Dossiers thématiques - La lutte contre l'antisémitisme

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Antisémitisme et lutte contre l'antisémitisme

Numéro spécial de Droit et Liberté de janvier 1960

Qu'est-ce qu'un juif

C'est la question qu'il est logique de poser dès qu'on parle d'antisémitisme.
Le dossier publié par Droit et Liberté en 1970, tente non pas de répondre à la question, mais de montrer la difficulté de toute définition, dépendant de la situation historique (le dossier fait largement référence au conflit du moyen-Orient), de l'évolution de la société, des positionnements individuels... :
"Ce qu'il nous paraît nécessaire de souligner, c'est le caractère relatif de toute définition ne tenant pas compte de l'extrême diversité des situations. Dans le climat de tension actuel ,le refus de prendre comme une réalité historique, l'intégration ou l'assimilation d'une partie importante des juifs, conduit certains à faire de celle-ci une sorte de crime contre la communauté. On comprend aisément que M. Elie Wiesel, né et éduqué dans un milieu religieux et culturel juif, y reste profondément attaché :pour lui ,rejeter cette culture et tout ce qui s'y rattache, est impensable. Mais,il faut comprendre également qu'un Français d'origine juive, s'il est athée et ne possède pas le moindre rudiment de culture juive reste lui-même en refusant tout particularisme juif. La notion d'authenticité est, elle aussi, relative" ...
La donnée première , bien entendu, est l'ostracisme antisémite qui enferme le juif dans une image forgée de toutes pièces, visant à l'isoler dans la nation pour en faire un bouc émissaire. Pour cette raison historique, tout antisémitisme actuel , quelque forme qu'il revête , rejoint plus ou moins fidèlement les schémas déjà tracés. Quant à la représentation sioniste du peuple juif et à toutes les tentatives de donner du juif une image positive, elles constituent des répliques inversées aux portraits insultants brossés par l'antisémitisme, tout en demeurant dans le cadre d'une conception globale." dl n°290: (voir le document)
Un débat télévisé organisé en 1968 sur l'antisémitisme réunit un certain nombre de personnalités, Droit et Liberté répond aux questions soulevées par le débat.
Tout d'abord sur le problème de définition: "Le problème commence justement avec tout essai de définition: lorsque les législateurs antisémites nazis ou pétainistes, élaborèrent leurs textes, ils se heurtèrent à des contradictions qu'ils tranchèrent par un absurde sanglant "est juif celui que je désigne comme tel" disait Goebbels. L'antisémitisme est-il comparable à l'anticléricalisme? Non, puisqu'un juif athée reste juif dans l'acception courante. Le critère religieux ne joue donc pas. La race alors? Mais la quasi-totalité des juifs nord-africains sont des descendants de berbères convertis: de même, le judaïsme se propagea en Europe, et spécialement dans le Midi de la France, par la conversion d'autochtones. La plupart des juifs d'Europe sont des descendants de ligures, de celtes ou de goths...Aujourd'hui, certains juifs se définissent par le critère religieux, d'autres par l'appartenance à une communauté a qui des siècles de vie en ghettos a donné des caractères sociaux et culturels particuliers, d'autres enfin disent, simplement. comme l'écrivain soviétique Ilya Ehrenbourg : « Je ne serai juif que tant que l'antisémitisme existera ».dl n°276 (voir le document)
Charles Palant enchérit: "comme militant antiraciste, j'ai appris que, dans la généralisation, que ce soit pour rejeter ou pour flatter, il v avait le commencement du racisme ... La réussite, comme les échecs de quelques juifs ne doit pas peser sur l'ensemble d'une communauté..." dl n°276 (voir le document)
En 1976, Droit et Liberté, partant d'un texte de Charles Peguy, écrit: "Les antisémites ne connaissent pas les juifs": "Les antisémites parlent des juifs, affirme Péguy, ils en parlent pour s'en plaindre...S'ils avaient avec eux des rapports d'amitié, et surtout s'ils connaissaient des juifs pauvres - lesquels, souligne pertinemment Péguy, sont beaucoup plus nombreux que les riches - ils verraient qu'ils sont dépourvus des défauts qu'on leur attribuent calomnieusement". Ainsi, et l'analyse de Péguy le montre clairement, l'antisémitisme - comme d'ailleurs toute forme de racisme - repose-t-il toujours sur l'ignorance de l'autre..." (voir le document)

Historique

Avant la révolution

A sa reparution en 1948, Droit et Liberté sous la plume de Joseph Millner puis de Michel Gour évoque la longue histoire des juifs de France, entre périodes de cohabitation harmonieuse et périodes de rejet et de persécution.
Pogromes, ghettos, signes distinctifs (étoile ou chapeau jaune), folles rumeurs (les juifs empoisonnant les puits pour répandre la peste) jalonnent cette histoire.
A plusieurs reprises les juifs se voient expulsés du royaume de France et leurs biens souvent confisqués (1182, 1302, 1322, 1394...).
En 1269, Saint Louis impose aux juifs le port d'un signe distinctif, une "rouelle" jaune ; en 1326 les "Juifs du Pape" y sont également astreints.
Les articles : (1ère partie), (2ème partie), (3ème partie), (4ème partie)
En 1953, le pasteur André Dumas évoque la naissance d'un préjugé au moyen-âge: l'interdiction du prêt d'argent imposé aux chrétiens ne touche pas les juifs qui, dans l'esprit populaire, deviennent de ce fait des usuriers cupides. Droit et liberté n°126: (voir le document)
Plus tard Différences revient sur ce sujet de "l'usurier juif": "Métier impopulaire s'il en est. D'où la tradition de mise à sac des maisons appartenant à des juifs, et des meurtres qui leurs sont associés, permettant de liquider à la fois la reconnaissance de dette et le témoin à charge qu'était le créancier juif..." : (voir le document)
Puis Différences retrace l'histoire des juifs de Venise, image de ces paradoxes de l'Histoire. On y apprend que "Dans l'Italie de la Renaissance, l'hébreu est une des langues des humanistes, et il est fréquent à cette époque que les doctes rabbins attirent un public de juifs et de non juifs", mais aussi que "Au XIVe siècle on leur interdit de posséder des biens immobiliers, on rend obligatoires les permis de séjour pour deux semaines. Les signes distinctifs : chapeaux rouges, cercles jaunes sur les vêtements sont remis en vigueur." Diff n°26 (voir le document)

Les lumières et la révolution française

L'abbé Grégoire

Voltaire fut parfois accusé de racisme et d'antisémitisme, Droit et Liberté rappelle "Ce qui est sans exception et sans réserve d'aucune sorte, c'est que Voltaire est toujours du côté des persécutés contre les persécuteurs. Ces mêmes juifs, dont il raille le particularisme et les croyances irrationnelles, il suffit qu'on les attaque pour qu'il les défende. Car la persécution elle aussi, est irrationnelle." dl n°219 (voir le document)
Durant la révolution française, l'Abbé Grégoire mène le combat pour l'émancipation des peuples opprimés.
Dès 1787 il écrit: "Si l'on veut opérer sincèrement une révolution, ne séparons plus les Juifs de nous par des distinctions humiliantes; rapprochons les de nous, de nos usages, ouvrons leur les voies qui font éclore les talents et les vertus, lions les à l’État par l'espérance, la considération. publique et le droit d'arriver à tous les emplois dans les diverses classes de la société.": (voir le document)
Droit et liberté consacre une série d'articles à "la passionnante histoire d'une émancipation" retraçant le combat de l'abbé Grégoire:
Les articles: DL n°33 (voir le document); DL n°34 (voir le document) Dl n°35 (voir le document) ; Dl n°36 (voir le document)
Albert Soboul dans Droit et Liberté n°174, rappelle que l'émancipation des juifs et l'abolition de l'esclavage furent les fruits d'une lutte incessante (voir le document)
Il évoque également dans Droit et Liberté n°181 l'attitude ambigüe de Napoléon envers les juifs : " La communauté juive de France est reconnue et organisée : l’œuvre de la Révolution trouvait sa conclusion naturelle. Mais on ne peut masquer les arrière-pensées de la politique de NapOléon : l'organisation des cultes lui était un moyen de surveillance et de domination des esprits."(voir le document)
Puis il rend compte d'une étude de D. Feurwerker sur les "cahiers de doléances et l'émancipation des juifs" (voir le document)
Emile Tersen évoque lui aussi l’œuvre de la Révolution Française dans le n°201 de DL, lucide, il conclut son article par ces phrases :
"Pour considérable que fut le résultat obtenu en septembre 1791, le déroulement des faits a montré que l'antisémitisme vaincu ce jour subsistait, et qu'il était susceptible de se manifester avec une virulence et une malfaisance encore accrue.
Il n'y a pas d’obtention de la liberté sans lutte , il n'y a pas de conservation de la liberté obtenue sans vigilance. Notre tâche est d'y pourvoir" : (voir le document)
L'attitude des "Lumières" vis à vis des Juifs et l’œuvre de la révolution est analysée par Jean Louis Sagot-Duvauroux, dans Différences. Diff1987_70:(voir le document)
Différences à l'occasion de son numéro spécial du bicentenaire de la Révolution rendra une fois de plus hommage à l'abbé Grégoire, "ce drôle de curé qui défend les juifs". Diff1989_87 (voir le document)

L'affaire Dreyfus

Le "J'accuse" d'Emile Zola

L'affaire Dreyfus est un révélateur de la persistance de l'antisémitisme dans la société française.
Les publications du MRAP évoqueront à de nombreuses reprises "l'affaire" et rendront hommage à Emile Zola et à son action pour faire éclater la vérité.
Ainsi dans le n°141 de DL, Jacques Kayser affirme: "'L'affaire Dreyfus est une affaire politique, sociale, judiciaire, nationale, internationale dont les répercussions ont été innombrables. Mais elle est aussi une affaire humaine au centre de laquelle se trouve un homme: Alfred Dreyfus et où des hommes l'ont emporté sur la coalition d'abord innombrable des fanatismes, du mensonge et de la violence." : (voir le document)
Dl n°156 publie un débat d'historiens au sujet d'un livre sur "l'affaire", en conclusion on lit: "qu'une partie de l'opinion conservait des valeurs qui devenaient déjà des valeurs anciennes; une autre, au contraire, abordait vers des opinions nouvelles, et l'Affaire Dreyfus est devenue l'Affaire tout court parce que, justement, elle s'est trouvée être le réactif d'un immense conflit d'opinions, d'une véritable révolution". : (voir le document)
Puis DL n°159 reproduit le premier article écrit en faveur de Dreyfus en 1894, écrit par Emile Bergerat dans Gil Blas: "Le droit d'être innocent". (voir le document)
Le n°169 rend compte de la cérémonie organisée pour le 60ème anniversaire de la publication de "J'accuse" (voir le document)
A l'occasion de la sortie d'un livre, DL n°202 évoque l'attitude de la presse de l'époque sur l'affaire. (voir le document)
De même le n°211 de DL rend compte de la publication du journal d'Alfred Dreyfus: (voir le document)
C'est ensuite la princesse Marie Bonaparte qui relate "l'Affaire Dreyfus telle que je l'ai vécue" (voir le document)
En janvier 1967, Droit et Liberté consacre son dossier du mois à l'affaire Dreyfus racontée par ceux qui l'ont vécue: ainsi, Henri Krziwkovski se souvient: "Alors nous avons vu passer Dreyfus, qui marchait d'un pas ferme et dit d'une voix forte: «Je suis innocent, je m'adresse à vous, représentants de l'opinion libre et je n'exige de vous qu'une seule chose : élevez votre voix à travers le monde pour dire que je suis innocent..." DL n°258 (voir le document)
A la suite d'une émission télévisée "les dossiers de l'écran" consacré à l'affaire, Dl N°323 affirme: "Et d'abord, ce ne fut pas une erreur judiciaire,... Ce fut une machination, qui ne fut montée par les chefs militaires les plus responsables d'alors et leurs soutiens politiques, que parce que le capitaine Dreyfus était juif, d'ailleurs le premier et le seul juif qui appartint jamais à l’état major..." (voir le document)
En 1982, Différences souligne le rôle de la presse : "Dans ce trouble petit matin du siècle, de grands écrivains se lèvent, les tirages de journaux grimpent, et la presse moderne trouve, peut-être, les assises qu'elle a encore aujourd'hui (voir le document)
En 1994, le MRAP s'interroge et débat lors d'un colloque: "Une affaire Dreyfus est-elle possible aujourd'hui" :
"l' Affaire Dreyfus reste d'une actualité douloureuse. Elle suggère maintes réflexions à ceux qui veulent participer au destin de leur temps. Elle rappelle qu'il ne faut jamais s'en tenir aux vérités officielles, qu'il importe de tout soumettre au filtre de la critique. Elle commande également de résister aux préjugés, aux incitations haineuses qui éloignent les peuples des problèmes réels de la société. Ces dangers sont accrus par la puissance des moyens d'information actuels capables d'induire et de modifier une opinion à grande échelle." (voir le document)
Des hommages à Emile Zola sont publiés dans Droit et liberté sous la plume d'Anatole France (voir le document), d'André Maurois (voir le document), d'Henri Troyat (voir le document).

Eglise et antisémitisme

Les racines chrétiennes de l'antisémitisme

En 1949, une question du courrier des lecteurs soulève le débat: les juifs sont-ils maudits? L'abbé Maury apporte une première réponse:
"Tous ces textes ne peuvent créer une atmosphère d'antisémitisme que si le prêtre qui les explique est lui même un antisémite".(voir le document)
L'historien Jules Isaac répond également: "...des chrétiens qualifiés - catholiques et protestants - déclarent cette opinion "impie". Elle n'en est pas moins, répandue dans les milieux et les ouvrages chrétiens comme je crois l'avoir prouvé par les nombreuses citations produites dans mon Livre..."DL n°005 p2 (voir le document)
Rendons compte de l'ouvrage de Jules Isaac "Jésus et Israël" DL souligne : "Il serait trop simple d'imiter certains critiques catholiques et de protester que jamais un catéchisme antisémite n'a reçu l'approbation de Rome. Qu'on le veuille ou non, l'accusation de déicide lancée contre les Juifs en tant que tels, prépare singulièrement les esprits aux violences antisémites". Dl n°13 p8 (voir le document)
En 1960 Jules Isaac rend compte des efforts de la hiérarchie catholique mais note: "qu'en chrétienté les racines chrétiennes de l'antisémitisme sont profondes, les plus profondes sans doute et que, malgré les efforts auxquels il faut rendre hommage, leur nocivité reste encore vivace de nos jour." Dl n°191 p3 (voir le document)
En 1962, il affirme: "En matière d'antisémitisme, tout se tient, race et religion. Les juifs ont été persécutés au nom d'un christianisme postérieur à la vie et à l’enseignement de Jésus. Le fossé s'est creusé à partir du tiers du premier siècle. Auparavant, le christianisme apparaissait comme une religion judéo-chrétienne." dl n°210 p10: (voir le document)
Rendant compte du livre de Jules Isaac "l'enseignement du mépris", DL rapporte ces propos de l'écrivain: "Païenne sans doute, la doctrine d'Hitler; mais, à son avènement le grand thème de l'éternelle malédiction du peuple déicide n'était-il pas ressassé? Ne le ressasse-t-on plus de nos jours?" Dl n°212 p10(voir le document)
DL publie en 1966 l'article de Madeleine Reberioux rédigé pour le dictionnaire rationaliste et consacré à l'antisémitisme: "L'antisémitisme chrétien prend naissance au IVème siècle....En mettant en circulation le thème d'Israël peuple déicide, plus tard complété par les accusations de meurtre rituel, l'Eglise fonde ce que Jules Isaac a appelé l'enseignement du mépris, qui va pousser en pays chrétien de très profondes racines...Il subsiste en effet dans l'attitude mentale des antisémites du XIXème et du XXème siècle, bien des motivations élaborées par le christianisme et que son enseignement et sa liturgie ont longtemps continué à transmettre malgré de récents et remarquables progrès...." DL n°249 p15 (voir le document)
Différences s'interroge également sur la genèse de la discorde entre juifs et chrétiens: Diff n°33 p6 (voir le document)

La réconciliation: Vatican II

De 1962 à 1965 se tient le concile œcuménique "Vatican II" qui se penche entre autre sur la question de l'antisémitisme chrétien.
Droit et Liberté rend compte des travaux du concile et se réjouit de la teneur des textes adoptés: "... Que tous aient donc soin de ne rien enseigner dans les catéchismes ou la prédication de la parole de Dieu qui puisse faire naître dans le cœur des fidèles la haine ou le mépris envers les juifs ; que jamais le peuple juif ne soit présenté comme une race réprouvée ou maudite, ou coupable de déicide...." Dl n°236 et 238 (voir le document) ; (voir le document)
Jacques Malaude publie un hommage à deux grands artisans de l'amitié judéo-chrétienne, Jules Isaac et Edmond Fleg Dl n°237 p11(voir le document)
Le texte proposé par Vatican II subit des modifications et DL regrette la disparition du mot "déicide" mais souligne: "Ce qui compte avant tout cependant c'est l'esprit qui a présidé à la rédaction et à l'adoption de ce texte et, plus encore, les efforts déployés pour le faire entrer dans la vie. dl n°246 p2 (voir le document). Communiqué du MRAP sur ce sujet: (voir le document)
Dans le n°247, DL publie le texte de "la déclaration sur les juifs" promulgué par le pape le 28 octobre 1965 et écrit: "Moins percutant et plus nuancé que la précédente version, ce second texte, s'il est sans aucun doute positif pour le développement de l'amitié judéo-chrétienne et l'action contre l'antisémitisme, a suscité cependant de nombreuses controverses" dl n°247 p3 (voir le document)
Le MRAP organise un débat sur cette déclaration: (voir le document)
Le n°248 consacre sa page centrale au compte rendu du débat organisé par le MRAP sur la "déclaration sur les juifs" et Pierre Paraf souligne un apport important à la lutte antiraciste: dl n°248 p4 (voir le document)
René Moulinas dans Différences, évoquant l'histoire des "juifs du pape" conclut: " Peut-être faut-il rappeler en terminant que cette construction théologique sur laquelle s'appuyait la législation concernant les juifs a été totalement bouleversée à notre époque. Le drame d’Auschwitz a été, pour notre temps, un choc tel qu'il a entraîné un changement considérable des points de vue et une réflexion toute nouvelle au sujet des juifs. C'est de cet effort de rénovation de la pensée chrétienne sur les juifs et le judaïsme que sont nés la déclaration Nostra Aetate et tous les commentaires qui, depuis 1965, en ont approfondi et précisé le sens." Diff n°_12_13 p19 (voir le document)

La guerre

L'antisémitisme avant la guerre

Depuis le XXe siècle arrivent régulièrement des femmes et des hommes qui fuient les persécutions : des Arméniens après le génocide de 1915, des juifs d'Europe de l'Est victimes de massacres en Pologne, en Roumanie, en Russie dans les années 20 et 30, des Espagnols en 1939 à la suite de la victoire franquiste sur les Républicains espagnols. Parmi ces immigrés fuyant les persécutions, les juifs d'Europe de l'Est sont estimés à environ 200.000 en 1936.
Faibles numériquement, ils font pourtant l'objet de violentes attaques antisémites. La presse d'extrême-droite, Gringoire, L'Action française ne se prive pas pour dénoncer une « invasion ».

L'idéologie antisémite

Droit et Liberté étudie dans un "dossier du mois" la mythologie antisémite de l'âge industriel, analysant l'évolution de l'antisémitisme il rappelle les paroles de Bernard lazare: "(Il) soulignait : « L'hostilité contre les juifs, autrefois sentimentale, se fit raisonneuse ( ... ) Les anti-juifs , contemporains voulurent expliquer leur haine, c'est-à-dire qu'ils la voulurent décorer : l’anti-judaïsme se mua en antisémitisme.» Cette différence est profonde ".
En conclusion du dossier l'auteur souligne:"...Ce bref rappel historique permet de rectifier quelques idées reçues : on a trop tendance à croire que l'antisémitisme est un phénomène essentiellement allemand, et qu'il a connu une progression brutale. L'une et l'autre affirmation sont inexactes: l'antisémitisme s'est développé lentement, au grand jour et Auschwitz est l'aboutissement de cinquante ans d'antisémitisme. C'est pourquoi la recherche de ses origines, de ses racines, revêt une importance particulière. Elle montre surtout que c'est dès que s'esquisse un mouvement raciste qu'il faut réagir." dl n°286 (voir le document)
La genèse de l'antisémitisme hitlérien est analysé dans le n°161 de DL: "...Le problème se complique sous Guillaume II, quand une bourgeoisie moyenne pseudo-cultivée s'empare du problème et, anticipant sur le Troisième Reich, crée l'antisémitisme racial au nom de ses propres ressentiments. On se trouve ici psychologiquement très près de la mentalité hitlérienne...Tout change avec la guerre, surtout avec l'effondrement de 1918. Le fait que l'antisémitisme hitlérien se constitue dès 1919 et dans les années suivantes, créant un courant parallèle à celui de la nouvelle démocratie, montre à quel point les masses moyennes ont été empoisonnées sous Bismarck et Guillaume II.
Cette fois, ce sera l'épanouissement d'une doctrine et d'une pratique qui aboutiront aux horreurs que l'on sait." n°161 p2 (voir le document)

Les mesures antisémites

Les mesures à l'encontre des juifs sont parmi les premières prises par le gouvernement de Vichy. Elles inaugurent une politique de persécutions systématiques : de juin à décembre 1940, 46 décrets, lois et ordonnances sont promulgués contre les juifs, qui sont exclus de la fonction publique, qui n'ont plus le droit d'exercer des professions libérales, et qui sont dépossédés de leurs entreprises ; des numerus clausus sont institués dans les universités. Ce dispositif s'accompagne d'une propagande antisémite relayée par les médias et les discours politiques.
Les mesures antisémites: (voir le document)
Droit et Liberté retrace l'histoire du du "comissariat sanglant", le commissariat aux questions juives, et dénonce le rôle des collaborateurs français dans les rafles antisémites et l'organisation des déportations Dl n°31 (voir le document) ; et n°32(voir le document)

Les camps d'extermination

Fraternité Octobre 1943

En France se constituent le mouvement National Contre le Racisme (MNCR) et l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE) qui découvrent peu à peu l'abominable réalité des camps d’extermination, et par la presse clandestine tente d'informer la population. Sur ce sujet voir le dossier Origines du MRAP. Droit et liberté reviendra souvent sur la déportation et les camps de la mort. Ainsi lors de la commémoration du 20ème anniversaire, Olga Wormser_Migot et Jorge Semprun évoquent le jour où les alliés ouvrirent les portes. Dl n°243 (voir le document)
5 ans plus tard Charles Palant écrit: "C’était il y a vingt-cinq ans. Les Soviétiques, libéraient Auschwitz, les Américains découvraient Buchenwald, les Anglais pénétraient à BergenBelsen
... Partout c'était le même spectacle de détresse, de désolation. Partout les survivants, squelettiques, les yeux exorbités, le regard insoutenable. Des hommes? Non des revenants. D'un univers insoupçonnable, insoupçonné. De l'univers concentrationnaire. Pourtant des hommes qui avaient soutenu le plus insoutenable des combats. Contre la faim, le froid, les coups, la torture , la mort. Contre ces monstres hitlériens qui avaient - en vain - voulu faire de ces hommes des bêtes.
C'était il y a vingt-cinq ans. Hommes libres, et qui voulez le rester, souvenez-vous !. DL n°292 (voir le document)
Partant de la lecture d'un livre "Treblinka la révolte d'un camp", Jean-Maurice Hermann s'interroge: Treblinka, pourquoi, comment? et déclare: "Non, les juifs n'ont pas été plus passifs que les autres. Ce fut souvent le contraire " dl n°252 p6 (voir le document)
Pour la commémoration du 30ème anniversaire de la libération des camps, le dossier du mois est consacré à "l'industrie concentrationnaire" : "Juifs, Slaves, Gitans pour leurs origines, résistants, patriotes, démocrates pour leurs idées avaient été livrés à l'esclavage et à la mort, broyés par la gigantesque machine à exploiter et à exterminer, rigoureusement mise au point par les maitres du Troisième Reich. Quelques dizaines de milliers seulement avaient survécu." DL n°339 (voir le document)
Un autre dossier du mois est consacré aux lettres de Pithiviers: "Parmi les camps installés en France, Pithiviers reçut, en 1942, une affectation particulière : il devint le camp des enfants. Lors des rafles des 16 et 17 juillet 1942, 13.000 arrestations furent opérées. Les femmes et les enfants furent enfermés à Pithiviers ; les mères furent ensuite déportées seules; les enfants - 4.000 environ -laissés au camp, ne furent déportés (en 8 convois de 500) et exterminés qu'à la fin du mois d'août. Au total, ce furent quelque 25.000 enfants venus de France qui périrent dans les chambres à gaz et les crématoires entre 1941 et 1944. Dl n°261 (voir le document)
Charles Palant à l'occasion de l'inauguration d'un monument à la mémoire des déportés d'Auschwitz rappelle: "Nous n'avons vocation ni de venger ni d'absoudre ni de haïr; seulement de témoigner, de dire la vérité, de la dire toute. Sur les crimes commis, par les uns sous l'uniforme nazi et par d'autres sous le complet veston des magnats de la grande industrie" Diff n°140 (voir le document)
Plus tard, Différences rend hommage aux 60000 juifs de Salonique déportés en 1943: Diff n° 10 p19 voir le document)
La France décide de consacrer la date du 16 juillet, anniversaire de la rafle du Vel'd'hiv à la "journée commémorative des persécutions racistes et antisémites, puis le 27 janvier, anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, à la « Journée de la mémoire de l'Holocauste et de la prévention des crimes contre l'humanité » (voir le document)
Droit et liberté évoque aussi la rafle du Vel'd'hiv le 16 juillet 1942 :"Dans Paris une immense réaction d'horreur": DL n°32 (voir le document) ; DL n°113 (voir le document)
Plus jamais de 16 juillet titre DL (n°136 p4) : "30 000 hommes, femmes et enfants juifs ont été livrés aux fascistes allemands...Aucune d'entre ces victimes n'est revenue des bagnes nazis." (voir le document)
En 1960 Droit et Liberté publie "Les cahiers du petit David", retraçant la vie quotidienne d'un enfant juif polonais:(voir le document)

Le nombre de victimes juives du nazisme est effroyable: le Tribunal militaire de Nuremberg a accrédité le chiffre de six millions de (victimes) : le total officiellement adopté était de 5 700 000. Diff n°132 p14: (voir le document)
Différences rendra compte des procès des pourvoyeurs des camps: ainsi Klaus Barbie, responsable entre autres de la déportation des enfants d'Isieu:" diff n°30: (voir le document)
A la question faut-il juger Barbie, Me George Pau-Langevin répond: "Ça ne fait aucun doute, à partir du moment où l'on accepte l'idée d'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité" : (voir le document)
Louis Mouscron lui aussi écrit: La fidélité à la mémoire des victimes du nazisme, le souci de rendre la vie moins barbare aujourd'hui et demain exigent que l'on dénonce tous les crimes contre l'humanité, en soulignant toutes les responsabilités. Reconnaître la vérité apporterait au moins une réparation morale aux peuples martyrisés et un espoir aux hommes épris de justice" diff n°72 : (voir le document)
De la même manière, Différences affirme que Papon doit être jugé: Barbie a été jugé, Papon doit l'être, sauf à penser qu'il y a une différence entre les crimes commis par les Nazis et ceux commis par leurs collaborateurs français Diff n°84: (voir le document)
Dans un entetien, l'auteur d'un ouvrage sur "Papon, un technocrate dans la collaboration", souligne: "Avec Papon, on est au coeur de l' appareil d'Etat. En matière de responsabilité dans les crimes contre l'Humanité, Touvier est un artisan de la répression antisémite. On lui reprochait sept assassinats. Avec Papon, il faut compter les victimes par centaines. Comparativement, Papon est un industriel de la répression antisémite" Diff1994_155: (voir le document)

Le ghetto de Varsovie

Dans le ghetto

La révolte du ghetto de Varsovie en avril 1943 est l'emblème de la révolte contre l'extermination et la presse du MRAP rendra de nombreux hommage à ses combattants héroïques. Le n°4 de DL célèbre le 5ème anniversaire de l'insurrection et se souvient de l'appel des insurgés: "...Nous avons décidé de mourir en soldats non en victimes. Aidez-nous à prendre notre place dans ce combat...": : (voir le document)
L'insurrection sera évoquée dans le n°49: : (voir le document)
le 10ème anniversaire est célébré dans le n°121,: (voir le document)
le n°134 publie des extraits de journaux et tracts de la résistance polonaise. : (voir le document)
En 1960 Olga Wormser écrit: "Mai 1945: de l'hallucinante vision de Varsovie en ruines, des ruines vivantes, où les habitants commençaient à revenir pour compter leurs disparus et leurs biens en ce monde, une image reste particulièrement frappante: le désert du ghetto, silencieux, mort, une mer de pierres et de ferrailles, une sorte de monstrueux champ de batailles où l'on ne pouvait imaginer que plus de quatre cent mille êtres vivants avaient durant trois ans, mené une vie concentrationnaire, peu à peu décimés par la faim et les déportations, jusqu'à ce que le 19 avril 1943, une révolte soulevât cette prison..." : (voir le document)
Nouvelle évocation en 1963 avec la publication d'une chronique du ghetto. : (voir le document)
A l'occasion du 30ème anniversaire, le dossier du mois est consacré au ghetto de Varsovie : (voir le document)
Puis Différences sous la plume de Pierre Paraf célèbre le 40ème anniversaire : (voir le document)
En 1983 le MRAP a consacré une exposition à l'insurrection du ghetto de Varsovie: présentation de l'exposition : (voir le document)

L'Après-guerre

L'agitation antisémite

Dès sa création, le MRAP fait de la lutte contre l'antisémitisme l'un des points essentiels de son action: "Plus jamais ça".
Lors de la 1ère journée nationale contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix en mai 1949, un manifeste est publié proclamant: "...Nous; en qui jamais ne s'éteindront la douleur et le souvenir de l'extermination de millions de nos frères gazés, brûlés et fusillés par les nazis, sommes venus clamer notre colère face au danger croissant du racisme et' de l'antisémitisme au moment où grandit la menace d'une nouvelle guerre..." : (voir le document)
DL relaie un appel des juifs de France "...Les organisations soussignées demandent que toutes les puissances adhérentes à. l'O.N.U. souscrivent dans le plus bref délai une convention Internationale dans le cadre de la déclaration internationale du 10 décembre 1948, par laquelle elles prendront l'engagement de s'opposer effectivement sous peine de sanctions pénales à toute propagande antisémite ou de discrimination raciale notamment par voie de presse. : (voir le document)

Droit et Liberté n°40

Le MRAP constate la persistance des organisations antisémites et de leur presse. Des actes antisémites sont perpétrés: inscriptions, injures, plasticage.
Dès 1948 Droit et Liberté s'interroge: y aura-t-il un Ku Klux Klan à la française et s'indigne de tracts circulant en France et clamant: "la juiverie peste de la France" DL n°3: (voir le document)
Puis en 1950 il dénonce, les feuilles antisémites reprennent le mythe du "juif dans la coulisse" dl n°35 (voir le document)
puis: "Paris et la France sont envahis de tracts d'un caractère immonde, qui tendent à semer la haine...Des criminels dressent des listes de juifs à abattre" DL50_039,: (voir le document)
Pendant ce temps, des fascistes proclament au quartier latin: "nous sommes les disciples de l'antisémite Drumont" dl n°054 : (voir le document)
Des agressions antisémites sont perpétrées contre des restaurants juifs : Dl n°97 (voir le document), des inscriptions constatées à Paris et Marseille : Dl n°94 (voir le document), à Lyon : Dl n°110 (voir le document)
Albert Levy avertit: "cinéma, théâtre, tracts: le gang antisémite à l’œuvre, agissons en masse pour le mettre hors d'état de nuire! DL n°40: (voir le document)
"vague de littérature antisémite: unissons nous pour l'arrêter" DL n°46: (voir le document)
Puis il écrit: "vague de littérature antisémite: unissons nous pour l'arrêter" DL n°46: (voir le document)
Tout en s'alarmant du réarmement de l'Allemagne, Droit et Liberté s'indigne de l'agitation antisémite au quartier latin : (voir le document)
Les anciens combattants et déportés juifs assignent la feuille antisémite "Aspects de la France" en justice : Dl n°59 (voir le document)
Dl titre en 1951, la presse antisémite hausse le ton Dl n°90.: (voir le document)
Dans le même esprit, Droit et liberté constate avec indignation que "Rivarol" répand un "tract de haine et de guerre" dl n°117 : (voir le document)
Puis titre: l'antisémitisme, hier comme aujourd'hui dl n°104 p3 : (voir le document)
DL souligne la riposte de Lyon aux appels de haine du "mouvement antisémite français" :Dl n°110 (voir le document)
En 1953, le MRAP s'indigne d'un arrêt de la cour d'Appel de Paris relaxant l'auteur d'un article antisémite au nom d'un "antisémitisme à la française" qui serait acceptable. Et Me Dymentztain rappelle: "l'antisémitisme à la française est le frère jumeau de celui qui a conduit aux fours crématoires" :Dl n°126 (voir le document)
Louis Martin-Chauffier écrit en 1959: "un virus à nouveau menaçant: On peut redevenir antisémite sans vouloir massacrer les juifs. Mais par un cheminement plus ou moins rapide, on passera de la parole haineuse à la brimade, de la brimade aux persécutions, des persécutions au massacre." : Dl n°178 (voir le document)

Les anciens nazis et leurs collaborateurs

Les victimes du nazime, les rescapés des camps constatent avec amertume que nombre d'anciens nazis et collaborateurs bénéficient de l'impunité, continuent à colporter leurs propos antisémites et tentent de réhabiliter le nazisme et de nier la réalité des camps d'extermination.
Ainsi dès 1949, Dl dénonce les propos de Bardèche et dénonce: "Non, non après tout, nous ne sommes pas tellement saisis d'étonnement, car il serait illusoire d'attendre que les racines du fascisme plongeant en plein sol capitaliste ne donnent pas les fruits vénéneux correspondant à l'arbre planté. Et que l'antisémitisme refleurisse au soleil de l'argent-roi, c'est la règle, nous le savons." dl49_020opt : (voir le document)
Droit et Liberté s'indigne des tentatives de réhabiliter Pétain n°31:(voir le document) n°32 (voir le document) et dénonce la machine à déporter et les pourvoyeurs de bagne nazis n°33 : (voir le document)
En 1951 Droit et Liberté s'indigne de la grâce finalement accordée à Pétain n°81 : (voir le document), et de la libération d'anciens généraux nazis Dl°82,: (voir le document)
Lucie Aubrac constatera amèrement: Pétain est mort dans son lit, n°86: (voir le document)
Et le MRAP, indigné par la propagande faite autour d'une messe à la mémoire de Pétain écrit au préfet de police: "...Les victimes du racisme et de l'antisémitisme ressentent douloureusement cette tentative d'honorer celui qui est le symbole d'un régime qui a appliqué dans notre pays les lois raciales de Nuremberg et qui porte la responsabilité entière de la mort de centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants." n°92: (voir le document)
Plus tard Droit et Liberté dénonce à nouveau: "Les S.S. Karl Oberg et Helmut Knochen ont quitté, libres et lavés de toute tache, la prison de Mulhouse le 28 novembre 1962...Celui qui avait mérité le sinistre surnom de « boucher de Paris» et son adjoint, qui ont sur la conscience l'assassinat de 80.000 Français et furent directement responsables des rafles de juifs en zone occupée et en zone non occupée, qui représentaient en France leur chef direct Eichmann, ont pu, en toute tranquillité passer les fêtes de Noël en famille."n°217: (voir le document), n°218: (voir le document)
A l'occasion d'un procès d'anciens SS en 1964 M.E. Normand_Cohen, ancienne déportée s'interroge: "Combien de S.S. ont participé à l'assassinat de 1000, 10.000, 100.0000 .. 4.000.000 de personnes? Et comparez le résultat de votre calcul avec le nombre de S.S. jugés depuis 1945..." n°228 : (voir le document)
En 1965 Droit et Liberté exige: "Ni prescription , ni oubli pour les crimes nazis" n°239: (voir le document), organisant un cortège devant le mémorial du Martyr Juif et à la crypte des déportés. n°240. : (voir le document)
Puis: " Le procès d'Auschwitz a pris fin. Tous les anciens déportés qui ont vécu les horreurs d'Auschwitz, tous les hommes qui souhaitent que jamais plus une telle menace ne soit suspendue sur le monde civilisé, sont en droit de s'insurger contre la clémence d'un tel jugement..." n°245: (voir le document)

Maurras et Vallat

Parmi les anciens collaborateurs, le MRAP souligne particulièrement les parcours de Charles Maurras et de Xavier Vallat. Charles Maurras, ancien rédacteur de "L'Action Française" journal antirépublicain et antisémite, admirateur de Pétain est condamné à la prison à perpétuité. Xavier Vallat ancien commissaire aux questions juives sous le régime de Vichy condamné à 10 ans d'emprisonnement est libéré dès 1949. Cependant ils restent très influents dans les milieux d'extrême droite et antisémite.
Dès 1949 Dl rend compte d'un banquet en l'honneur de Maurras et Vallat, DL n°1: (voir le document), , puis alerte sur les agissements des groupuscules:
"De tous les groupements vichystes reconstitués, le pIus puissant est, sans conteste, l'Action Française, dont le journal «Aspects de la France" mène à la fois campagne pour Pétain et Maurras. La révision du procès Maurras est, pour le moment, leur objectif principal, pour la réalisation duquel les mesures d'amnistie et d'indulgence leur paraissent créer un climat favorable. Maurras est le symbole et le chef du fascisme en France" n°10.: (voir le document)
Albert Levy s'interroge: M. Mayer va-t-il libérer Maurras Dl n°41 : (voir le document) Roger Maria décrypte le cas Maurras et dénonce un foyer d'antisémitisme qui n'est pas éteint: "Il faut comprendre que ces groupuscules d'influence peuvent faire beaucoup de dégâts malgré leur faiblesse apparente, car ils agissent comme auxiliaires de basse œuvre, de type actions antisémites précisément au service de puissants intérêts cachés" n°060 (voir le document)
Après la libération de Maurras, le procureur général Mornet dénonce: "a peine libéré, Maurras récidive, c'est chaque semaine désormais que sa prose haineuse s'étale dans "Aspects de la France" calomnies contre la Résistance, insultes antisémites, appels au meurtre.." n°110 (voir le document)
Albert Levy proclame: "Non la revanche de Maurras n'aura pas lieu" n°113, (voir le document)
Puis DL s’indigne : "Dans l'article qui lui vaut actuellement quelques ennuis avec la justice, Maurras a réclamé l'institution d'un nouveau "Statut des juifs" imité de celui de Pétain comme premier pas dans l'antisémitisme d'Etat" n°116 (voir le document)
De même en 1949 Dl retrace le parcours de Xavier Vallat et s'interroge, sera-t-il libéré le 16 juin: "C'est Vallat qui, au moyen d'une législation antisémite au crescendo savant, fondée sur l'expérience des spécialistes de Berlin, et d'une tactique, dont la création de l'U.G.I.F., sur le modèle nazi du Zentrales Judenamt montre l'ignoble machiavélisme, a créé les conditions de la persécution, de la spoliation, du recensement, sans lesquelles la déportation à Auschwitz et à Buchenwald auraient été impossibles..." n°28 p6 (voir le document)
Le MRAP appelle à protester en masse contre la libération de Vallat n°12 : (voir le document)
et enchérit: "Vallat libéré! Antignac gracié! au nom des 120000 juifs envoyés par eux à la mort, nous réclamons justice" n°13 : (voir le document)
Une importante campagne contre la libération de Vallat est organisée dont rend compte Dl du n°13 au n°20 en 1950 Voir les numéros de Droit et Liberté 1950
Le Comité d'action du MRAP organise la protestation: (voir le document)
Xavier Vallat continue sa propagande, en 1953 le MRAP appelle à s'opposer à des prises de parole de X Vallat n°119 (voir le document)
de même en 1959 n°178, (voir le document), en 1960 n°191 (voir le document), en1963 n°218 (voir le document)

Les "Nouveaux maîtres" et "le Juif Sûss"

Les tentatives de diffusion de ces films témoignent de la persistance de la parole antisémite. Le MRAP suscite un mouvement populaire empêchant leur diffusion.
Droit et Liberté titre en 1950: "Non le Juif Sûss ne passera pas: l'odieux film nazi interdit. DL n°44 (voir le document) et explique comment ce résultat a été obtenu n°45 (voir le document)
Puis explique ce que les nazis attendaient de ce film n°48 p3 (voir le document)
Différences plus tard retracera "la véridique histoire du Juif Sûss" n°8 (voir le document)
De la même manière DL dénonce la parution du film "Nouveaux maîtres" et s'active pour en empêcher la diffusion. DL n°39: (voir le document)
Mais quatre ans plus tard, les producteurs du film intentent un procès au MRAP lui demandant des dommages et intérêts. n°143 p3 (voir le document) , n°144 (voir le document)
Le jugement est dans un premier temps défavorable au MRAP qui fait appel DL n°147 (voir le document).
Me Dymenstein résume "l'affaire": "...Le M.R.A.P., soucieux de ses responsabilités, après examen (et chacun sait que le M.R.A.P. ne s'engage pas inconsidérément dans de vaines actions), estima de son devoir de protester contre un tel film et d'attirer l'attention, tant des pouvoirs publics que des directeurs de cinéma et de la population sur son caractère xénophobe, antisémite, dangereux en un mot. Tous les antiracistes lui en sont reconnaissants..." n°148 (voir le document)
L'affaire est jugée en appel en 1957 : "Le MRAP. n'a fait que son devoir en dénonçant un film antisémite et xénophobe" soulignent les avocats de notre Mouvement. DL n°168 p3 (voir le document)
Le jugement en appel est favorable au MRAP: "Le M.R.A.P., a estimé l'arrêt, en boycottant ce film, en s'efforçant par les moyens légaux de critique et de propagande d'en empêcher la diffusion à raison de ses tendances xénophobes, racistes et antisémites, en obtenant, sans violence et sans menace, son exclusion des écrans, n'a pas commis de faute, n'a pas excédé son libre droit de critique..." DL n°169 (voir le document)

Le procès Eichmann

En 1960 s'ouvre en Israël le procès de Eichmann, ancien nazi, l'un des responsables du plan d'extermination des juifs d'Europe.
Le MRAP organise un meeting pour exiger le châtiment du bourrreau Eichmann et souligne: "Le vrai problème, c'est celui de l'impunité dont bénéficient encore, 15 ans après la fin de la guerre, tant d'assassins nazis, qu'ils se cachent ou qu'ils occupent des postes de ministre..." n°192 p12 (voir le document)
Puis le MRAP appelle à un rassemblement au mémorial du martyr juif, Droit et Liberté consacre un numéro spécial aux clés du procès Eichmann:
"Le roman d'Eichmann ne nous intéresse pas et, sur le plan judiciaire, nous ne sommes amateurs ni de problèmes techniques, ni d'émotions d'audience. Eichmann, pour nous, se borne à faire partie d'une équation dont le deuxième terme se chiffre à plus de 5 millions de morts. Autant dire qu'il n'a pas valeur d'individu, mais qu'il incarne une politique, une idéologie.
Connaître et faire connaître ce système, voilà notre propos" DL n°199 (voir le document)

Persistance de l'antisémitisme

Les empoisonneurs

En 1954, devant la persistance des attaques antisémites, DL titre: "la propagande antisémite doit cesser" DL n°138 (voir le document)
Puis en 1958: Voici comment en France s'organise la diffusion de la propagande antisémite DL n°170 (voir le document)
En avril 1958, des consommateurs israélites sont brutalisés dans un café par des policiers. Le MRAP organise un meeting de protestation. DL n°172 (voir le document); Tract d'appel au meeting: (voir le document)
Une vague d'antisémitisme se répand en Europe à la fin 1959 et en 1960, le MRAP organise la riposte. Droit et Liberté publie un numéro spécial: DL spécial (voir le document)
En 1960 le MRAP dénonce "les empoisonneurs" et le conseil national appelle à une action vigoureuse contre les menées racistes et antisémites. DL n°194 (voir le document)
En 1962, La secrétaire de la Fédération des Droits de l'homme écrit dans DL: "Racisme, antisémitisme, fascisme: Ces trois termes, que certains séparent dans leur esprit, sont en fait liés entre eux comme les doigts de la main. Car ils ont un trait fondamental commun : Ils répudient en droit comme en fait le principe liminaire de la Déclaration des Droits de l'Homme proclamant que : « tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Principe qui marque l'aboutissement d'un long effort de civilisation, et demeure la condition première de la paix entre les hommes..." Dl n°206 (voir le document)
En 1968 après l'évolution de la situation au moyen-Orient, Dl consacre une étude à la presse et les juifs, Louis Mouscron regrette: L'insistante mise en vedette des "juifs ", même lorsqu'elle n'est pas malveillante, tend à faire apparaître ceux-ci comme formant dans chaque pays une entité à part, homogène, aux réactions et aux intérêts particuliers...Dès lors, la voie est ouverte aux interprétations raciales et racistes.Dl n°269 (voir le document)
Et l'éditorial du n°283 revient sur cette constatation: Depuis la fin du XIXe siècle, l'antisémitisme s'efforce d'accréditer l'idée que « les juifs» constituent en tant que tels une entité politique. Alors que les autres citoyens se conduisent en fonction de leurs intérêts, de leurs aspirations et de leur situation dans la société, les juifs, à quelque parti qu'ils adhèrent ne seraient déterminés que par leur origine ethnique; visant à dominer le monde, ils disposeraient à cet effet d'une extraordinaire puissance. Dl n°283 (voir le document)
Louis Mouscron revient sur le rôle de la presse dans le colportage des "rumeurs et insinuations": Dl n°292 (voir le document)
Et DL décrit le rôle de ces écrits: " Les caractéristiques communes à ces écrits nauséabonds: le refus d'expliquer les réalités sociales, économiques et politiques, qu'elles soient nationales ou internationales; la volonté de substituer aux conflits sociaux de prétendues oppositions raciales et ethniques pour masquer les vrais problèmes; un effort acharné (parmi d'autres) pour empêcher les gens de découvrir les causes véritables des difficultés qu'ils rencontrent, des maux qu'ils dénoncent" DL n°320 (voir le document)
Louis Mouscron s'inquiète de la persistance de cette presse :"Alors que nous célébrerons bientôt le 29e anniversaire de la Libération, nous ne sommes pas libérés de cette lèpre immonde. Comment ne pas s'indigner de la présente reviviscence de l'idéologie et des méthodes qui ont abouti, naguère, à tant d'injustices et de crimes?" DL n°322 (voir le document)
En 1979, Droit et Liberté s'élève contre "un vent d'antisémitisme" et un pamphlet antisémite: DL n°384 (voir le document)
En 1980, à l'occasion de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, le MRAP lance un appel "pour que tout ne recommence pas" (voir le document)

Antirépublicanisle et Poujadisme

Le mouvement Poujadiste est l'une des manifestations de la persistance de l'antisémitisme: Poujade "se répand chaque jour en odieux propos contre les Juifs et les « métèques», exige toujours plus de sang en Algérie, confirme son hostilité au régime républicain. Et les Xavier Vallat dans « Aspects de la France », les Cousteau dans « Rivarol », de pavoiser bruyamment..." dénonce Albert Levy qui appelle à faire front contre la menace. DL n°152 (voir le document)
Puis s'indigne "Pour la première fois depuis la Libération, les cris de « Mort aux Juifs! » ont pu être lancés sur les ChampsElysées." DL n°153 (voir le document)
Un meeting est organisé en commun avec la LICA et le MRAP lance un appel: "0nze ans à peine après la défaite de l'hitlérisme, nous assistons, dana notre pays, à une dangereuse tentative de faire renaître les haines qui, naguère, ont allumé les fours crématoires et endeuillé la France.
Trompant la volonté de certaines catégories de Français, qu'anime un légitime souci de justice et de mieux-être, Poujade, entouré et inspiré par un état-major d'anciens collaborateurs notoires, s'efforce de susciter un réveil de l'antisémitisme et du racisme...Démocrates, patriotes. gens de cœur, unissons-nous, sans distinctions, agissons tous ensemble pour faire échec aux déchaînements racistes des ennemis de la République, pour que triomphent la fraternité entre les hommes, l'amitié entre les peuples et la paix." DL n°154 (voir le document)
Le MRAP poursuit son appel à l'union avec la LICA et écrit: "Vous avez pu constater comme nous l'aggravation de la menace antisémite et raciste au cours des dernières semaines, du fait des menées factieuses de Poujade et de ses complices. Au cours des démonstrations qu'il a faites au mois d'août à travers la France, Poujade a tenu des propos antisémites et xénophobes particulièrement violents...." DL n°158 (voir le document)
Le MRAP ouvre une enquête sur le "complot raciste" DL n°160 (voir le document) et lance un appel: "L'opinion républicaine ressent une émotion grandissante devant la recrudescence de l'agitation antisémite et raciste. Ces jours derniers aux cris de « Mort aux juifs », des groupes factieux se sont livrés à de violentes agressions dans Paris à l'occasion de la campagne électorale du 1er secteur. Le racisme sert de thème à la propagande de plusieurs candidats. L'un d'eux. dans sa profession de foi, adressée officiellement à un demi-million d'électeurs, publie une diatribe antisémite du plus pur style hitlérien.DL n°161 (voir le document)
En 1962, le MRAP poursuit Poujade en justice pour des propos antisémites et souligne: "Ce qui est inconcevable, dans cette affaire, c'est l'étrange mansuétude dont Poujade a bénéficié jusqu'à présent, qu'il appelle à la guerre civile et se montre officiellement prêt « à foutre la baraque en l'air », qu'il excite à la haine contre les juifs ou les noirs, qu'il appelle à la violence....DL n°205 (voir le document)
Dl qualifie ce procès de "procès de l'antisémitisme" et évoquant les victimes de l'antisémitisme hitlérien déclare: "Leur martyre qui témoigne de l'horreur du racisme et qui demeurera toujours, désormais, pour tous les hommes, comme un terrible avertissement, ne peut pas ne pas inspirer les antiracistes, juifs ou non, qui entendent empêcher le retour de pareils crimes. Et il est juste, il est bon que nos avocats approuvés par le Procureur, aient invoqué ce passé douloureux, pour demander que soit sanctionnée sans pitié, selon la formule de Me Schapira, l'agression la plus grave qui ait été commise depuis longtemps contre les juifs de France.".
Condamné, Poujade fait appel et continue sa propagande DL n°217 (voir le document) Dl n°220 (voir le document)
Poujade est relaxé en appel ce qui souligne la nécessité d'une véritable législation antiraciste qui n'existait pas encore à l'époque.. DL n°222 (voir le document)

Le négationnisme

Dès 1951 le MRAP s'élève contre les allégations négationnistes portées par M. Rassinier et titre "Le mensonge d'Ulysse ou l'imposture de M. Rassinier:
"Les rescapés de Buchenwald ont eu le plaisir d'apprendre que M. Paul Rassinier, qui se fit remarquer comme « larbin » dévoué d'officiers SS à Buchenwald, vient d'être condamné par la cour d'Appel de Lyon. Cette dernière vient, en effet, de partager l’opinion de trois associations de déportes, considérant comme injurieux et diffamatoire à l'adresse des resistants l'ouvrage de ce monsieur, intitulé "Le Mensonge d'Ulysse "· Ce livre accusait les déportés d'avoir à plaisir (sic) romancé leur terrible épreuve. " DL n°094 (voir le document)
En 1961, Olga Wormser apporte la preuve par 6 millions: "La vérité pour M. Rassinier et ses amis, c'est que les juifs se sont ligués pour accuser de monstrueux forfaits les pauvres nazis innocents qui ne leur ont jamais cherché noise. Pour mieux se faire plaindre, ils ont sans vergogne, gonflé le chiffre de leurs victimes pendant la deuxième guerre mondiale....Ainsi toutes les arguties de Rassinier et consorts...ne peuvent empêcher que d'après les sources les plus officielles, les spécialistes les plus incontestables (anglais, américains, français), les archives des pays occupés, le chiffre de six millions de juifs exterminés n'apparaisse implacablement historique." .DL n°202 (voir le document)
Puis Olga Wormser s'interroge en 1962 :"... celui qui mettant en cause les chiffres, les faits, noyant le poisson des responsabilités, dissertant sur les traductions, sur les principes, sur les surfaces, dans un embrouillamini d'où seule surnage son idée fixe, celui qui veut prouver qu'il n'y a jamais eu extermination des juifs et que la « solution finale » représentait simplement un programme de croisière à Madagascar, quel but poursuit-il?..." DL n°213 (voir le document)
Rassinier est condamné pour un article paru dans "Rivarol". Lors du procès Louis Martin Chauffier témoigne: "Dans l'article incriminé de "Rivarol". Rassinier parle des "camps de repos" de Neuengamme et de Bergen-Belsen "spécialement prévus pour les malades de tous les camps". J'y étais. Dix mois à Neuengamme, quelques jours à Bergen_Belsen, avant l'arrivée des troupes britanniques. A Neuengamme, on mourrait comme ailleurs, de fatigue, de soif de faim. ou sous les coups, ou pendus en musique ; les neuf dixièmes des déportés français y ont disparu en fumée dans les crématoires. A Bergen Belsen. c'était pire. Un dépotoir où l'on jetait, venus de tous les camps, ceux qui, n'ayant plus la force de travailler. n'étaient bons qu'à crever. Comment eût-on pu y survivre ? C'est ce que Rassinier appelle "un camp de repos" ! ...Un camp de repos éternel! " DL n°247 (voir le document)

En 1974 c'est M. Faurisson qui relaie la pensée négationniste et DL s'indigne: "l'histoire bafouée" DL n°332 (voir le document)
En 1981, Droit et Liberté consacre un dossier aux "présences de l'héritage nazi" et retrace l'historique de l'invention du "révisionnisme": "La double négation de la volonté hitlérienne d'extermination et de la réalité du génocide ne date pas de Faurisson . Celui-ci fait bien plutôt figure de dernier venu dans l 'entreprise..." et P.A. Taguieff dénonce: "La vérité cachée du prétendu «révisionnisme », C'est à la fois la relance de la machine antijuive, selon de nouvelles sources mythiques, et la « déculpabilisation » de l'Allemagne nazie. C'est le transfert du mal absolu du bourreau vers la victime, inversion perverse des rôles..." DL n°397 (voir le document)
Le MRAP entame une action judiciaire contre Faurisson et s'interroge: "qui peut défendre Faurisson" DL n°398 (voir le document)
DL rend compte du procès à l'issue duquel Faurisson est condamné: DL n°402 (voir le document) DL n°403 (voir le document)
Les avocats du MRAP s'expriment dans DL à l'occasion du procès en appel: DL n°413 (voir le document)
Dans Différences, P.A. Taguieff revient sur le délire négateur faurissien et souligne : Comprendre le pourquoi des négations d'un Faurisson et de ses semblables implique de s'interroger sur le sens d'une telle « affaire, dont le caractère, tristement exemplaire, peut être l'occasion de dissiper de graves confusions sur l'idée de tolérance et le droit à la libre expression des opinions Diff n°12_13 (voir le document)
Roger Garaudy publie en 1995 un ouvrage négationniste: "les mythes fondateurs de la politique israélienne". Le MRAP se porte partie civile et Droit et Liberté publie des extraits d’une conférence de Albert Levy sur le négationnisme : "on désigne par négationnisme, non pas une interprétation de l'Histoire, mais l'annulation pure et simple d'une partie de l'Histoire": Diff n°175 (voir le document)
Le MRAP reproduit sous la forme d'une brochure intitulée: "Le négationisme et la mémoire" cette conférence de Albert Levy:
Il y analyse: "Car, dans les consciences de notre temps, la mémoire du crime de génocide est sans doute le principal verrou fermant le passage aux doctrines et aux pratiques racistes. Or les négationnistes s'escriment à le briser. Non seulement ils veulent effacer le génocide de la mémoire collective, mais ils en font une arme supplémentaire, ajoutée à l'arsenal des calomnies contre les juifs." (voir le document)

Puis DL publie un article de l'historien Claude Liauzu qui élargit le débat :"Il est autrement plus important, pour lutter contre le racisme, de s'interroger sur la percée du courant révisionniste. A l'évidence, un tabou a été levé dans les vingt dernières années" : Diff n°177 (voir le document)
En 2001 Différences s'entretient avec le coréalisateur d'un film sur le négationnisme "Autopsie d'un mensonge". Il déclare: "Dire « les chambres à gaz n'ont pas existé » n'est pas une opinion, cela veut dire « les auteurs de ce mensonge - les juifs - sont des gens qui méritent la haine ». Le discours négationniste est une incitation à la haine et à l'acte de violence...Ce n'est pas à la loi de définir quelle est la vérité historique, c'est le travail des historiens. Mais dire « les chambres à gaz n'ont pas existé » est un mensonge qui incite à la violence raciste, à l'agression contre l'auteur supposé de cette imposture, le juif.
C'est se tromper que d'estimer que le discours négationniste relève du débat en matière historique." Diff n°225 (voir le document)

Copernic, la rue des Rosiers, les profanations

Droit et Liberté Novembre 1980

Le MRAP s'inquiète de la montée des violences racistes et en septembre 80 appelle à un rassemblement (voir le document)
Le 3 octobre 1980 un attentat est perpétré contre une synagogue rue Copernic à Paris.
Une manifestation est organisée pour exprimer l'indignation et la colère de la population: "La manifestation géante du 7 octobre à Paris fera date dans l'histoire des luttes contre le racisme. Le MRAP agissant comme catalyseur, c'est le peuple dans sa masse, un et multiple, qui a déferlé pendant quatre heures, en un double cortège, de la Nation à la République. Dans la France entière, en quelques jours, le même sursaut a jeté dans les rues des foules d'une densité rarement égalée...A travers les manifestations, s'exprimait la conviction que le combat contre telle forme de racisme ne concerne pas seulement ses victimes directes, mais la société toute entière, qui se trouverait gravement atteinte dans sa sécurité globale et dans ses fondements démocratiques si elle ne mettait pas hors d'état de nuire ceux qui veulent la fractionner et l'intimider par la terreur." :DL n°395 (voir le document)
Le MRAP s'adresse au ministre de l'intérieur pour exprimer sa préoccupation et exiger des mesures efficaces: (voir le document)
Droit et Liberté s'interroge sur l'après Copernic et sur les conditions de l'enquête. Il rappelle aussi la recrudescence des actes racistes violents: "A chaque jour ses violences". DL n°396 (voir le document)
Le 9 août 1982 un nouvel attentat vise un restaurant de la rue des Rosiers, dans un contexte international très tendu en raison de la situation au Moyen-Orient.
Le MRAP participe à une manifestation contre tous les terrorismes: "Place de l'Etoile, 5000 personnes sont massées devant l'Arc de Triomphe. "Répondant à l'initiative du MRAP, elles viennent manifester dans le recueillement et la dignité leur opposition au terrorisme, à tous les aspects du racisme, en même temps que la volonté d'une paix juste et durable au Proche -Orient ». Un tel rassemblement est l'aboutissement du combat que le MRAP a mené en riposte aux événements qui se sont déroulés, tant au Liban que suite à l'attentat de la rue des Rosiers à Paris." :DL n°414 (voir le document)
Les profanations de synagogues ou autres lieus symboliques par des inscriptions antisémites sont fréquentes.
En 1990 la profanation de sépultures juives au cimetière de Carpentras soulève l'indignation. Le MRAP accuse le climat résultant des idées répandues par l'extrême droite. Diff n°103_104_105 (voir le document)
Les français sont-ils antisémites c'est la question soulevée lors d'un débat organisé par Différences en 1982:
François Gremy, président du MRAP reste optimiste: "Certes bien des faits peuvent plaider pour une montée de l'antisémitisme en France: graffiti injurieux, profanation de cimetières ou de synagogues, attentats meurtriers des rues de Médicis, Copernic et des Rosiers. A ces manifestations spécifiquement antisémites, il faut adjoindre, comme indice inquiétant, la remontée des groupuscules qui se réfèrent explicitement au fascisme ou au nazisme, et l'effort de propagande de la nouvelle droite...A l'opposé, on peut avancer que tous les faits précédents ne sont sans doute le fait que d'une très faible minorité de la population française. Les grands attentats, quant à eux, sont selon toute vraisemblance liés au contexte international et rien ne prouve que leurs auteurs soient français..." Diff n°18 (voir le document)
Le MRAP ne manque pas de réagir à tous les actes de violence et profanations: des exemples de communiqués du MRAP en réaction aux actes antisémites (voir le document)

Antisémitisme et critique de la politique israélienne

Le conflit israélo-palestinien fait surgir d'épineuses questions: la critique de la politique israélienne, celle du sionisme peuvent-elles assimilées à l'antisémitisme? Dès 1967, le MRAP décide de publier un appel qui rappelle le droit imprescriptible à l'exitence des Israéliens, mais aussi des Palestiniens, à vivre sur leur terre et dans leurs droits.... C'est · un fait qu'Israël existe, reconnu par les Nations-Unies, né du 'combat d'un peuple pour l'indépendance, et que l existence de cet Etat ne saurait sans une criante injustice et sans une abominable tuerie, être remise en question. Mais, d'autre part, les aspirations nationales du peuple arabe de Palestine ne peuvent être ignorées. C'est la première fois que l'on donne, en France, une position prenant en compte les deux peuples.: DL n°263 p3(voir le document)
Analysant cette position en 1987 Droit et Liberté conclut: "le MRAP venait de trouver son identité, celle d'un lieu de dialogue et d'analyse au-delà de la haine et des préjugés. Ce qui lui valut nombre d'adhésions nouvelles .... et autant de départs" DL n°464_465 : (voir le document)
En 1975, une résolution de l'ONU assimile le sionisme à une forme de racisme, DL commente: "Comme il fallait s'y attendre, le vote à l'O.N.U. de la résolution du 10 novembre 1975, assimilant « le sionisme» à « une forme de racisme et de discrimination raciale », a déclenché une avalanche de commentaires. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ni celle-ci ni ceux-là n'auront aidé à clarifier les débats passionnés qui, depuis des années, enflamment les esprits autour du conflit du Proche-Orient. Juif, israélien, sioniste, antisémitisme, antisionisme : les interprétations contradictoires et schématiques données à ces termes se cristallisent en attitudes tranchées, tranchantes, auxquelles se heurtent les efforts de compréhension réciproque, voire de simple communication..." Dl n°345 p9 : (voir le document)
Dans le numéro inaugural de Différences, la rédaction met en débat la question de l'antisionisme, François Grémy, président du MRAP déclare:
"On ne peut faire l'amalgame entre antisémitisme et antisionisme. La réalité montre qu'entre les deux termes, toutes les combinaisons existent. On a vu des racistes se déclarer favorables à la politique d'Israël parce que ce pays est en lutte avec des Arabes ou même parce que le départ de tous les juifs vers Israël leur semblait une solution à ce qu'ils appellent le "problème juif". Par contre, nombreux sont ceux qui, ne partageant en rien les options sionistes sur l'avenir de la Palestine, n'en sont pas moins très actifs dans la lutte contre l'antisémitisme et tous les racismes...." Diff n°0 : (voir le document)
A l'occasion d'une visite de Yasser Arrafat au Vatican, Jacques Malaude écrit: "Mais il y a plus profond. Et ici, ce n'est plus ni le judaïsme, ni la judéité, ni l'Etat d'Israël en lui-même qui sont en cause, mais l'idéologie sioniste. Elle a prétendu être une réponse nationale à la situation des juifs dans les Etats nationaux d'Europe et d'Amérique au lendemain de l'émancipation. Une nation juive, un Etat juif en Palestine et la question était résolue partout dans un monde où l'entité suprême était l'Etat-nation! Le malheur fut que les choses étaient beaucoup plus complexes, aussi bien en Palestine que dans les Etats-nations..."
Dans le même numéro de Différences, J.M. Ollé à la suite des massacres de Sabra et Chatila écrit: "Pour la première fois, la séparation entre Israël et son gouvernement s'est imposée à l'esprit de beaucoup. Condamner Begin n'est plus un sacrilège. Il a, sans le vouloir, mis fin à certaines confusions".
Et J.M. Ollé rapporte: "Dans un article paru dans Débats juifs, Jean Libermann explique qu'un nombre grandissant de juifs décident, à des degrés divers, de ne plus donner un blanc-seing au gouvernement israélien, au nom précisément d'une certaine éthique juive. Begin ne pourra plus aussi facilement taxer d'antisémite toute critique à sa politique." diff n°16 p6: (voir le document)

Dans ce contexte, Le MRAP reste très vigilant contre tout détournement de la critique de la politique israélienne vers l'antisémitisme, ainsi en 2000 lors d'une manifestation sont lancés des slogans antisémites. Dans le même temps les locaux du siège du MRAP sont victimes de dégradations.
Le MRAP réagit par un communiqué publié dans Différences: "Des colères poussent certains irresponsables à commettre des actes indignes, comme les agressions contre des synagogues ou des écoles juives. D'autres sont venus s'en prendre aux locaux du Mrap, auquel il est reproché de dénoncer les massacres. Le Mrap, jadis issu des combats contre le racisme hitlérien, ne se laissera pas détourner du chemin qui est le sien."
Dans le même numéro de Différences, Mouloud Aounit écrit: "Ceux qui, en s'attaquant à notre siège, ont commis le premier acte de violence en France depuis le déclenchement des événements au Proche-Orient, comme ceux qui s'attaquent aux synagogues, aux écoles juives, ceux qui scandent "Mort aux Arabes" sur les Champs-Elysées ou "Mort au Juifs" à la République, partagent le même dessein: desservir les intérêts des peuples israélien et palestinien.
Ce n'est pas l'amour des Palestiniens ou des Israéliens qui les habite, mais d'abord la haine du Juif ou de l'Arabe. Diff n°223: (voir le document)
Dès le soir de la manifestation, Mouloud Aounit déclare:"Le MRAP tient à élever une vigoureuse protestation contre les propos et manifestations antisémites tenus par certains ennemis de la paix, présents hors du cortège des organisations. Il tient à lancer un appel pour que la paix ait raison des haines racistes qui s'alimentent réciproquement et desservent les intérêts des peuples palestinien et israélien."
Et il ajoute: "Quoi qu'il en soit aucune intimidation, aucune pression ne fera dévier le MRAP de son engagement en faveur de la Paix au Proche-Orient. Car ce combat est indissociable des principes mêmes du MRAP, la lutte contre le racisme, l'amitié entre les peuples. Défis qui ont besoin, pour être relevés, de la justice et du droit : les droits du peuple palestinien, tout comme ceux du peuple israélien, à une terre et à un Etat, à la sécurité." (voir le document)
En 2001 le siège du MRAP est à nouveau victime de dégradations. Lors d'une manifestation de soutien, Mouloud Aounit prononce un discours où il rappelle à nouveau les positions du MRAP:
"Dois-je rappeler ici que nous ne sommes ni pro-palestinien, ni anti-israélien. Nous sommes pour un règlement de la tragédie qui se noue au Proche-Orient, par le respect des droits et libertés fondamentaux du peuple palestinien à une terre, à un Etat, et le droit à l'existence de l'Etat israélien, et à la sécurité de son peuple."
Le discours: (voir le document)

En 2002, Serge Golberg résume dans Différences une conférence donnée par Alain Gresh au siège du MRAP sur "antisémitisme et antisionisme". Le conférencier conclut: "Le développement du communautarisme en France dépasse complètement le conflit israélo-palestinien, c'est le cas quand on voit de jeunes Beurs s'identifier aux Palestiniens ... La responsabilité principale c'est la démission totale des partis politiques et des institutions. Après le début de l'Intifada, il y a eu des tensions ... On a fait appel aux dirigeants des communautés religieuses pour calmer les Musulmans, les Chrétiens, les Juifs, etc. Mais on n'a pas eu un discours politique qui donne un sens à ce conflit lequel n'est pas un conflit entre Juifs et Palestiniens ou entre Juifs, Chrétiens et Musulmans. C'est un conflit politique. Comprendre le sens de ce conflit, c'est justement permettre que les identifications de type religieux ou communautaire soient combattues. C'est, à mon avis, la meilleure forme pour combattre toutes les formes de racisme et d'antisémitisme. Diff n°237 : (voir le document)
Serge Goldberg revient en 2004 sur la distinction nécessaire: "Autant on doit condamner tout écrit, tout acte antisémite, autant doit-on, sans le vouer aux gémonies, être circonspect sur le sionisme...Les accusations d'antisémitisme à l'encontre de ceux qui critiquent en France la politique du gouvernement israélien sont des échappatoires utilisés par ceux qui se refusent à examiner des possibilités de paix et des impératifs de négociations tant dans les territoires occupés que dans le pays lui-même..." Diff n°251 : (voir le document)
En 2006 le MRAP organise un colloque "Antisionisme et antisémitisme" Au cours du colloque, Pierre Stambul président de l'Union Juive Française pour la paix insiste: "Les antiracistes doivent inlassablement dénoncer les confusions entre Juifs et Sionistes, d'où qu'elles viennent et combattre tous ceux qui veulent ressusciter les pires stéréotypes. Il y aura sans doute un difficile travail d'explication, mais nous n'avons pas le choix." Et Pascal Lederer animateur d"Une autre voix juive" ajoute: "Nous voulons la liberté et l'indépendance pour la Palestine, la paix et la sécurité pour Israël, la paix et la sécurité pour la Palestine. Le seul chemin possible est celui d'une solution négociée, fondée sur la légalité internationale, qui respecte les droits nationaux de tous les peuples de la région, et d'abord ceux des peuples israélien et palestinien. Dans ces conditions, le débat sur sionisme et antisionisme apparaît comme un combat doctrinaire truqué, rempli d'embûches et de contradictions." puis il met en garde: "Dans notre action (celle d'UAV]), nous avons naturellement des alliés parmi les forces qui en France luttent pour le respect des droits nationaux palestiniens. Des actions communes sont possibles et souhaitables... Mais, en même temps, nous nous refusons, et nous nous refuserons, à faire le moindre millimètre de chemin commun avec des forces qui, de près ou de loin, tolèrent la moindre proximité avec ceux dont l'amour pour la Palestine n'est que le masque commode d'un antisémitisme" Diff n°260 : (voir le document)

Différences met en avant les initiatives de rapprochement entre les communautés juives et palestiniennes ainsi que les voix dénonçant l'assimilation des critiques de la politique israélienne à l'antisémitisme:
Ainsi en 2002: "Une délégation de femmes appartenant au monde politique, syndical et associatif s'est rendue en Palestine et en Israël à la fin du mois de janvier. Isabelle Sirot, secrétaire nationale du Mrap, en faisait partie. Elle témoigne de la dureté de l'occupation israélienne mais aussi de l'action des mouvements de solidarité israélo-palestiniens" Diff n°238 : (voir le document)
Puis en 2003 Différences rend compte d'un voyage: "Les participants à ce voyage, entièrement autofinancé, étaient en majorité des Français d'origine juive. L'objectif de l'organisation israélienne Gush Shalom, Bloc de la Paix, est de faire constater la situation en Israël et en Palestine par des observateurs étrangers qui en témoignent ensuite..." Diff n°246 : (voir le document)
Différences rapporte les propos de Dominique Vidal au sujet de son livre "le mal être juif: "on ne montre pas assez la dimension universelle de ce qu'a été le génocide juif. Quand je participe à un débat avec des jeunes de banlieue, notamment des jeunes Franco-Maghrébins, je leur explique que, pour moi ce qu'il y a de commun entre le génocide des Juifs et les horreurs des guerres coloniales françaises, c'est la même idéologie raciste de supériorité d'une race sur les autres qui en est à la source. Bien sûr, je souligne en quoi la Shoah est incomparable, mais ce parallèle leur permet de mieux comprendre le génocide des Juifs." Diff n°249 : (voir le document)
En 2007 "Une autre voix juive" exprime la nécessité de dénoncer la politique du gouvernement israélien: "la plus grande attention doit être accordée selon nous à la sensibilité de l'opinion publique israélienne; cela ne suppose aucune indulgence, aucune sorte de compromission avec les actes d'un gouvernement criminel. Il s'agit bien au contraire de contribuer à en désolidariser la majorité du peuple israélien. Il s'agit de favoriser une évolution de l'opinion publique israélienne vers la négociation et le respect des droits nationaux fondamentaux du peuple palestinien." Diff n°261 p5 : (voir le document)

Les juifs d'URSS

Dans le contexte de la guerre froide et jusqu'au début des années 70, le MRAP a fait l'erreur de ne pas croire à une persistence de l'antisémitisme dans certains pays de l'est et en particulier en Union Soviétique. Albert Levy apporte un témoignage lors d'une journée de formation en 1993:
"A cette époque également, dans le contexte de la guerre froide, l'antisémitisme a été utilisé par les gouvernements de l'Est et de l'Ouest. Avec l'affaire ROSENBERG aux USA, avec l'affaire SLANSKY--LONDON, à PRAGUE, et l'affaire des blouses blanches en URSS. C'était au début des années 50; et là - Il faut bien le dire, nous en avons fait après, l'analyse, la critique - le MRAP s'est investi, très activement dans un cas, beaucoup moins dans l'autre. Il faut reconnaître ... une certaine partialité, parce que l’Union Soviétique était le pays qui avait le plus fait contre le nazisme, les communistes n'étaient pas seuls à se tromper sur ce qu'ils croyaient être le socialisme accompli, Nous étions dans le camp occidental, les progressistes ne voulaient pas attiser la guerre froide en donnant des arguments à ceux qui appelaient à se mobiliser contre l'URSS. Précisons toutefois que le MRAP n'a pas pris position contre ceux qui étaient accusés en Europe de l'Est; il s'est alors abstenu de les défendre. Ultérieurement, il a lutté, avec toute l'énergie nécessaire, chaque fois que l'antisémitisme se manifestait dans ces pays, sous une forme ou sous une autre. Par exemple, il y a eu l'affaire CHTCHARANSKY, un juif accusé encore d'espionnage dans les années 70/80; deux de ses avocats français étaient des avocats du MRAP, et le MRAP l'a défendu activement jusqu'à ce qu'il soit autorisé à émigrer en Israël." (voir le document)

Ainsi en 1964, droit et Liberté publie une étude de "la revue socialiste" qui tout en reconnaissant une persistance de l'antisémitisme, note les progrès accomplis. dl n°228 : (voir le document)
Toujours en 1964, le MRAP s'indigne de la publication en URSS d'une brochure "le judaïsme sans fard":
Le M.R.A.P. entend réaffirmer qu'il condamne sans réserve toute attitude tendant à jeter le discrédit sur quelque communauté humaine que ce soit. Il souligne que l'affrontement des idées philosophiques ou politiques se détourne de son objet dès l'instant où ne sont plus respectées les valeurs attachées à la personne humaine, où l'on recourt au dénigrement systématique et aux généralisations abusives." Mais le MRAP veut croire les mises au point des autorités soviétiques. dl n°231 : (voir le document)
En 1971, Droit et Liberté consacre un dossier aux juifs d'URSS en tentant de cerner la vérité, dans le contexte de la situation au moyen-orient et du désir d'émigration vers Israël.
Louis Mouscron affirme; "Toute action antiraciste doit être dosée et organisée en tenant compte des faits exacts, et revêtir la même puissance dans les cas de même gravité, en quelque lieu qu'ils se produisent. En U.R.S.S. comme partout ailleurs, nous demandons que des mesures soient prises pour que l'opposition au sionisme, les polémiques avec le gouvernement israélien , qui relèvent de l'idéologie et de la politique , ne puissent jamais ouvrir la voie à l'antisémitisme..." dl n°299 : (voir le document)
En 1977, commentant la parution d'un ouvrage "le grand retour", Droit et Liberté écrit: "En ce qui concerne la dernière période, marquée par l'aggravation de la tension au Proche-Orient et par les problèmes liés à l'émigration juive vers Israël...le désir d'émigrer d'un grand nombre de juifs, la forme prise par les tracasseries administratives, et même la répression qui s'exerce à l'égard de ceux qui ont émis le vœu de partir, ne sont-ils pas des signes de l'existence d'antisémitisme?"
Dl n°358 : (voir le document)

Le MRAP s'investit ensuite dans la défense du mathématicien Chtcharanski, empêché d'émigrer vers Israël et emprisonné. Droit et Liberté dénonce:" les confusions fréquentes que nous avons déjà dénoncées dans la propagande anti-sioniste en U.R.S.S. font craindre que cette affaire n'ajoute encore aux ambiguïtés qui suscitent à l'évidence des sentiments antisémites et qui ne font pas honneur au pays..."dl n°359 : (voir le document)
Puis le MRAP s'indigne d'une brochure distribuée dans les trains d'URSS: "L'épée de David" et souligne:
"Surtout, cette brochure traduit un dangereux délire, trop répandu aujourd'hui, que son habillage "marxiste" ne peut faire passer pour innocent. Il est urgent que les autorités soviétiques y mettent fin, si elles souhaitent véritablement combattre les discriminations et les haines racistes". : dl n°364 p7 :(voir le document)
Le MRAP réagit à la condamnation de Chtchtaranski et participe à une manifestation pour sa libération. Son avocat Me Rappaport déclare:
"Est-ce qu'il y a une montée de l'antisémitisme en URSS ou est-ce qu'il y a de notre part une plus grande prise de conscience? Il faut être clair : ces choses que nous découvrons maintenant existent depuis longtemps. Nous les voyions moins auparavant car nous étions moins sensibilisés par le phénomène de la dissidence. Quand on parle de Chtcharansky, il ne faut pas perdre de vue qu'il a joué un rôle important en faveur de la liberté d'expression en militant dans le cadre du Groupe de surveillance des accords d'Helsinki et qu'il n'a pas limité son action à la lutte pour le droit à l'émigration. dl n°372 : (voir le document)
Différences en 1982 revient sur le cas de Chtcharanski alors en grève de la faim Diff n°17 p9 : (voir le document)

En 1980, le MRAP s'indigne de la parution d'une nouvelle brochure antisémite en URSS qui affirme: " Le monde est. sous la perpétuelle menace d'un complot permanent de la bourgeoisie d'origine juive, constituant une partie de l'oligarchie financière mondiale... ». Nauséabond conclut Droit et Liberté. dl n°392 p13 : (voir le document)
A l'occasion des Jeux Olympiques de Moscou, le MRAP s'adresse au chef de l'Etat soviétique et lui demande de prendre des mesures contre les manifestations d'antisémitisme en URSS. Dl n°393 p7 : (voir le document)
En 1984, Différences se penche sur le cas des "Refuzniks", juifs désirant quitter l'URSS et dont le visa est refusé. En conclusion, J.M. Ollé s'alarme: l'identité juive, pour des raisons qui ne tiennent pas seulement à la répression, est en perdition en URSS. Les autorités soviétiques, pour des raisons qui ne tiennent pas seulement à l'antisionisme et à l'antisémitisme, font tout pour qu'elle ne renaisse pas. Diffn°40 p4 : (voir le document)
En 1985 une table ronde franco-soviétique est organisée sur les problèmes des juifs en URSS, le MRAP, à l'initiative de cette rencontre, salue un "vrai débat". En ouverture le MRAP souligne: "A maintes reprises, déjà , le MRAP a exprimé dans ses publications, Droit et Liberté et Différences, dans des communiqués de presse, par des démarches auprès des autorités soviétiques, sa préoccupation concernant certains aspects de la situation des Juifs en URSS...il a dénoncé fermement les trop fréquents "dérapages" de la propagande antisioniste et anti-israélienne, allant parfois jusqu'à reprendre les thèmes antisémites les plus éculés. Il s'est inquiété des difficultés rencontrées dans l'exercice de leurs activités religieuses et culturelles par les Juifs qui y sont attachés. Il a pris position pour que ceux d'entre eux qui le souhaitent aient le droit normal d' émigrer, et que cessent la marginalisation et les mesures répressives dont ils sont l'objet."
Différences publie un long compte-rendu de cette rencontre. :dl n°245 (voir le document) : Diff n°52 (voir le document)
Après la chute de l'URSS et les changements politiques en Europe de l'Est, Différences doit constater: "l'antisémitisme revient (ou n'a jamais cessé) dans les pays de l'est européen, par exemple en Russie..., en Pologne...ou en Ukraine
Diff n°264 : (voir le document)

Dépressions antisémites: en sortir!

Tel est le titre du numéro spécial de Différences paru en 1992 qui reprend de manière très complète l'histoire de l'antisémitisme et de la lutte contre l'antisémitisme et qui lance un message d'espoir
Sortir de l'antisémitisme et de la force des préjugés !
Serrer de près la beauté du monde et sa richesse. Découvrir à chaque carrefour de l'existence le plaisir de la connaissance, les merveilles de la naissance.
Caresser à pleines mains les saisissements lumineux de l'aventure terrestre et savoir en revenir sans se dessaisir de sa responsabilité.
Combattre, avec cette intelligence qui peut faire notre malheur ou notre espérance, tout ce qui rend probable la barbarie, tout ce qui justifierait celle-ci par celle-là.
L'utopie, c'est bon, c'est puissant.
C'est possible!
Diff n°132 : (voir le document)

Documents complémentaires

Un exemple de l'action de la commission du MRAP contre l'antisémitisme et le néonazisme en Europe:
Rapport d'activité de la commission de 1998 à 2001: : (voir le document)

Conclusion

Ces mots de Primo Levi peuvent servir de conclusion à ce dossier:

Les naufragés et les rescapés