s’entassent dans des conditions indignes les exilés, les reconduites de toujours plus d’étrangers sans titre de séjour vers leur pays d’origine souvent en proie aux violences ou à la famine, des enfants qui à nouveau connaissent l’enferment en centre de rétention, les mineurs isolés étrangers laissés sans protection, les violentes expulsions des Roms des bidonvilles où ils essaient de reconstruire un semblant de vie paisible… Tant de principes et de lois sont foulés aux pieds.
Comment s’étonner avec une telle politique qu’aucun progrès ne soit constaté dans la lutte contre les discriminations directes ou systémiques, liées à l’origine, 15 ans après le vote de la loi : d’atermoiements en atermoiement, aucune mesure pour réprimer les discriminations dont l’illégalité est rarement sanctionnée : face à la discrimination raciste on reste dans le déni ; l’égalité de traitement cède la place à l’égalité des chances ou à la diversité, habile recours à la méritocratie qui fait porter la responsabilité du rejet sur la victime. La régression du droit du travail pourrait faciliter encore ces inégalités. Dans un autre domaine, l’Etat condamné pour faute lourde pour des contrôles au faciès formellement identifiés en vient à contester ce jugement ; la réforme du statut des gens du voyage n’est toujours pas adoptée et la loi sur l’accueil toujours pas appliquée. Le droit de vote des étrangers non communautaires est définitivement abandonné... Ces inégalités sont aussi des discriminations.
C’est le sombre portrait de notre pays qui alarme les étrangers, amis, visiteurs, résidents ou touristes, mais aussi les réfugiés syriens, irakiens qui ont peur de quitter l’Allemagne pour la France dans le cadre des accords de « partage » européens : ils ne comprennent pas cette dérive du pays de la Déclaration des droits de l’homme.
C’est à juste titre qu’une nouvelle fois, le Conseil de l’Europe a condamné les pratiques iniques de l’État français : le MRAP appelle toutes les forces citoyennes à se mobiliser contre toutes les formes de racisme individuelles et collectives, mais aussi à dénoncer les dérapages politiques et les dérives gouvernementales
Paris le 18 mars 2016