MRAP Strasbourg - Projections-débats dans toutes les classes d’un collège : environ 600 élèves concernés

Deux membres du comité de Strasbourg du MRAP et une stagiaire se sont rendus les 28, 29, 31 mars et le 1er avril à Soultz-Sous-Forêts à l’invitation de la direction du collège de l’Outre Forêt pour y organiser des projections-débats dans les 22 classes du collège.

Retrouver l’article sur le site du Comité de Strasbourg.

Celui-ci accueille environ 600 élèves habitant dans cette ville du nord de l’Alsace ou dans les nombreux villages avoisinants.

Nous avons été très bien reçus dans l’établissement.
Le comité du MRAP, ayant une subvention de la DILCRAH (Direction Interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), a pu financer les déplacements dans cette ville située à environ 60 km de Strasbourg et les dépliants dont un exemplaire a été remis à chaque élève.

Comme cela nous avait été demandé, nous avons projeté dans chaque classe le court-métrage du MRAP "Une femme candidate dans une entreprise du BTP !?" financé par la DILCRAH à l’échelon national et qui dure 8 min.
Un débat a suivi sur les préjugés et les discriminations qui apparaissaient dans le film, de nature sexiste, liés à l’origine, à la religion, à la grossesse, à la situation familiale.
Nous étions présents dans chaque classe durant 55 min.

L’attention et la participation des élèves lors des projections-débats ont été très bonnes.
Ils ont pu faire part de leurs expériences, découvrir des réalités que nous leur avons fait connaître, ce que vivent les personnes maghrébines et d’autres pays et réfléchir avec davantage d’éléments.
Pour les 4èmes et 3èmes le film a permis aussi d’attirer l’attention sur la façon de se comporter lors d’un entretien pour obtenir un stage en 3ème ou par la suite un emploi.

Des professeurs ont relevé la qualité de ce court métrage.

Une partie des débats a porté sur les insultes entendues au collège ou ailleurs :
"Fils de pute", "Nique ta mère"...
Nous avons fait remarquer que ces insultes s’attaquent aux mères de ceux qui sont visés. Cela fait d’autant plus mal aux fils (et aux filles) que leur mère a passé beaucoup de temps quand ils étaient bébés à leur apprendre à boire, à manger, jouer, agir avec leurs mains, parler, marcher, bref des fondamentaux pour toute la vie. Toute attaque contre leur mère est donc très mal vécue.
Il fut question aussi du rôle des pères, des 26 jours de congés de paternité attribués récemment pour qu’ils puissent eux aussi s’occuper très tôt et mieux de leurs bébés.
Par ailleurs les enfants ne sont pas responsables de ce que font ou ont fait leurs parents ; c’est l’inverse pour les mineurs !

Ont été démontées aussi d’autres insultes de type raciste...

Souvent, comme dans le film, leurs auteurs disent que "c’était pour rigoler."
Or des mots peuvent blesser ou détruire quelqu’un et ne font pas « rigoler » les victimes.
Une fois que les mots sont dits, l’auteur n’a plus vraiment le contrôle des conséquences.
Ainsi le 1er juillet 2020 à Hoerth un garagiste de Haguenau (ville toute proche), avait dit à une femme et à sa fille « sale race », puis « Vas chercher un bidon d’essence, on va brûler cette sale race comme a fait Hitler ». Son épouse avait dit « sale race » tout en assistant à la scène.
Lui a été condamné à 4 mois de prison avec sursis et elle à 3 mois avec sursis.
En plus des incarcérations suspendues au-dessus de leurs têtes en cas de récidive, ces propos leur ont coûté à eux deux environ 5 000 €.

Parfois les enfants et les adolescents ne se rendent pas vraiment compte du sens des mots. Aussi nous les avons invités à réfléchir avant d’agir.
A cause d’une certaine inconscience des mineurs, la Justice donne en fonction de l’âge des peines plus légères qu’aux majeurs (voir en bas de page à propos du cimetière juif de Sarre-Union [1])

Il a été question aussi de la nécessite d’avoir des preuves et des témoins lorsqu’on est soi-même victime. Il faut en effet pouvoir convaincre les parents, les personnels d’éducation et bien entendu si nécessaire le procureur de la République et les juges.
Le dépliant ci-dessous a été remis à chaque élève et aux professeurs de la classe.

Au début et à la fin de la séance nous disions :
« le but de notre présence est d’agir pour que vous viviez ensemble le mieux possible dans la classe, au collège, à la maison, dans la vie en général, y compris quand vous êtes à l’étranger ».

En avril et mai dans d’autres collèges et lycées des activités semblables sont planifiées utilisant plusieurs courts métrages du MRAP tournés entre 2019 et 2021.
Nous étudierons toute nouvelle demande au cours de l’année.

Notes

[1Poursuivis pour profanations en réunion de sépultures dans le cimetière juif de Sarre-Union à raison de l’appartenance des défunts à une religion et pour dégradation de bien affecté à l’utilité publique le 12 février 2015, les auteurs, âgés de 15 ans et demi à 17 ans au moment des faits, ont été jugés en septembre 2017 par le Tribunal pour enfants. Leur ont été infligés entre 8 et 18 mois de prison avec sursis. Les peines ont été assorties de 140 heures de travail d’intérêt général. Le site a été restauré lors de différents travaux à partir de 2015. Le 25 mars 2022 le tribunal a condamné les 5 prévenus à verser solidairement 85 000 € aux 40 victimes qui s’étaient constituées parties civiles.