Communiqué : Guerre menée par Erdogan contre le peuple kurde : brisons le silence !

Refusant de respecter les résultats des élections du mois de juin 2015, le Président Erdogan, qui ose citer Hitler comme « modèle », a dissout le Parlement et a rompu les négociations en cours avec le leader kurde Abdullah Öcalan dans le but d’aboutir à une solution politique à la question kurde, solution que le MRAP réclame depuis des décennies. Pourtant, un processus de paix avait été engagé depuis le 21 mars 2013 entre deux comités représentant respectivement l’État turc et le peuple kurde et aboutissant le 28 février 2015 aux accords de Dolmabahçe, accord considéré comme historique.

De nouvelles élections ont été organisées le 1er novembre. Malgré un climat de terreur dont un attentat commis lors d’une marche pacifique à Ankara le 10 octobre, faisant 126 morts, le HDP a franchi la barre des 10 % lui permettant d’avoir 56 députés dont la moitié sont des femmes.

Le gouvernement turc a alors lancé une véritable guerre contre le peuple kurde. Les villes de Diyarbakir, Nusaybin, Kerboran, Cizre et Sirnak se voient imposer des couvre-feux répétitifs au cours desquels la police et l’armée turques se livrent à des exactions et des exécutions arbitraires contre les civils. Les quartiers kurdes sont bombardés par des tanks et des hélicoptères. Ils sont totalement encerclés par des unités militaires lourdement armées ; toute circulation, entrée ou sortie est interdite ; la fourniture d’eau et d’électricité est interrompue. Des enfants meurent de faim. A ce jour, on compte plus de 200 morts civils, des femmes et des enfants en majorité. Des centaines de civils ont par ailleurs été blessés et des dizaines de milliers ont dû fuir les zones assiégées par l’armée turque.

Dans le même temps le gouvernement met en place d’une politique de déplacement forcé : l’armée tente quotidiennement de déplacer par la force les habitants des villes de Cizre, Silopi et Sur en les menaçant de massacre. Rien que dans le quartier de Barbaros, à Cizre, 7000 personnes ont été forcées de quitter leurs maisons et « invitées » à quitter la ville. Les personnes qui ont refusé sont encerclées par l’armée qui les vise régulièrement par des tirs d’artillerie.
Le 6 janvier, le Maire AKP de la ville d’Adana, Huseyin Sozlu, déclarait en public à l’attention des Kurdes de Turquie : « vous allez finir comme les Arméniens ». Le régime turc cherche -t-il à répéter le génocide commis contre les Arméniens au début du 20ème siècle (1,5 millions de morts) et ceux de Dersim, Agiri et Kocgiri contre les Kurdes en 1937 (des centaines de milliers de morts).
Des milliers de militants politiques kurdes ont été arrêtés. Parmi eux, figurent de nombreux élus, dont 17 « Co-maires » ; 25 » Co-maires « ont par ailleurs été destitués de leur mandat. Des administrateurs désignés par le gouvernement seront désormais chargés de remplacer les Maires destitués.
Le 5 janvier à Silopi 3 élues kurdes ont été abattues par les forces gouvernementales : Sêvê Demir était membre du Conseil du DBP (Parti de la Paix et de la Démocratie) , Pakiye Nayır était co-présidente de l’Assemblée locale du Peuple de Silopé et Fatma Uyar membre du KJA (Congrès des Femmes Kurdes) . Le 6 janvier Erdoğan a demandé la levée de l’immunité parlementaire des deux co-présidents du HDP, Selahattin Demirtaş et Figen Yuksekdag, Une procédure judiciaire a été lancée.

Le MRAP, solidaire du peuple kurde, dénonce le silence de l’Union Européenne et en particulier de la France face à cette situation. Il appelle à participer à la manifestation soutenue par la Coordination de Solidarité avec le Peuple Kurde samedi 9 janvier (jour anniversaire de l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris), de la Gare du Nord à la Bastille, départ 10H.

Paris, le 8 janvier 2016