Moyen-Orient: Israël-Palestine de 1948 à 1987

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Le Moyen-Orient à travers les publications du MRAP 1ére partie: Israël Palestine 1948 1987

Création d'Israël

Droit et Liberté n°6 du 15 mai 1948

Un rêve deux fois millénaire

L'ONU vote le 29 novembre 1947 le plan de partage de la Palestine, sous mandat britannique depuis 1917, en deux états indépendants l'un juif, l'autre arabe.
L'état d'Israël devient officiellement indépendant le 14 mai 1948.
Droit et Liberté, qui reparait en 1948 et qui deviendra l'organe du MRAP en 1949, salue avec enthousiasme cette décision et la réalisation "d'un rêve deux fois millénaire" et suit avec angoisse les combats qui embrasent la région.
Droit et Liberté de février 1948 (voir le document)

Droit et Liberté appelle à la reconnaissance de l'état d'Israël et à la constitution de l'état arabe prévu par le plan de partage.
Dans le n°5 du 1er mai 1948 est publié un appel de l'UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide) :
"L'UJRE a pris l'initiative de s'adresser à de nombreuses personnalités françaises pour leur demander de signer la déclaration ci-dessous dénonçant la violation des décisions internationales:
"Emus par la remise en question de la décision de l'Assemblée Générale de l'O.N.U, du 29 novembre 1947 - décision portant sur la création de deux Etats indépendants, juif et arabe, en Palestine - nous nous adressons à l'Assemblée de l'O,N.U. du 16 avril pour lui demander de faire honneur aux engagements pris. Nous considérons que la mise en application immédiate du plan de partage est possible sans effusion de sang.
En la retardant on porte une atteinte dangereuse au prestige des Nations-Unies et à la cause de la paix. Contester le plan de partage serait également prendre une lourde responsabilité dans les massacres qui se préparent. Ceux qui ont payé un si lourd tribut à la dernière guerre méritent le soutien de tous les hommes de progrès pour la réalisation d'un Etat juif indépendant en Palestine."
Droit et Liberté n°5 de mai 1948 (p3) (voir le document)

En mars 1948, rendant compte d'un meeting de solidarité tenu à la Mutualité, Droit et Liberté relaie les paroles de J. Duclos:
"J'ai la conviction profonde qu'il y a un malentendu tragique, dont certains profitent, entre le peuple juif, qui a le droit de rester en Palestine et le peuple arabe qui a, lui aussi, le droit d'avoir sa place en Palestine. Et j'ai le sentiment profond qu'il y a à travers le monde des malfaiteurs publics, des gens qui ont dans les veines du pétrole en guise de sang, qui ont intérêt, peut-être, à ce que les Juifs et les Arabes se dressent les uns contre les autres, pour pouvoir assurer leur domination impérialiste sur l'ensemble du Proche-Orient ! Telle est la vérité. Je déplore, quant à moi, que des luttes fratricides ensanglantent ce coin du monde alors que j'ai la conviction que l'on pourrait mettre un terme à cette situation si pénible, si l'on appliquait les décisions, prises par l'Organisation des Nations Unies, qui tendent à constituer en Palestine un Etat juif indépendant et un Etat arabe. On ne veut pas réaliser ces décisions.
Il y a des obstacles qui, chaque jour, se dressent pour en empêcher la réalisation, Peut-être y a-t-il des hommes qui veulent empêcher le partage de la Palestine pour pouvoir rester plus longtemps là-bas et pour pouvoir prolonger leur mandat.,. Derrière tout cela, il y a, de toute évidence, des luttes d'influence qui se manifestent entre des sociétés de pétrole et les Etats qui sont derrière ces sociétés pétrolières."
(DL n°2 mars 1948) (voir le document)

Reconnaître Israël

Dans le n°7, Droit et Liberté publie un mémorandum d'organisation juives insistant sur la nécessité pour la France de reconnaître l'état d'Israël et à d'exiger la constitution d'un état arabe :
"Les représentants des organisations juives de France soussignées ont l'honneur de soumettre à M. Je Ministre des Affaires Etrangères la présente requête en vue de la reconnaissance, par la France, de l'Etat d'Israël. La France généreuse, qui a été la première nation à émanciper les Juifs en leur accordant les droits de l'homme et du citoyen, et à proclamer le droit, de tous les peuples de vivre libres, restera fidèle à elle-même et à ses glorieuses traditions en reconnaissant le jeune Etat d'Israël, lequel s'est engagé, dès sa naissance, à observer les principes démocratiques énoncés dans la charte de l'O.N.U. Par la haute autorité morale de la France, ce geste de son Gouvernement, consacrant une décision de justice et de réparation à l'égard du peuple juif,' est de nature à amener l'apaisement et l'entente entre,Juifs et Arabes et à hâter une solution pacifique du conflit qui ensanglante la terre sainte. Mandatée par ces organisations pour effectuer cette démarche, la délégation exprime sa confiance en la France et prie M. le Ministre de ne plus tarder à accomplir l'acte de reconnaissance de l'Etat d'Israël. Avec tous les démocrates de ce pays, tous les hommes épris de liberté et de justice de par le monde applaudiront à ce geste."
(DL n°7 juin 1948) (voir le document)
Le n°11 revient sur ce même sujet: "Il y a quelque chose de puéril dans les considérations de ceux qui se demandent si le plan de partage est juste ou réalisable. Les Arabes aussi bien que les Juifs chercheront - et trouveront - les moyens d'aplanir les difficultés une fois que l'existence des deux Etats ne sera plus contestée. Nous en sommes persuadés, non pas parce que nous croyons à la « bonne volonté », mais parce que la communauté de vie est plus forte que la division artificiellement provoquée. Tout effort, toute action, tendant à donner force à la décision du 29 novembre sert la cause des peuples et de la paix. C'est pourquoi il serait juste que le gouvernement français reconnaisse l'Etat d'Israël...Si la France se décide à reconnaître l'Etat d'lsraël - et dès sa constitution, l'Etat arabe de Palestine - les agresseurs seront dévoilés et le travail du Conseil de Sécurité sera grandement facilité."
DL n°11 août 1948 (voir le document)

Quo vadis Israël

La situation très complexe dans cette partie du monde, prise dans les conflits de la guerre froide et ses luttes d'influence, l'attitude ambigüe des parties en présence, amène rapidement Droit et Liberté puis le MRAP en 1949 à s'interroger, tout en maintenant son exigence de reconnaissance et de soutien au jeune état.

Présentant les "forces déchues et forces montantes en Israël" M. Vilner écrit: "Déjà, le monde entier se demande avec curiosité quelle sera la structure et le visage politique et social du nouvel Etat, quel sera son rôle dans le Moyen-Orient et dans le monde de demain, « Neutre entre l'Est et l'Ouest ~, proclame le gouvernement provisoire Ben-Gurion. « Inféodé à Moscou ~, insinuent les ennemÎs du jeune Etat pour justifier leur attitude. « Etat d'un type nouveau ~, assurent les uns, « Etat socialiste et collectiviste ~ prétendent les autre". Pendant cc temps, les pressions financières ct politiques redoublent. tandis que se succèdent les interventions diplomatiques et militaires."
DL n°19 de janvier 1949 (p3):(voir le document)

Puis dans le n°22 du 15 février 1949, rendant compte des élection israëliennes M. Vilner s'interroge: "Quo vadis.. Israël?" (p3). Droit et Liberté n°22 (voir le document)
Et le dans le n°28 du 15 mai 1949 dans un article: "Le peuple d'Israël a gagné la guerre, saura-t-il préserver la paix?" Catherine Varlin s'interroge sur la politique menée par le gouvernement Ben Gourion:
"La cessation des hostilités montra plus clairement encore, si besoin en était que le Gouvernement d'Israël préférait composer avec les pires tenants de l'impérialisme que de les défaire.
Tendant une main fraternelle à Abdallah de Transjordanie, Ben Gourion sacrifia allègrement la possibilité de l'existence d'un état arabe indépendant en Palestine, qui seul aurait pu apporter au peuple d'Israël l'espoir d'une sécurité sans cesse menacée par les volontés et les besoins impérialistes....Le Gouvernement Ben Gourion entreprit donc de séparer son peuple d'avec le peuple arabe en Israël. Il fit en sorte, tout d'abord, qu'il restât en Israël le moins d'arabes possible. En cela, il paracheva l'oeuvre du défunt gouvernement militaire britannique en Palestine. Puis il décida d'opposer, autant que faire se peut, les intérêts apparents des nouveaux immigrants juifs et des travailleurs arabes. Puis il créa à ces travailleurs . d'effroyables conditions de vie."
Droit et Liberté n°28(p3) (voir le document)

Droit et liberté n°34 de septembre 1949 publie l'interview de Moshé Sneh du MAPAM, membre du Parlement Israélien:
A la question "Quelle est votre attitude à l'égard de la question des réfugiés arabes?" il répond:
Nous avons toujours exigé le droit pour les réfugiés pacifiques arabes de revenir dans le pays. Nous l'avons lié avec notre réclamation que dans la partie arabe de la Palestine soit créé un état démocratique, indépendant, arabe qui serait lié avec Israël par une union économique et par un traité d'amitié.....Il est caractéristique que lorsque nous avons proposé, il y a un an, de proposer le droit des réfugiés pacifiques arabes à leur retour comme élément d'une entente démocratique entre juifs et arabes, les partis de la majorité nous ont presque dénoncés comme traîtres."
DL n°34 de septembre 1949 (p3):(voir le document)
Sur cette période de création de l'état d'Israël, on peut consulter l'ensemble des numéros des années 1948 et 1949. 1948 | 1949

La crise de 1956 et le regain de tension

Non aux haines aveugles

En 1956, à la suite de la nationalisation par l'Egypte du canal de Suez, la France, la Grande-Bretagne et Israël mènent une opération militaire conjointe. Le MRAP appelle au règlement pacifique du conflit: "Au Moyen-Orient, comme ailleurs, la haine, la tension qui suscitent les haines aveugles, ne profitent pas aux peuples dressés les uns contre les autres. Seuls quelques monopoles, quelques boutefeux peuvent en tirer profit. Aussi,est-il compréhensible que, ces derniers temps, de nombreuses voix se soient élevées, en Israël et dans les pays arabes, pour un règlement pacifique de conflits qui ont fait couler déjà trop de sang. Puissent les premières initiatives prises, aboutir, dans les plus brefs délais, à une paix réelle et juste, au règne de l'amitié.
Droit et Liberté de avril 1956 p7 et8:(voir le document)

Puis après le cessez-le-feu en novembre 1956: Comme le souligne la déclaration du Bureau National du M.R.A.P., les antiracistes ne savent que trop ce que la guerre engendre de haines de toutes sortes. Où passent les chars, fleurit difficilement l'amitié... Et si nous souhaitons la paix, c'est aussi parce que nous savons que la guerre empoisonne l'atmosphère, excite les passions aveugles, attise les préjugés et les incompréhensions...Puisse bientôt l'esprit de négociation triompher définitivement et ramener la quiétude, le respect mutuel, l'amitié même, dans une région du globe trop longtemps ensanglantée par d'inexpiables conflits. Droit et Liberté de novembre 1956 p3:(voir le document)
En 1957, Droit et Liberté publie un texte de M. Pierre Cot appelant à "une solution pacifique des problèmes du Moyen-Orient".
Droit et Liberté de avril 1957 p5:(voir le document)
En mai 1957, Droit et Liberté n°164 titre:"le dialogue est ouvert" , publie des textes de personnalités diverses et déclare: "Le Moyen-Orient reste le point sensible du globe. Les conflits qui agitent cette région sont lourds de menaces pour l'humanité tout entière. Le M.R.A.P. et « Droit et Liberté », qui unissent des antiracistes de toutes tendances, n'ont certes 'pas à se prononcer sur les problèmes politiques complexes qu'implique cette situation douloureuse. Ce que nous pouvons toutefois affirmer, c'est que, selon nous, tous les pays du Moyen-Orient, Israël comme les pays arabes, ont droit à l'existence, à la sécurité, au respect de leurs aspirations, de leurs Intérêts, de leur Indépendance. Nous ne pouvons admettre les discriminations quelles qu'elles soient, aussi bien dans les 'rapports entre ces pays que dans leurs rapports avec les autres puissances. Nous ne pouvons admettre les excitations à la haine, nourries de chauvinisme, d'antisémitisme et de racisme. Nous pensons que, divisés, dressés les uns contre les autres, excités en fonction des Intérêts et de la stratégie liés au pétrole, les peuples du Moyen-orient, placés par l'histoire et la géographie devant un même destin, peuvent et doivent co-exister et coopérer dans la paIx."
Droit et Liberté n°164 (p3): (voir le document)


En 1964 le détournement des eaux du Jourdain provoque de nouvelles tensions, Droit et Liberté de janvier 1964 note:
"L'antiracisme est un tout. Et notre attachement à l'idéal d'amitié et de paix entre tous les peuples nous amène, antiracistes conséquents, à ressentir avec une angoisse toute particulière ies aspects multiples et contradictoires de la situation au Moyen-Orient."
Et plus loin: "L'affaire des eaux du Jourdain, qui fait peser à nouveau la menace de la guerre, est typiquement de celles qui ne peuvent être résolues que par la négociation et la collaboration"
Droit et Liberté n°228 (p3): (voir le document)

Pour la recherche d'une solution juste et pacifique

En 1965, lors de la journée nationale contre le racisme antisémitisme et pour la paix Me Manville présente une motion qui a été adoptée déclarant notamment:
"Soucieux du maintien de la paix dans les régions où elle se trouve menacée, les participants à la Journée Nationale expriment en particulier leurs préoccupations, en tant que militants antiracistes et en tant qu'hommes attachés à la cause de la paix, concernant la situation au Moyen-Orient où le litige israélo-arabe risque de conduire à un affrontement armé aux conséquences incalculables non seulement parmi les peuples avoisinants mais pour toute l'humanité.
Conscients des origines lointaines de ce litige ainsi que de ses données actuelles multiples et complexes, ils estiment néanmoins que l'intérêt des peuples de cette région, dont l'histoire présente tant de similitudes et de rappels communs, victimes les uns et les autres du racisme, réside dans la recherche d'une solution juste et pacifique .
C'est pourquoi les participants à la Journée Nationale appellent à des efforts toutes les parties concernées pour qu 'elles cherchent à aboutir à la réparation des injustices subsistantes de façon à ce que le règlement éventuel soit acceptable pour tous. En particulier, doivent être sauvegardés les droits des minorités arabe dans l'Etat d'Israël et juives dans les Etats arabes, ainsi que ceux de la communauté nationale arabe palestinienne."
Droit et Liberté n°244 (p12): (voir le document)
En 1966, le MRAP souligne que sa position peut lui valoir des critiques, mais déclare Charles Palant: « Nous demeurons persuadés, qu'une solution pacifique est possible, dans le 'respect des droits et des intérêts légitimes des peuples en présence. Juifs et Arabes sont des hommes au riche passé de culture et de civilisation. Les uns comme les autres ont souffert de l'oppression raciste. Il est grand temps qu'à la pseudo fatalité d'un affrontement sanglant, les hommes de bonne volonté substituent 'la perspective d'une coexistence pacifique, harmonieuse et fraternelle . "
Droit et Liberté n°255 (p3): (voir le document)

La guerre des 6 jours

Droit et Liberté n°264 de juillet 1967

Fin mai 1967, à la veille du déclenchement du conflit, Droit et Liberté publie un article "Sauver la paix au Moyen_Orient où il déclare:
"Alors qu'il faudra, un jour ou l'autre, négocier,us ne pouvons admettre que la catastrophe s'abatte sur les peuples du Moyen-Orient, que des milliers, peut-être des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, soient, de part et d'autre, sacrifiés. Car, les partisans du combat à tout prix, les tenants de la guerre fraîche et joyeuse auraient tort de s'y méprendre: en cas de heurt, étant donné les armements en présence, aucun des deux camps ne serait épargné."
Et en conclusion de cet article, le MRAP lance un appel:
Le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et pour la Paix (M.R.A,P.)., qui œuvre depuis de nombreuses années, au rapprochement des peuples et qui groupe en son sein des juif" et des arabes partageant loyalement le souci de combattre le racisme et l'antisémitisme, exprime l'angoisse des antiracistes devant la montée des périls au Moyen-Orient et les conséquences tragiques qui peuvent en découler pour la paix du monde.
Le MRAP reste persuadé qu'il est possible d'aboutir à une solution négociée de ce conflit si les puissances intéressées ont la volonté de tenir compte des intérêts légitimes et fondamentaux des peuples en cause tel qu'il résulte des données objectives de la situation: le droit irréversible de l'Etat d'Israël à l'existence aussi bien que les aspirations de la communauté nationale arabe palestinienne.
Il souligne que les peuples du Moyen-Orient qui ont déjà tant souffert de la guerre, du racisme et de l'antisémitisme sur cette terre, objet de tant de convoitises et d'intrigues sanglantes, ont besoin non de violences aveugles mais de progrès, d'indépendance et de coopération.
Le M.R.A.P. adjure les gouvernements sur qui pèse la responsabilité de la paix de tout faire pour éviter ,un nouvel affrontement s'ajoutant au drame que connait ,dans le sud-est asiatique un peuple martyr. Tous ceux qui veulent sauvegarder l'avenir des peuples du Moyen-Orient et par-delà l'avenir de l'humanité; ont le devoir d'imposer la paix.
Paris, 25 mai 1967.
Droit et Liberté n°263 (p3): (voir le document)

Aprés les opérations militaires, le MRAP fidèle à sa ligne de conduite s'interroge: Moyen-Orient: et maintenant? ; Louis Mouscron écrit dans Droit et Liberté:
"Le vrai problème est celui-ci: N'est-il pas possible de rechercher une solution assurant à la fois l'existence d'Israël et les droits de ses voisins, de sorte que le statut de cette région ne soit pas fondé sur la force et constamment remis en question? n'était-il pas possible de concevoir, avant la crise, une autre politique, fondée, de part et d'autre, sur le respect des aspirations nationales et mettant fin aux souffrances des réfugiés?"
Cette position s'efforçant de s'élever au dessus des luttes partisanes et de prendre en compte tous les aspects du problème suscite des réactions parfois hostiles, y compris parmi les adhérents du MRAP, ce dont rend compte Droit et Liberté n°264 en publiant des lettres de lecteurs qui mettent en lumière la diversité des réactions.
Le MRAP organise dès le 12 juin 1967 un meeting à la Mutualité sur le thème: Comprendre et se comprendre", puis le 24 juin une table ronde réunissant des spécialistes du Moyen-Orient, tous concluent que le règlement de la situation des Palestiniens est un préalable au règlement du conflit.
Droit et Liberté n°264 (p12): (voir le document)
20 ans plus tard, dans la rubrique regard sur notre histoire, Droit et Liberté revient sur cette période et souligne le courage de cette prise de position prenant en compte les deux peuples, à contre courant de l'opinion générale en France.
Parlant du "tournant de 1967", il écrit:"Le MRAP, en fait, arrive à déclencher un courant d'objectivité, qui se traduira quelques semaines plus tard, par l'organisation d'une table ronde contradictoire à ce sujet et la publication dans Droit et Liberté de nombreuses réactions, dont le moins qu'on puisse dire, à les relire vingt ans après, c'est qu'elles naviguent allègrement d'un extrême à l'autre . Dans cette crise de 1967, le MRAP venait de trouver son identité, celle d'un lieu de dialogue et d'analyse au-delà de la haine et des préjugés. Ce qui lui valut nombre d'adhésions nouvelles .... et autant de départs."
Droit et Liberté n°465 : (voir le document)

Un dossier "le Moyen-Orient de A à Z" est publié dans les numéros 265 et 266 de droit et Liberté qui écrit: "Nous n'avons évidemment pas les moyens de trouver la solution au conflit du Moyen-Orient. Droit et Liberté, par contre, peut et doit, à l'heure où tant de mauvaises raisons ont entraîné tant de prises de positions passionnelles, où le racisme joua trop souvent son rôle néfaste , apporter à ses lecteurs tous les éléments d'information et de réflexion. Ce dossier présente donc, sous forme de lexique un maximum de données précises et de points de vues différents, faisant apparaître les problèmes posés dans toute leur complexité. En raison de son importance, ce dossier se poursuivra sur deux numéros."
Droit et Liberté n°265 (p10 à 14): (voir le document)
Droit et Liberté n°266 (p12): (voir le document)
Dans ce même numéro 266, Albert Levy note dans son éditorial: "S'il est évident que la crise du Moyen-Orient a réveillé en France un racisme anti-arabe toujours endémique, ce serait une tragique illusion de croire que la sympathie généralisée à l'égard d'Israël se traduit par un recul décisif du racisme anti-juif."
Puis Droit et liberté analyse les prises de position de la presse de droite (p4 à 6).

Entre guerre et paix

En 1968, le MRAP organise une rencontre entre des personnalités juives et arabes pour un débat d'idées. Droit et Liberté publie ces échanges et note: "Charles Palant a expliqué ainsi l'initiative du M.R.A.P:
« Le devoir qui nous anime est celui qui nous lie à tous les hommes dont nous voulons qu'ils soient des hommes qui vivent et non des hommes qui meurent ».
Droit et Liberté n°270 (p10): (voir le document)
Cette même année, le MRAP rappelle dans Droit et Liberté la décision de l'ONU de novembre 1967 et déclare:
"Les derniers événements montrent l'urgence qu'il y a a mettre en application la résolution de l'O.N .U. adoptée en novembre dernier. On l'a bien vu, le rejet de cette résolution porte en lui le danger permanent d'un nouvel embrasement du Proche et du Moyen-Orient."
Droit et Liberté publie cette résolution.
Droit et Liberté n°272 (p9): (voir le document)
En 1969, Droit et Liberté analyse la situation dix huit mois après la guerre des 6 jours et espère: "L'impasse paraît donc totale. Mais l'histoire récente prouve que c'est justement quand l'impasse est totale qu'une perspective peut s'ouvrir."
Droit et liberté n°278 (p7) (voir le document)
Dans le n°279, un article de Louis Mouscron propose: "Moyen_Orient: voir clair" "Une fois de plus, la crise israélo-arabe provoque en France remous et passions, inquiétudes et déchirements. Devant l'extrême complexité du conflit qui secoue le Moyen -Orient, 1'« honnête homme» du xxe siècle s'interroge. Sommé de prendre parti pour l'un ou l'autre camp, il a le sentiment que les choses ne sont pas si simples, que son premier devoir est de comprendre. Essayons, avec lui, d'y voir clair."
Droit et liberté n°279 (p5) (voir le document)
A l'occasion de la sortie d'un livre de Marc Hillel le problème d'"Israël et ses arabes" est évoqué:
Droit et liberté n°281 (p5) (voir le document)
En juin 1969, un article analyse les clivages entre "faucons et colombes" dans l'un et l'autre camp:
Droit et liberté n°283 (p6) (voir le document)
Une chance pour la paix se réjouit Droit et Liberté en 1970 "Les armes se sont tues. Cette trêve débouchera-t-elle sur une paix qui libérerait la région des maux dont elle souffre depuis vingt ans? A la paix, les peuples n'ont qu'à gagner"
Droit et liberté n°295 (p6) (voir le document)
Mais en Jordanie des affrontements entre les forces Jordaniennes et palestiniennes montrent la fragilité de toute la région:
Droit et liberté n°296 (p4) (voir le document)
L'espoir demeure cependant et Jacques Tenessi interviewiant le journaliste Eric Rouleau note: " Depuis 1967, les esprits ont évolué":
Droit et liberté n°299 (p6) (voir le document)
Quatre ans après la crise de 1967, Droit et Liberté publie un dossier: "Proche orient, le point" que présente Louis Mouscron:
"Cet examen nous confirme , quant à nous dans nos appréciations passées, et nous apporte des raisons renouvelées de continuer nos efforts pour une compréhension globale des droits et des appréciations des peuples en présence , pour une paix qui, si on la veut durable , doit être juste . "
Droit et liberté n°283 (p9 à 14) (voir le document)

Le drame de Munich

Après l'horreur de l'attentat durant les jeux olympiques de Munich en 1972, le MRAP veut rester lucide et publie une mise en garde:
"Après le drame qui a ensanglanté la rencontre olympique de Munich, le Mouvement contre le Raclsme, l'Antisémitisme et pour la Paix (M.R.A.P.) a exprimé aussit6t son indignation et sa condamnation des méthodes terroristes qui ont, une fois de plus, conduit à un dénouement sanglant. Tout en partageant la douleur et l'inquiétude du peuple israélien, il ne saurait davantage admettre les opérations militaires qui ont fait en Syrie et au Liban plusieurs centaines de victimes, parmi lesquelles des femmes et des enfants. Ces tragiques événements confirment que la persistance du conflit au Proche-Orient constitue une source permanente d'injustices, de haines et de violences, favorisant les menées bellicistes et aventuristes au détriment des intérêts fondamentaux des peuples en cause. En présence de cette escalade sanglante, qui peut déboucher sur une reprise générale des hostilités, le M.R.A.P. appelle à une analyse lucide et complète de la situation, afin d'éviter que des attitudes passionnelles n'aggravent encore les antagonismes ; il met en garde contre le racisme, aussi bien antijuif qu'anti-arabe, que certains milieux s'efforcent, comme par le passé, d'attiser à cette occasion..."
Droit et liberté n°314 (p3) (voir le document)
Le MRAP s'inquiète de l'engrenage et revient sur sa déclaration dans le n°315:
"Transposer en France le conflit du Proche-Orient, ne peut qu'inciter au racisme, aussi bien antijuif qu'anti-arabe et favoriser les éléments qui misent sur un climat de violences propice aux diversions, è la confusion, aux aventures antidémocratiques." Droit et Liberté n°315 (p5) (voir le document)
En 1973, de nouveaux affrontements militaires éclatent baptisés "guerre du Kippour", dans l'éditorial de Droit et Liberté n°324, Albert Levy écrit:
"...les antiracistes véritables doivent condamner les clivages brutaux que l'on s'efforce de provoquer en France, par une interprétation schématique et une transposition simpliste du conflit. Il ne s'agit pas de se placer « au-dessus de la mêlée», mais de reconnaître et d'affirmer les droits légitimes de chaque peuple. Il ne s'agit pas de renvoyer dos à dos les combattants, mais de les vouloir bientôt main dans la main.
Face aux déchirements de cette région, qui remontent au mandat britannique, notre attitude ne s'inspire pas d'un pacifisme utopique, mais est avant tout réaliste. Seule, la prise en considération de toutes les données de la situation peut aboutir à une solution viable. Le M.R.A.P. n'a pas varié. Il défendra cette conception, aujourd'hui admise par un nombre croissant d'hommes responsables, jusqu'au jour, peut-être proche désormais: où elle deviendra réalité. Car il n'en est pas d'autre possible pour qui veut œuvrer à une paix juste, au progrès et au bonheur des hommes au Proche-Orient."
Tandis que Louis Mouscron analyse "ce qui a changé" 'depuis 1967 (p3).
Dans ce même numéro (p4), le MRAP publie son appel "pour une vraie paix, contre tout racisme" signé par de nombreuses personnalités, proclamant:
"...Nous invitons les antiracistes sincères à agir résolument pour combattre les préjugés, pour aider à une connaissance objective des données qui ont engendré le présent conflit, pour ouvrir les esprits à la tolérance, pour unir tous les hommes de bonne volonté dans un puissant mouvement d'opinion capable de contribuer à une paix véritable."
Droit et Liberté n°324:(voir le document)